« Oui, oui, oui, oui ….. En effet, c'est possible ! Bien sûr …. Demain ? … Sans problème ! Au revoir. A demain... »
« YIHAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA »
La porte de sa chambre s'ouvrit d'un coup violent.
« Putain, c'est ce bordel ? »
« CALEB !!! Je viens de recevoir un contrat pour DEMAIN ! Je dois présenter environ cinquante photos féminines d'un seul et même modèle si possible ! Dans une ambiance Saint-Valentin. C'est horriblement cliché mais c'est la canche de ma vie... »
« Et tu compte trouver une fille qui se fera photographier 50 fois en ambiance saint-Valentin d'ici demain 8h ? »
Simon le fusilla du regard, attrapa un oreiller et lui balança à travers la pièce. Caleb s'en fuit dans l'appartement. Bon, après avoir joué aux enfants puérils, il faillait se ressaisir et prendre sa vie d'homme en main ! Si encore la fille devait être blonde, il aurait choisit l'une de ses aventures d'une nuit puisqu'il ne choisissait que des blondes pour le sexe et des brunes pour l'amour. Sauf que son interlocuteur avait été clair : uniquement un sujet féminin, brun et de type caucasien... Super ! Où allait-il trouver ? En réalité, il savait parfaitement où LA trouver mais bon, était-ce vraiment raisonnable ? Il tourna la tête vers le mur mitoyen à son appartement et celui de la famille Maryan-Fields. Non vraiment, ce n'était pas raisonnable. Et puis, ambiance Saint-Valentin, pour qui allait-elle le prendre, franchement ? Il devait se creuser les méninges pour trouver mieux. En même temps, elle serait parfaite. Elle pourrait être extrêmement glamour, avec ses airs de petites princesses. Puis son sourire ravageur et ses yeux pétillants auraient un rendu extraordinaire en portrait grandeur nature. Il s'assit sur son lit pour réfléchir un instant. Qu'avait-il réellement à perdre ? Elle ? Ne plus la voir, ne plus trouver d'excuses bidons tel qu'un paquet de sel ou autre tablette de lave-vaisselle pour la voir ne serait-ce qu'une minute tout les jours. Il pourrait aussi perdre son nez ou ses doigts lorsqu'elle lui claquerait la porte au nez. Et dans ce cas-là, il perdrait aussi ce pseudo contrat et n'aurait plus qu'à repartir prendre son poste d'agent de sécurité, passer sa journée debout et parler à son chien d'amour.
Ou alors, il pourrait enfiler ses plus beaux habits (ou presque...), bouger ses fesses jusqu'à la porte voisine, trouver une belle brune juste parfaite pour une ambiance Saint-Valentin, passer une (probablement) inoubliable soirée, faire ses 50 clichés et rentrer se coucher (ou pas) la tête pleine de souvenir. Autant avouer que la deuxième possibilité était bien plus alléchante...

Il se leva d'un bon, enfila un jeans et une chemise noir, ne mit pas de chaussures parce qu'après tout, pour traverser le couloir... et frappa à la porte d'à côté. D'accord, ses coups étaient un peu timides. Mais bon, il avait un mauvais pressentiment ! Il avait oublié quelque chose... ET MERDE ! Il retourna chez lui, ayant comme par hasard oublié ses clefs... Caleb vint lui ouvrir en râlant, ce à quoi Simon répondit par un sourire d'enfant coupable(et le regard qui va avec...) Il parti dans sa chambre, prit son réflexe non sans l'avoir cherché pendant au moins 10 min il prit aussi quelques pièces de monnaie qui trainait sur le bureau pour rembourser ses dettes d'un paquet de sel... Et retourna sonner. Cette fois il appuya un peu plus fort, pour faire plus de bruit. Personne ne vint lui ouvrir. C'était bien sa chance ! Pour une fois (parmis tant d'autres), qu'il avait besoin de ses chèèèères voisines, elles n'étaient pas là ! Il choisit l'option sonnette. Le bouton resta sous son doigt pendant de longue secondes... « Oui, bah ça va !! J'ARRIVE ! »
Bon, Epiphanie était donc là... Il afficha un sourire sur son visage. S'il avait pu avoir des confettis pour la célébrer lorsqu'elle aurait ouvert la porte, cela aurait été parfait mais bon, on fait comme on peut dans les situations de crise !
A la seconde où son visage apparut, il prit une voix particulièrement étrange et s'adressa à elle d'une manière qu'il n'aurait même pas imaginé pu être possible...

