i'll be there for you when the rain starts to pour

sixteen years ago

« Un, deux et trois. Un, deux et trois. Un, deux et trois. Un, deux et trois » me répétait Mr. Monteiro. « Du nerf, rajoute plus de vie, d'envie ! Il faut que le public ressente le besoin de pincer ton putain de cul ! » continuait-il de me rabâcher alors que je m'appliquais à mon maximum. Mr. Monteiro était mon professeur de patinage artistique. Oui, je pratiquais ce sport depuis l'âge de mes cinq ans et j'adorais ceci. J'aimais sentir la glace sous mes patins. J'aimais tomber à terre et sentir l'épiderme de mes joues contre la piste de glisse. J'aimais simplement glisser, danser. Monsieur Monteiro était quelquefois dur et direct mais s'il faisait ça, c'était entièrement pour mon bien. Il avait misé sur moi, sur mon talent. Il avait confiance en moi et sur mon avenir de patineur professionnel, je devais aller loin, au moins pour lui. Il me trouvait malheureusement souvent trop dissipé, et j'acceptais ses coups, ou ses caresses quelques peu insistantes. Il était bon, grâce à lui, il m'arrivait régulièrement de monter sur le podium. Je savais que ce qu'il m'infligeait après les cours était mauvais et que je pouvais à tout moment me plaindre vers ma mère ou au commissariat, mais je ne voulais pas qu'il lui arrive des ennuis. Il était en quelque sorte mon héros, mon générateur de sourire. Celui qui me permettait d'enchaîner les victoires une par une. C'était avec lui que je pouvais me relever et dire fièrement que j'étais "Parker Ermes le champion".
J'essayais depuis ce matin de produire un salto arrière sur glace après deux tours consécutifs sur moi-même. Je n'y arrivais vraisemblablement pas, j'avais bien trop peur de me blesser et puis M. Monteiro protestait que j'étais bien trop mou, que je dégageais aucune envie. Il voulait à tout prix que j'excite mon public, je ne comprenais pas pourquoi, je n'avais que sept ans après tout. Je ne réalisais pas que mon professeur n'était qu'un gros saligaud pervers et vicieux. J'essayais avec tant de bien que de mal à faire ce fichu salto, mais il m'était impossible d'enchaîner la minuscule chorégraphie. Je vis alors la silhouette de Monteiro s'avancer vers moi. J'avais peur, mais je retenais mes émotions. Il était face à moi et je me retrouvai rapidement à terre suite à la gifle qu'il m'avait collé. Il cria en me ruant de coup.« Sale tapette va ! ». Je me taisais, attendant que ce fardeau passe. Je me répétais que c'était uniquement pour mon bien et que c'était que comme ça que j'irais enfin aux jeux olympiques et rafler toutes les récompenses. J'imaginais aussi le bobard que je pourrais inventer à ma maman. Je pourrais lui dire que j'étais tombé sur une bande de voyous et qu'ils m'avaient frappé pour initier leur plus jeune recrue. Oui, c'est ce que j'irai dire. Il était tard, il n'y avait plus personne à la patinoire, je pouvais crier, hurler, m'égosiller personne ne viendrait à mon secours. M. Monteiro était particulièrement en colère, pour preuve, ses coups ne s'arrêtèrent pas cette soirée-là. Mon sang se rependit sur la glace ayant pour source mon nez et mon arcade. Je n'arrivai plus à contenir mes émotions c'est alors que je me mis à pleurer, à hurler au secours en espérant que quelqu'un me puisse venir en aide. Je rampai au sol pour partir mais il se jeta sur moi. Affalé sous son corps et lui sur le miens, il descendit brusquement mon jean. Mes fesses furent à l'air froid et effrayant. Je sentis son sexe contre la peau de mon fessier. Je me débattis mais il était bien trop fort pour mon petit corps d'enfant. Il faisait frotter son engin contre moi en jurant qu'il allait me faire la fête, que je n'étais qu'une salope qui n'attendais que ça : se faire mettre. « Putain, qu'est-ce tu fous enculé ? » fit une voix au loin. Je reconnus de suite cette voix, c'était celle du concierge de la patinoire. Mr. Monteiro prit la fuite, on ne le revit plus jamais malgré la plainte portée par ma mère après mes aveux et ceux de mon sauveteur. Il ne fut jamais retrouvé. J'oubliai tous ces événement l'année suivante à l'aide d'une équipe de psychologue. J'eus du arrêter le patinage artistique, une passion enfuit pour mieux oublier cet abominable souvenir.


