i'll be there for you when the rain starts to pour

« On va divorcer ». Trois mots suffisent pour mettre fin à une relation, un mariage et à mes illusions.
Evidemment, les cris et les disputes de mes parents ne m’étaient pas inconnus. Ni même leurs regards qui changeaient au fil des années, des mois et des semaines. Elea l’avait compris, il me semble. Je préférais jouer l’autruche et je me disais qu’ils s’aimaient encore. Qu’ils étaient dans une mauvaise passe, que tout finirait par se calmer, par s’arranger, comme à l’époque où ma sœur et moi prenions nos bains ensemble. Notre mère ne cessait de me réconforter lorsque l’idée du divorce me traversait l’esprit : « on se dispute car c’est ce que font les gens qui s’aiment ». Je ne sais si Elea eut droit à ce rassurement. Je ne sais si Elea eut droit à un geste tendre de la part de notre mère.
« On va divorcer ». Trois simples mots qui voulaient en dire bien plus. A l’instant où ces mots furent prononcés, Elea et moi allions nous séparer. Une injustice. Mes parents ne s’aimaient plus, soit, mais j’aimais ma sœur. Nous étions si complices. Bien que différentes, nous maintenions un équilibre et une entente parfaite dans notre relation. Je me souviens du jour de cette annonce. J’avais onze ans. Je me souviens du bonheur de ma mère, de l’absence de mon père et surtout de la rage d’Elea.
Moi j’étais tout aussi absente que mon père. Je lui ressemble beaucoup. Les larmes montaient, mon nez piquait ; j’allais pleurer parce qu’il le fallait, je suppose, le faire dans ce genre de scène. Mais au fond, je ne savais plus penser. La nouvelle semblait bien trop irréaliste pour être vraie. Et pourtant. Peu de temps après, j’étais dans l’avion en direction de Londres.