« Je sors. » dis-je en passant devant Dawson et tout en allant chercher mes bottes noires rangées tout près de la porte. Mon ami, me regarda d’un air perplexe. En effet, le temps n’était pas propice pour une sortie et voilà maintenant plusieurs heures que la pluie n’avait cessées mais comme on dit ; l’ennui fait faire des choses stupides parfois. Ne me demandez pas ou j’ai entendu ça, je viens probablement d’inventer ce proverbe en remplaçant le mot « amour » par « ennui ». D’ailleurs, il n’était pas question d’entendre parler d’amour aujourd’hui. Hier soir, à croire que ça devenait une habitude, j’avais passé ma soirée de saint valentin à me lamenter et à me goinfrer de glace tout en regardant coup de foudre à notting hill, pour bien m’achever. Heureusement, je n’étais pas la seule à avoir fait ça, épiphanie était à mes côtés. Bref, tout ça pour dire, que le jour qui suit la saint valentin, je ne suis pas vraiment le genre de personne qui écoute avec joie et bonne humeur la fantastique soirée que les autres ont passés en compagnie de leur chéri(e). Je sais…la jalousie est un vilain défaut. « C’est vrai que c’est le bon jour pour se balader en ville. » finit par articuler Dawson. Ces quelques mots me firent sourire, Daw’ est très doué pour les sarcasmes, c’est une des ses grandes passions mais à vrai dire je ne sortais pas explorer la ville, j’avais besoin d’un livre de la bibliothèque. « Je vais à la bibliothèque imbécile. » répondis-je. Il me regarda alors avec un air étonné affiché sur le visage, comme s’il venait de faire la découverte du siècle. C’est qu’il en apprend des choses aujourd’hui, oui sa meilleure sait lire. « Je sais pas pourquoi mais j’ai toujours eu l’impression que le mot ‘bibliothèque’ et ton prénom n’allait pas dans la même phrase. » dit-il en rigolant, ce qui lui valut un coussin dans la figure. En deux en trois mouvements j’enfilai ma veste noire et lui répondit avant de claquer la porte ; « Ça en fait au moins un de nous deux qui sait lire, moi en l’occurrence. »

C’est en courant que je gravis les marches en pierre de l’énorme bâtisse et que je franchis les portes électriques de la bibliothèque. Le fracas de mes talons contre le sol fit d’ailleurs grincer les dents de la vielle bibliothécaire. Une petite femme aux cheveux grisonnant qui doit s’approcher tout doucement de la soixantaine et qui ne se décidera surement jamais à faire des colorations. Confuse, je lui adressai un faible sourire, ce qui l’a fit lever les yeux au ciel. De toute façon, par un temps pareil il n’y avait quand même personne ici, alors que je fasse du bruit ou non, qui est-ce que ça peut bien emmerder ? C’est tout en essorant mes cheveux – si je peux dire- que je me dirigeai vers le rayon qui m’intéressait. Pour la petite anecdote, chaque année le jour qui suit la fête des amoureux et plus précisément si je ne suis pas en couple, je lis toujours le même livre ; les hauts de hurlevent. Drôle de choix n’est-ce pas ? Et bien oui, en lisant ça, je me dis qu’il y a pire que moi, ça me remonte le morale, enfin en quelque sorte… C’est au moment ou je pris le livre en mains et que je contemplai sa couverture, qu’un coup de tonnerre retentit et plongea la bibliothèque dans le noir. Légèrement paniquée, je restai pétrifiée un moment, espérant que les lumières se rallument, le noir et moi ça n’a jamais fait bon ménage, c’est un peu ma deuxième phobie après les araignées. Je pris conscience quelques minutes plus tard que le courant ne reviendrait pas avant des heures vu l’intensité de l’orage et je me mis à me demander pourquoi est-ce que j'avais besoin de venir ici aussi tard. Je me mis alors à chercher la seule personne que j’avais croisée depuis mon arrivée ; La bibliothécaire. Je préférais être avec une femme grincheuse dans une situation pareille que de rester