« FAUX ! Je les ai descendues il y a deux semaines ! » s’écria Harlow. Encore une fois – pour ne pas changer – mes colocataires et moi étions tous les cinq réunis autour de la table de notre mini cuisine pour discuter d’un sujet tabou ; les poubelles. D’ailleurs pour tout vous dire, on avait dépassé le stade de la discussion depuis dix bonnes minutes. « Bon je me tire, j’ai un rendez-vous. » lâcha soudainement Dawson tout en se levant. Ma première réaction fut de lui lancer un regard noir, quand il s’agissait de poubelles ou de taches ménagères il avait toujours le don de se défiler celui-là. Je voulu lui dire de ramener son popotin ici mais je fus devancée par Zackary, mon ex ou mon ancien ex, bref son statut n’était pas encore très bien défini dans ma tête, la seule chose dont j’étais certaine c’était que ça allait mieux entre nous, enfin, on avait au moins dépasser le cap des engueulades…. « Pff’ tu te fou de moi Daw’ ? Tu es rouillé à ce niveau là ces temps-ci. J’en serais quelque chose si tu avais un rencard ce soir, alors ramène tes fesses ici et tout de suite ! » Lentement mais surement et tout en trainant les pieds, mon meilleur ami finit pas venir ce rasseoir. Tout ça me fatiguait, c’est toujours la même chose et ce sont toujours les mêmes qui se coltinent les corvées. Rien que la semaine dernière j’avais du faire la vaisselle, ainsi que le ménage pendant qu’ Harlow se chargeait de cuisiner. Tendis que Maggie hurlait sur Zackary et Dawson, je me levai et allai me chercher un jus de fruit, coup de stress pour toutes les personnes ici présente qui crurent que j’allais m’échapper ; « Et tu comptes aller où, Mila ? » me demanda Maggie. C’est les dents serrées que je lui montrai mon jus d’orange, légèrement de mauvais poil à cause de tout ça je ne préférais pas ouvrir la bouche pour lui répondre, sinon ça allait mal se terminer. « De mon côté ça a été fait la semaine dernière. » articula Dawson. Je faillis m’évanouir en entendant cela. Il était clair qu’il fallait remettre les choses à leur place et j’allais le faire. Vous trouvez cette scène puérile ? Attendez ce n’est pas fini. « Tout d’abord, je tiens à préciser que c’est moi qui ai sortit les poubelles la semaine dernière, je m’y suis résignée sinon elles seraient encore là aujourd’hui. Ensuite, j’en ai marre de me disputer avec vous pour une chose aussi futile et vous savez quoi ? J’ai décidé que ce soir celui qui serait de corvée poubelles pendant un mois, oui un mois, serait celui qui tirerait la plus courte euh’… des pailles. » D’un geste, j’attrapai les pailles se trouvant dans un pot non loin de moi et les coupa à différentes longueurs pour illustrer mes propos. Chacun à leur tour tirèrent une paille. Maggie fut soulagée en constatant que la sienne était assez grande, Zackary écarquilla les yeux en voyant le petit bout de paille qu’il tenait en mains. Après quelques minutes, ce fut à mon tour de tirer, et je n’avais plus grand choix étant donné que j’étais la dernière à passer. Enfer et damnation furent les premiers mots qui me vinrent à l’esprit. Je m’étais fait prendre à mon propre jeu, le morceau de plastique que je tenais entre mes doigts était minuscule. « Fait chier ! » finis-je par articuler. En un éclair la pièce se vida, Maggie et Harlow m’embrassèrent les jouent tout en m’informant qu’elles devaient s’en aller, rendez-vous en binôme l’oblige, tendis que Zackary me fit part de l’énorme travail qui l’attendait encore au boulot et que Dawson m’adressa un signe de la main tout en passant le seuil de la porte. Décidément, cette fin d’après-midi se terminait mal et la soirée ne laissait rien présager de bon.

Trois heures plus tard après cette charmante petite scène, je me réveillai un peu perdue au beau milieu du salon. Il ne me fallut que quelques secondes pour remarquer que la plaquette de chocolat au lait que j’avais à mes côtés il y a trois heures de cela avait disparue. Tout en m’étirant je me levai et partit à la recherche du chocolat perdu, que je retrouvai non loin du panier de mon bouvier bernois. Légèrement en colère je m’écriai ; « Nom de dieu Baloo ! On voit bien que tu ne sais pas combien coute le chocolat de nos jours ! » Oui, parler aux animaux ça m’arrive fréquemment. « Arrête de me regarder avec tes yeux de chien battu et puis si tu es malade ce sera tant pis pour toi. » J’eus seulement le temps de ramasser les miettes et les morceaux de papier éparpillés partout dans la pièce avant de me faire rattraper par la réalité. En effet, je constatai que je venais de recevoir un sms ; « Juste histoire de te rappeler que tu dois sortir les poubelles. Bis. Dawson. » Ce message eut le don de m’agacer et c’est avec des pieds de plomb que je me décidai dix minutes plus tard d’enfiler mon manteau et mes bottes brunes. Tant bien que mal je pris les deux sacs poubelles, un dans chaque main et prit place dans l’ascenseur aux côtés d’un homme d’une quarantaine d’années que je connaissais seulement de vue. Arrivée à son étage il sortit pratiquement en courant, effectivement, ça empestait et je m’efforçais de respirer par la bouche. Quelques minutes plus tard, j’essayais carrément de retenir ma respiration. Cette ruelle empestait vraiment je n’avais jamais rien sentit de pareil. C’est d’un pas pressé que je me dirigeai vers la benne à ordure, en effet, ce n’est pas vraiment le genre d’endroit qu’il faut fréquenter seul le soir ou du moins quand il fait noir. Sans même regarder ou prêter attention à ce que je faisais, d’un geste rapide, je jetai les deux sacs et refermai la benne. C’est à ce moment que j’entendis un bruit étrange. Je m’éloignai alors précipitamment et pendant un moment je restai là, plantée, comme une cruche. J’essayais de me résonner ; « c’est rien, c’est juste un animal. » Je finis par prendre mon courage à deux mains, je me plaçai à côté de la benne, comptai jusque trois et l’ouvrit. Mon visage crispé se transforma soudainement et prit une allure plus détendue, je ne pu m’empêcher de retenir un fou rire. Si seulement j’avais su que ce serait si distrayant de sortir les poubelles ! « Excusez-moi… » Finis-je par articuler entre deux rires. C’est vrai le pauvre il devait être gelé. Quand je fus un peu plus calme, j’observai l’homme qui me faisait face si on peut dire… ça aurait pu d’ailleurs être un beau spectacle si l’odeur n’était pas aussi fétide. Bah quoi, tout le monde peu se rincer l’œil ce n’est pas tous les jours qu’on découvre un type à moitié nu dans une benne ! Quand je retrouvai enfin mes esprits, je me décidai à lui enlever le bandeau qui lui gâchait la vue avant de reprendre la parole ; « Ça vous arrive souvent de faire les poubelles dans cette tenue ? » lui demandai-je un sourire affiché aux lèvres. Je me tus un moment avant de constater qu’en plus de tout ça, il avait les mains menottées. « Vous avez besoin d’aide peut-être ? A moins que vous préférez rester là ? » dis-je toujours aussi souriante.

(Désolé retour dans le temps avec la musique j'ai eu la flemme de corriger)