« Bonsoir Epiphanie ! Je sais que ce soir n'est pas la fête de la galette et pourtant, ça va être ta fête... » Clin d'oeil lourdingue... « Je suis d'abord venu te rendre l'argent de sel parce que, les bons comptes font les bons amis... » Clin d'oeil...Bis « Mais j'avoue que j'ai également particulièrement et excessivement besoin de ton aide ! » Il brandit son appareil photo. « Ton joli minois sera parfait devant ma caméra... Alors, t'en penses quoi ? »
Mais qu'est-ce-qui venait de lui passer par la tête ? Il se le demandait lui même...

« Lena, ranges tes sous vêtements, j'ai l'impression de dormir dans un magasin de lingerie ... » s'emporta Épiphanie, en soulevant une culotte outrageusement petite. Comme elle n'obtenait pas de réponse, elle jeta l'étoffe rageusement «Léna, tu m'entends ? Si, quand je rentrerais tout à l'heure, tu n'as pas nettoyé ton bordel, tu peux faire une croix sur la fête que tu voulais organiser !». La jeune blonde montra le bout de son nez « T'en as pas marre d'être une chieuse ? », haussa les épaules et commença à ramasser ses affaires qui jonchaient le sol de l'appartement « Non, c'est une activité à pleins temps qui ne demande pas beaucoup d'efforts. ». Elle sortit de la pièce en ajoutant « Par contre, garder l'appartement rangé pour nous trois, c'est un véritable travail que je n'assumerais pas seule, et tu le sais. J'ai un job et une vie, je ne peux être celle qui passe derrière vous à chaque fois .» . Sans compter ses cours du mercredi, et qu'en plus elle devait faire les courses. Ce qui était étonnant, d'ailleurs, pour une femme qui était habituée à ce qu'on la serve sans qu'elle lève le petit doigt. Ce qui était sûr, c'est qu'elle ne tiendrait pas longtemps à ce rythme.. « Je sors, tu as besoin de quelque chose ? » demanda Léna, une veste qu'elle lui avait offerte sur les épaules. Épiphanie sourit triomphalement « Non, mais toi tu as besoin de ça! » en lui tendant la liste de ce qu'il fallait acheter. Lena grommela une vague injure et sorti sans demander son reste, et sa sœur n'eut plus qu'à espérer qu'elle lui rende ce service.

L'avantage, à présent, c'est qu'elle avait l'appartement pour elle toute seule. Cette simple idée réussi à la réjouir, et elle alla allumer la chaîne pour mettre le vieil album de Justin Timberlake et danser comme une folle sur Sexy back. La chanson terminé, et comme elle ne connaissait que cette dernière, elle alla se prendre un bain, s'étendant voluptueusement dans l'eau chaude. Sûrement que ce même bain aurait été plus agréable si elle ne s'était pas assoupie cinq minutes pour se réveiller et découvrir la salle de bain inondée. Épiphanie se sentait d'humeur machiavélique, alors elle se vêtit d'une serviette et envoya à Léna un sms JE VIENS DE VOIR LA SALLE DE BAIN, TU L'AS INONDÉE, NE COMPTES PAS SUR MOI POUR NETTOYER. La réponse ne tarda pas à venir COMMENT ÇA ? JE N'AI PAS PRIS DE BAIN DEPUIS HIER !. Oops, comment se sortir de ça ... rapidement elle écrivit J'EN AI RIEN À FOUTRE LÉNA. QUE CE SOIT TOI, LUKE, LE BON DIEU, VOUS NETTOYEZ. Elle ricana. Bon, ce n'était pas très fair play, mais que voulez vous, les frères et soeurs c'est comme ça, ça se chamaille, ça se griffe, ça se blesse, mais au final ça s'aime énormément. Le fait que Léna soit sa demi-sœur, ne partage que la moitié de son sang, ne changeait absolument rien . Elles avaient grandis ensemble, bercées par les mêmes rêves, les mêmes fous rires. Si elles ne pouvaient se supporter, elles n'habiteraient pas ensemble à l'heure actuelle. Elles ne feraient pas non plus de soirées wii idiotes où Épiphanie se ferait battre à chaque fois. Elle n'aurait pas fais la rencontre de Simon, puisqu'elle dépérirait encore en Angleterre, à regarder le temps passer et la pluie tomber.