seul et de stresser et puis en plus de ça, elle devait surement avoir une lampe de poche ou limite des bougies. C’est donc à pas lent (pour ne pas foncer dans un objet quelconque voir un mur) que je me dirigeai vers l’entrée du bâtiment. A la minute même où je tournai ma tête vers la gauche, ayant entendu un bruit de pas, un homme me fonça dedans. Perdant mon équilibre je fus contrainte de lâcher le livre et de me rattraper au bras de l’inconnu pas si inconnu que ça… Confus, il s’excusa et ramassa mon livre, c’est au moment ou il me le tendit que je reconnus… mon ex fiancé. Je n’aurais jamais cru penser ça un jour, mais à ce moment précis j’aurais bien aimé me retrouver avec la bibliothécaire. Zackary semblait aussi étonné que moi et c’est lui qui se décida à prendre la parole en premier ; « Alors...toi aussi tu es coincé ici... » J’écarquillai les yeux ? Venait-il de dire coincé ? Je rétorquai aussitôt ; « Coincée ? Non, pourquoi je serais coincée ? Ce n’est pas un orage qui va me retenir ici avec toi, il en faut plus… » Pas très sympathique, mais clair au moins. A ce moment là, je ne pensais pas encore aux portes électriques. « Tant que tu ne me tues pas dans les secondes qui suivent le temps que tu puisses te rendre compte que tu es enfermées avec moi pour peut être plusieurs heures… » Je n’eu pas le temps d’intégrer cette nouvelle – à laquelle je ne croyais pas encore- qu’il continua sur sa lancée ; « Même si je connais déjà la réponse à ma proposition je vais tenter ma chance...On pourrait peut être profiter de ce moment pour parler un peu...non ? » déjà rien que de l’entendre parler, là tout de suite, ça me donnait mal aux oreilles, alors avoir une longue discussion avec lui sans façon même si après tout j’aurais aimer savoir le pourquoi du comment… A vrai dire, les raisons pour lesquelles je l’évitais depuis qu’il était revenu étaient très simples ; tout d’abord, je me sentais faible en sa présence, j’avais le pressentiment que je pouvais craquer à tout moment et ensuite je ne voulais pas entendre de sa bouche qu’il n’était pas venu le jour de notre mariage car il avait rencontré mieux que moi, ce serait trop dur et je ne vois pas pour qu’elles autres raisons il ne serait pas venu. « Non Zack… Je n’ai pas envie de discuter avec toi, d’ailleurs c’est bien la dernière chose que je désire faire. Je veux juste, trouver une lampe de poche ou n’importe quoi d’autres et rentrer à l’appartement. » Finis-je par lui répondre. Je suis une personne têtue, c’est d’ailleurs pour ça que je me répétai sans cesse « c’est impossible que je sois coincée avec lui » et que je me dirigeai rapidement vers les portes de la bibliothèque. Pendant – sans mentir- cinq minutes je poussai, je frappai et repoussai violemment sur ces foutues portes sous le regard de Zackary. Finalement je m’exclamai ; « Bon d’accord, on est enfermé. Moi qui pensais que la pire chose qui pouvait m’arriver était de rester coincée avec la vielle bibliothécaire… » Bon j'avoue, je ne pensais pas ce que je venais de dire, au contraire. Je ressentais – comme à chaque fois que j’étais dans la même pièce que lui- l’envie qu’il me prenne dans ses bras, ou qu’il m’embrasse et je déteste cette sensation car ça me fait me sentir faible... Je soupirai avant de reprendre la parole ; « Tu aurais au moins pu avoir la décence de m’appeler ou je ne sais pas moi… de donner un signe de vie en tout cas ! » je marquai une pause et repris ; « Qu’est-ce qu’elle pouvait bien avoir en plus que moi pour que tu m’abandonnes ? » si seulement je savais que j'étais en train de me faire des films... Je baissai les yeux et décidai de finalement changer de sujet ; « Tu sais quoi laisse tomber, je ne veux pas savoir, on ferait mieux de retrouver la bibliothécaire, elle doit surement avoir des bougies ou une lampe de poche. »