thirteen years ago


C'était à l'âge de onze ans que je découvris la triste vérité sur mes origines familiales. J'avais longtemps cru que mon père était décédé en partant à la guerre. Allez savoir pourquoi, je m'étais fait cette idée et je la contais à tout mon entourage. Tous connaissait la vérité mais tous se taisait. Je vivais seul avec ma mère à Boston, une mégapole où l'on s'y perdait facilement. D'énormes building occupaient la ville, d'ailleurs, cette dernière avait de nombreuse ressemblance avec la ville de New York sauf que l'on avait pas de statue de la liberté, pas de Manhattan, pas de Central Park, pas de Yellow Cab, pas de.. Bref, les deux villes avaient tout de même leurs différences mais aussi leurs ressemblances. Maman était la secrétaire d'un célèbre dentiste. On vivait parfaitement bien à deux dans notre petit appartement. On ne manquait vraisemblablement de rien mais à part peut-être la présence d'un homme à la maison. C'est alors qu'apparu mon paternel, mon père, mon papa. Il n'était pas mort à la guerre, non. Il revenait de loin, d'une autre vie qu'il partageait avec une autre femme. Niaise comme pas deux, ma mère retomba fine dingue de lui et ils se mirent ensemble pour la première fois -pour la première fois car à leur première rencontre, il ne s'agissait que d'une partie de jambe en l'air qui a donné la naissance à un bébé ; moi-. Déjà que j'avais du mal à accepter sa présence, voilà qu'il m'avait ramené un demi-frère. Oui, papa, dans son autre vie, avait un second enfant. David. Le garçon s'appelait David. Même âge que moi, souriant, drôle mais je ne l'aimais pas. À quoi bon apprécier un inconnu qui se dit être votre frère ? Nous déménagions ensemble à Boston dans un plus grand appartement et on roulait sur l'or, vraiment. Papa était avocat et il s'affairait être assez doué dans son domaine.




In our time

« Lâchez moi ! » hurlai-je en bondissant du sofa de notre salon. En m'apercevant que je venais de rêver, ou plutôt de cauchemarder, ma tête vint automatiquement se poser contre mes deux mains. Mes yeux se fermèrent et j'essayais de retrouver mon souffle habituel. Je m'étais visiblement endormi sur le canapé devant mon émission favorite qui était déjà terminée à mon réveil. J'avais encore fait de maudit cauchemar où un homme in gras me frappe. Je faisais régulièrement ce rêve et ceci n'engageait rien de bon d'après mon avis. Je regagnai peu à peu mon esprit et partis à la salle d'eau où j'humidifiai mon front où des gouttes de sueurs coulaient avec l'eau du robinet. Je portai mon regard machinalement vers mon reflet que la glace au dessus du robinet me permettait de voir. J'étais mal en point. Mon teint était misérablement pâle, j'avais d'énormes cernes et mes lèvres étaient sèches comme jamais elles ne l'avaient été. J'étais simplement épuisé, oui épuisé. Le fait d'opérer des inconnus toute la journée me fatiguait tellement à vrai dire. Je rejoignis la cuisine. J'étais peu vêtu. Simple débardeur blanc et l'un de mes caleçons noirs. De toute manière, seul David, mon frère pouvait me surprendre et puis il m'avait déjà vu dans ma plus grande nature. David et moi vivions ensemble depuis deux ans désormais, à notre plus grand regret. Nos parents avaient jugé qu'il était préférable de continuer à vivre ensemble afin que notre relation fraternel s'améliore. Malgré tout, ce mec n'était pas mon frère. Mon père n'était pas mon père. Ils sont apparus au cours de ma vie, rien de plus. Je n'avais pas la capacité de les accepter, et ceci malgré tous mes efforts - car oui, j'en faisais. Je me servis d'une bière fraiche et la bus rapidement. Je grimaçai, elle était si froide. Quelqu'un toqua à la porte. Qui ça pouvait bien être, il était si tôt, il était bientôt seize heure.. Je m'approchai de la porte en grognant « C'est qui ? ». J'étais de naturel souriant, aimable mais en ce moment, rien n'allait et je n'avais nullement envie d'accueillir quelqu'un à la maison. David n'était même pas présent en plus de ça. « C'est moi ! ». C'était Leïa, je reconnus sa voix fluette et enfantine.Un ample sourire vint automatiquement égailler mon visage, je n'étais pas en tenu adéquate pour la faire entrer. Je parcourais avec difficulté le salon pour retrouver l'appartement et en profitai pour jouer avec la jolie brune sans même lui ouvrir. « Qui moi ? » enchainai-je. « Bah.. moi. » J'avais rencontré Leïa il y a quelques années à l'hôpital. Une petite pyromane pour qui j'éprouvais des sentiments. Oui, j'en étais amoureux mais je ne pouvais pas me permettre de perdre ma place, donc j'évitais tout rapprochement trop.. proche. Pour pimenter le tout, on vivait dans le même immeuble. À croire qu'un seul immeuble occupait Boston. Je retrouvai mon slim et l'enfilai rapidement. « Je ne connais pas de "Moi" ! » dis-je en m'approchant de la porte, les clefs à la main. J'ouvris rapidement la porte et l'aperçu enfin, elle était si belle. Je n'eus le temps de lui dire bonjour que mon slim tomba à mes chevilles. J'avais visiblement oublié de mettre une ceinture.