Quelqu'un toqua à la porte. Des petits coups donnés à répétition contre le bois. Peut-être que Luke avait oublié ses clefs, mais le connaissant il ne se serait pas gêné pour défoncer la porte. D'où les marques de coup de pieds, pas loin de la poignée. Son frère et sa sœur n'avaient aucune patience. Un trait de famille qu'elle partageait pleinement, avec elle les choses devaient se faire, et se faire vite. Le temps qu'elle parvienne à la porte et qu'elle l'ouvre, il n'y avait plus personne, étonnée elle vérifia que personne ne se tenait à gauche ou à droite, mais pas un chat. Qui que ce fut, il était parti, pourtant il ne lui semblait pas avoir pris autant de temps que cela. Épiphanie soupira et regagna son chez elle, pour cette fois revêtir des habits plus corrects. À savoir une tunique blanche et ample sur son skin tight jean. Un collier, pour illuminer l'ensemble. Ce n'était pas sexy, mais confortable. La jeune femme laissa ses cheveux bruns tomber en cascade sur ses épaules.

La sonnerie de l'entrée se fit entendre. Stridente, désagréable. Et la personne ne semblait pas vouloir lâcher le bouton, et comme elle ne s'arrêtait pas, Épiphanie grommela « Oui, bah ça va !! J'ARRIVE ! » . Décidée à montrer à son futur interlocuteur qu'elle n'avait pas apprécié cette attitude cavalière, elle n'en fut que plus surprise de se retrouver face à Simon, et oublia toute mine désagréable. Tout simplement parce qu'à chaque fois qu'elle le voyait, un sourire ravi et niais se posait sur ses lèvres . « Bonsoir Epiphanie ! Je sais que ce soir n'est pas la fête de la galette et pourtant, ça va être ta fête... » lui dit ce dernier. Elle se força à rire, ce genre de blagues, on lui servait à la pelle, mais puisque c'était lui il avait le droit à un traitement de faveur « Je suis d'abord venu te rendre l'argent de sel parce que, les bons comptes font les bons amis... ». Épiphanie ouvrit la bouche et refusa gentiment l'argent qu'il lui tendait « Non, franchement c'était un pack de sel, deux pour le prix d'un, tu ne vas pas me rembourser ça .. ». Ce n'était pas exactement la vérité, mais ils n'allaient pas parler carrefour market toute la journée. En plus, pour reprendre une expression bien connue, s'il l'avait désiré il n'aurait eu qu'à claquer des doigts pour avoir le beurre, l'argent du beurre, la vache et la crémière. Surtout la crémière. « Mais j'avoue que j'ai également particulièrement et excessivement besoin de ton aide ! » dit il en brandissant son appareil photo. Epiphanie leva un sourcil, sans comprendre en quoi elle pouvait l'aider dans ce domaine. S'il voulait qu'elle lui règle le flash, ou peu importe, il était très mal tombé. Hum . « Ton joli minois sera parfait devant ma caméra... Alors, t'en penses quoi ? » . La princesse attendit quelques secondes avant de répondre, en rougissant « Euuuh .. quel genre de photos ... » elle se reprit bien vite, en voyant à quel point sa question pouvait être comprise différemment . « Non pas que je pense que tu fasses des ... photos de charme ... mais enfin ... ». L'art de s'enfoncer.

