i'll be there for you when the rain starts to pour

C’est par un beau jour de septembre qu’Autumn Lexie Hill, fille d’un couple de la haute société, vit le jour dans la Grosse Pomme. Elle était le premier enfant du couple et elle en serait aussi le dernier, celui-ci n’étant pas vraiment friand des bambins. Comme elle était née un 23 septembre, premier jour de l’automne, ses parents crurent original de la prénommer comme la saison. Elle n’en avait jamais été contrariée ; au contraire, elle l’aimait beaucoup. Elle avait juste beaucoup de peine à supporter quand ses parents racontaient cette anecdote à leurs amis de la sphère aristocratique new-yorkaise pour la mettre encore une fois en avant. Mais je vais un peu trop vite en besogne ; revenons à l’enfance de cette chère Autumn. Une enfance paisible, passée sous la surveillance de divers nounous, ou « nanny » comme on les appelait à New York. Elle ne voyait que très peu son géniteur et celle qui lui avait donné la vie. L’un était trop pris par son travail, l’autre par sa garde-robe et sa manucure qu’elle se devait de garder impeccable même dans son bain moussant senteur « fruits de la Méditerranée ». Inutile de dire que la fillette manquait cruellement des présences paternelle et maternelle. C’est pourquoi elle se réfugia dans les livres dès qu’elle eut appris à déchiffrer les codes de la lecture. Un univers immense et fascinant s’ouvrit à elle et elle n’en sortit jamais. Déjà à l’époque se dessinait en elle le portrait d’une future grande écrivaine. Du moins tel était son rêve. Autumn passait son temps à écrire des histoires toutes les plus différentes les unes des autres. A l’école, quand ses petits camarades profitaient de leur temps libre pour faire des coloriages ou jouer au coin poupée, elle allait s’installer derrière son bureau pour rédiger un texte quelconque. Ses maîtresses, pour le moins surprises, en firent part à ses parents et louèrent ce talent qu’elle possédait. C’est comme ça que débuta cette fierté mal placée que ressentaient Monsieur et Madame Hill en regardant leur fille. Pendant toutes ces années, ils n’avaient pas daignés baisser les yeux sur elle et lui demander comment elle allait en rentrant de leurs activités ; et d’un seul coup, leur intérêt était monté en flèche. A l’époque, la pauvre Autumn ne pouvait pas comprendre toute l’hypocrisie dont ils faisaient preuve. Elle était juste heureuse de voir les individus qui comptaient le plus pour elle s’intéresser enfin à ce qu’elle faisait.

Plus le temps passait et plus Autumn se révélait être une élève modèle et surdouée. Ses parents en étaient d’autant plus fiers et s’en vantaient auprès de ceux des autres élèves de la classe. Ils ne le cachaient pas non plus au reste de la famille ou à leurs amis, proches ou non. Bientôt, le nom de la fillette, alors âgée de dix ans, fut sur les lèvres de tout ceux qui la connaissaient. On lui mettait de la pression sur les épaules, pression qu’un enfant de son âge ne pouvait pas supporter. Ses notes en pâtirent pendant un certain temps, jusqu’à ce que sa maîtresse se rende compte de ce que ses parents lui faisaient subir. Elle leur en parla et leur fit comprendre qu’ils demandaient beaucoup trop à leur fille ; ils n’apprécièrent pas comme elle leur parla et firent changer Autumn d’établissement le lendemain déjà. Son enfance paisible était bel et bien terminée et la petite fille dût mûrir plus vite qu’elle ne l’aurait fait si elle avait été dans une famille normale. Peu à peu, elle se rendit compte, à force d’assister à des galas et autres repas de charité, que ses parents avaient un peu trop son nom à leur bouche. Ils ne cessaient de se vanter, de se pavaner devant les autres. Elle découvrit à quel point ils étaient hypocrites ; à quel point l’hypocrisie gouvernait tout ce beau petit monde de la haute société. Lorsqu’elle fut âgée de quinze ans, elle avait déjà compris qu’il ne fallait pas qu’elle s’approche davantage au glamour et aux paillettes. Elle se mit à refuser d’accompagner ses parents aux repas, les ridiculisait lorsqu’ils l’obligeaient à s’y rendre, s’enfuyait des salles de réception pour se réfugier sur le toit. Les fils du parfait petit pantin qu’elle avait été s'étaient rompus et elle était désormais libre. Libre de penser ce qu’elle voulait, d’agir comme elle le souhaitait, de se rebeller envers ses parents qui n’avaient jamais réellement voulu d’elle. Elle fut néanmoins forcée de rester avec eux jusqu’à la fin du lycée. Elle avait passé différents examens d’entrée dans les universités américaines et elle avait décidé d’aller faire ses études à Boston. Ce n’était pas très loin de New York, mais suffisamment pour ne plus avoir ses parents sur le dos. Elle avait besoin d’air frais, de vivre indépendamment d’eux. C’est ainsi qu’elle fit ses valises et quitta la grande métropole pour aller vivre à Boston.

Autumn commença des études de littérature. Son goût pour les livres et l’écriture ne l’avait pas quittée pendant toutes ces années. Il avait même été son plus grand réconfort dans les moments difficiles. Comme elle refusait catégoriquement une quelconque aide de la part de ses parents autre que l’argent pour le loyer qu’elle devait accepter, elle passa sa première année à travailler comme une forcenée pour mettre une certaine somme de côté. Depuis, elle continue de travailler les week-ends dans un petit magasin, pour aider à payer ses dépenses extrascolaires. Elle aimait beaucoup passer du temps dans son appartement en compagnie d'amis ou de son chat Calypso. Enfin, ça serait un bonheur à l’état pur s’il n’y avait pas ce voisin détestable qui passait son temps à faire un bruit épouvantable dans l’appartement d’à côté. Autumn passait des heures à frapper contre le mur qui les séparait, à se plaindre du boucan qu’il faisait. Ce type était insupportable. Rien à voir avec le mignon jeune homme qui semblait habiter aussi dans l’immeuble et qu’elle croisait souvent dans les escaliers. Ce beau blond, qui avait un charme fou opérant sur elle. Bien sûr, elle ne lui avait jamais adressé la parole, mais il n’empêchait que s’il lui proposait un jour de sortir boire un verre, elle ne dirait certainement pas non. Autumn était à Boston depuis trois ans désormais. Elle se sentait néanmoins tiraillée par l’envie de retourner dans sa ville natale qu’elle aimait malgré tout et par l’envie de refaire sa vie ici. Pourtant, elle avait décidé de laisser sa chance à Boston. Tenez vous bien, Autumn arrive !