De voir son visage était comme un rayon au milieu de sa journée pluvieuse. Elle avait ce petit sourire qui le faisait chavirer, ce regard dont il n'arrivait pas à se détourner, ce port de tête si caractéristique et elle semblait pleine de bonnes manières... Et pourtant, il ne la connaissait que de soirée. Et dans ces quelques occasions où il l'avait vu, elle était tout sauf pleine de bonnes manières. Oui, oui, il ressentait de la jalousie lorsqu'elle parlait à d'autres hommes alors même qu'il hésitait à l'inviter à danser. Il connaissait plutôt bien la chanson avec la gente féminine mais, si cette fois étai différente ? Et si Epiphanie était celle qu'il avait attendu ? Et si...? Et s'il arrêtait de se poser des questions ?!! « Euh... Quel genre de photos ... » Et voilà, il avait pourtant bien prévu une réaction comme cela. Enfin, ils n'avaient eu pour le moment que des relations de voisinage, certes proches, mais tout de même... Venir frapper à sa porte pour lui demander des photos. C'était probablement un peu prématuré. Et pourtant, il avait toujours eu dans l'esprit que pour créer des relations avec les gens, il fallait partager des choses avec eux. Une séance photo laisserait probablement des traces et des souvenirs, non ? Des choses à raconter, des sujets sur lesquels échanger... Il n'eut pas le temps de lui répondre qu'elle tenta, en vain de se rattraper.  « Non pas que je pense que tu fasses des ... photos de charme ... mais enfin ... » Il parti d'abord dans un grand éclat de rire. Et décida de ne pas lui répondre tout de suite. Simon avait envie de s'assoir avant d'exposer son projet à la belle brune. Enfin, ils devaient en discuter ensemble puisque lui-même n'avait pas vraiment d'idées très définies... « Promis, nous ne ferons que des choses décentes ce soir... » Il marqua une pause, laissant sa phrase en suspend. Avait-il besoin d'ajouter ce petit 'ou pas' qui lui brulait la gorge ? Non, surement pas... Un regard en coin et un demi-sourire rendrait l'insinuation bien plus marquée... Il commença a faire un pas dans l'appartement, la jeune femme s'étend écarter pour le laisser entrer. Surement que ça petite phrase avait fait son travail dans l'esprit de sa voisine. Il se dirigea dans le salon, connaissant l'appartement, y étant déjà venu plusieurs fois avec Lena.

« Donc, laisses moi t'expliquer en vitesse ce qu'il m'arrive. Je viens de recevoir un coup de téléphone, il me faut en gros 50 clichés d'un individu de sexe féminin, de type blanc et de cheveux foncé si possible. Tu me l'accorde, c'est plutôt ton profil ! » Simon parlait avec une voix légèrement tremblante, son accent suédois ressortant avec intensité dans ces moments de doute. Mais il paraît que les femmes aiment les accents... Prions pour que cela soit vrai chez Epiphanie, parce qu'entre nous, à part son accent, il n'avait pas tellement de cordes à son arc, bien que son physique ne soit pas repoussant il s'était juré de ne pas.. BREF ! Simon, ressaisit toi et continue d'expliquer la situation. Il ne savait plus vraiment depuis combien de temps il s'était arrêter de parler, si elle avait ouvert la bouche ou non... Un bug ! Oui, c'est exactement. Dans le doute, il lui fit un sourire en hochant la tête avant de reprendre. « Et tu comprends, c'est un opportunité énorme pour moi. Enfin, j'ai toujours aimé faire de la photo et ce shoot pourrait signer le début d'un contrat avec un grosse maison d'édition... »
Il leva les yeux vers elle et lui sourit, sincèrement cette fois-ci. Avec ces quelques détails en plus, il attendit sa réaction. Pourvu qu'elle soit positive. D'autant plus qu'il ne lui avait pas encore parlé du thème 'Saint Valentin'... Puisqu'il faut le dire, pour lui, la plus grosse partie du problème résidait dans ce thème. Il n'avait que peu d'idées n'ayant jamais été un fervent praticien de cette fête. Il n'avait donc qu'à espérer qu'elle soit inventive et pleine d 'idées. Ce dont, au fond, il ne doutait pas vraiment ! « Je dois juste ajouter quelque chose... » Son estomac se mit à gargouiller. Probablement un signe du destin ! Il ne devait pas révéler le thème, elle risquait de le mettre dehors à coup de chaussure (bien qu'elle soit en pantoufle...). « ...c'est bientôt l'heure de manger, non ? » NUL ! DEBILE ! POURRI !! L'heure de manger... Mais il n'avait franchement rien trouvé de mieux ? Un sorte de rictus, qu'il aurait voulu sourire se dessina sur son visage? Il ne comprenait pas pourquoi et pourtant, il était mal à l'aise. Il n'aurait pas du mais c'était comme ça. Simon avait pleinement conscience des sentiments qu'il avait pour Epiphanie et il n'essayait presque pas de se les cacher. Peut-être qu'il devrait l'embrasser, là, maintenant... Mais les photos risqueraient de passer à la trappe. Il plongea donc son regard dans le sien et lui posa cette simple question... « Dis-moi, qu'est-ce-que tu fais pour la Saint Valentin ? » Une solution comme une autre pour trouver une idée de mise en scène pour les photos... Cela était si évident pour lui...mais pour elle ? Il y avait probablement d'autres significations...

Pourquoi la regardait-il ainsi ? Réalisait-il à quel point il était irrésistible, craquant, charmant, magnifique ? Il respirait le sex-appeal. Et Épiphanie sentait progressivement la chaleur monter dans la pièce, avait-il conscience de cette soudaine hausse de la température ? La jeune femme avait besoin d'air, et vite, mais aller s'aérer en pleine conversation avec lui ne serait pas le bienvenue. Ni avoir un orgasme spontané rien qu'en le voyant. Elle devait se tenir, garder son attitude calme, réservée, polie, sa "poker face" comme le disait si bien Lady Gaga, pour masquer du mieux qu'elle pouvait son trouble. Outre le fait qu'il soit beau, et qu'il aie le sourire le plus sexy qu'il lui aie été donné de contempler, il la faisait rire, il était agréable, à l'écoute et il aimait l'art. Et sa présence provoquait une telle accélération de son cœur qu'elle avait l'impression qu'il voulait sortir de sa poitrine et exploser en un feu d'artifice. Ce n'était pourtant pas le moment de se déconcentrer et de perdre le fil de la conversation. Mais n'avait elle pas perdu grand chose, sinon une partie de sa dignité en posant une question si bête, et sa contenance quand il répondit, amusé « Promis, nous ne ferons que des choses décentes ce soir... ». Il ne fallait surtout pas qu'elle aie l'air déçue, pas de grimace, Épi, ce n'est pas le moment. Restons dans la théorie, n'est-ce pas ? Après tout, sa promesse n'engageait que lui, ce n'est pas comme si elle allait lui tenir rigueur de ne pas avoir de parole. « Je te fais confiance pour cela ... » dit elle, alors qu'elle se maudissait intérieurement. Pour la première fois de sa vie, elle allait se retrouver seule avec lui, totalement et complétement seule, leurs rapports seraient ... amicaux ? Après tout, il n'était venu que pour lui demander un service, ne l'oublions pas, un service, cela n'engageait à rien, ce n'est pas comme une demande de rendez vous, un geste affectif. Elle devait avoir inhalé de l'alcool juste avant, elle partait en plein délire, à tous les coups Lena avait trafiqué le coca pour se venger. Vite, de l'eau, un éventail. Épiphanie laissa son hôte entrer et s'installer sur le canapé. Elle constata qu'il connaissait parfaitement les lieux et son coeur se serra de jalousie. Évidemment, il était déjà venu ici avec Lena, et tout le monde savait ce qu'elle faisait avec les hommes qui "visitaient", il n'y en a avait pas un qui ne passait pas à la casserole, du véritable travail industriel. Et vas-y que j'te répare la plomberie, et que j'te bouche les trous « Épi, c'est Antoine, il va réparer mon port USB cette nuit » « Épi, je te présente Lucas, il s'occupe de mon radiateur, il va réchauffer l'appartement, je commençais à avoir froid », tant de métaphores pour dire exactement la même chose. Sans masquer un peu d'amertume dans sa voix, elle grommela « Je ne te fais pas visiter, j'imagine que tu connais déjà, ce qui n'est pas étonnant avec Lena. » . Essayait-elle de le faire avouer ? Mais nooon . Enfin, si .

« Donc, laisses moi t'expliquer en vitesse ce qu'il m'arrive. Je viens de recevoir un coup de téléphone, il me faut en gros 50 clichés d'un individu de sexe féminin, de type blanc et de cheveux foncé si possible. Tu me l'accorde, c'est plutôt ton profil ! » commença Simon, l'air gêné. Elle le voyait qui hésitait et cherchait ses mots, étonnant vu que d'ordinaire il parlait l'anglais couramment et parfaitement. Elle n'allait pas s'en plaindre, c'était véritablement adorable « En effet ... ». Les yeux perdus dans le vague, il se reprit pour ajouter « Et tu comprends, c'est un opportunité énorme pour moi. Enfin, j'ai toujours aimé faire de la photo et ce shoot pourrait signer le début d'un contrat avec un grosse maison d'édition... » . Il la prenait par les sentiments, et c'était le cas de le dire. Qui était-elle pour s'opposer à l'épanouissement professionnel de l'homme qu'elle aimait ? Bien entendu, c'était plutôt problématique. Son rang ne lui permettait pas de vendre son image à ce genre de desseins, c'était toujours un monstre de paperasse quand on désirait la photographier. Mais Simon ne savait pas qui elle était, et elle n'était pas prête de lui dire. D'ailleurs, glisser un plein milieu d'une conversation « Au passage, je suis dans la famille de la Reine d'Angleterre, je te l'avais dis ? » c'était incongru. Après une bonne minute de silence, une tension palpable et une dose impossible d'adrénaline dans son corps, elle acquiesça « Comment pourrais-je refuser cela à mon voisin préféré ? » - et à celui dont j'attends une ouverture depuis des mois . Un petit sourire et elle leva les yeux vers l'horloge. Il commençait à se faire tard. Elle avait faim, mais encore une fois pas question de l'avouer, et de toute façon le jeune homme prit les devants : « Je dois juste ajouter quelque chose... ...c'est bientôt l'heure de manger, non ? » . C'était d'une finesse à couper le souffle. Mais c'était si mignon qu'elle lui pardonna aussitôt son manque de tact. Après, il ne lui restait plus qu'à deviner : était-ce une invitation à diner, ou la marque de millénaires de supériorité de l'homme sur la femme, en gros FAIS MOI À BOUFFER, ESCLAVE ? « Tu veux aller manger dehors ? Sinon, le frigo est plein, il doit bien y avoir quelque chose qui te fait envie ... » parce que moi je sais de quoi j'ai envie, mais je ne suis pas sûre que cela soit réciproque. Et oui, les femmes savent faire passer une foule de messages dans une phrase d'apparence banale « Dis-moi, qu'est-ce-que tu fais pour la Saint Valentin ? ». Question piège ? Simple curiosité ? Hum . S'il s'agissait de curiosité, il allait être déçu. Détournant son regard, dans l'espoir de ne pas paraître trop pathétique, elle marmonna « Ce que toutes les filles célibataires et désespérées font, j'imagine. Une soirée avec la meilleure amie, à se plaindre de la gente masculine en mangeant du pop corn devant un film sanglant avec, si possible, le moins d'histoire d'amour possible. » . À ses yeux ... effarés, elle constata que ce n'était manifestement pas le genre de réponse qu'il attendait. Merde. Épiphanie ricana « On était bien tentée d'aller à un club de strip tease, mais le soir de la Saint Valentin c'est complet, donc j'en déduis que c'est ici que vous allez, vous, les hommes. » .

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