J'avais passé la nuit ailleurs. Dans un bar quelconque à réfléchir sur ma vie, sur où j'en étais, accompagné d'un verre de vodka/soda. C'était comme si je me trouvais seul, seule face aux difficultés de la vie, comme si le temps était au ralenti. J'avais envie de tout, sauf de rentrer chez moi. C'était le week-end, et je n'avais pas d'excuse de travail cette fois pour éviter de parler à ma femme. Je fuyais, oui. Je fuyais le malheur, ou peut-être que je lui courais après. Qui sait. En rentrant de ma soirée, Charlotte dormait, Elisabeth tant qu'à elle je n'en avais aucunes idées. Je m'en fichais. Ou c'était ce que je disais, car elle était bien la seule femme que j'aimais ainsi. Mais ce qu'elle m'avait fait, c'était bien trop dure. C'était le plus gros coup que j'eus à traverser depuis notre mariage. J'avais l'impression de ne plus la comprendre, de ne plus la connaitre. Je n'ai jamais été aussi perdu.

Je me trouvais sur le canapé du salon, à moitié par terre, lorsque Charlotte me réveilla. Elle ne comprenait pas tout, mais savait bien qu'il y avait quelque chose qui se produisait. Elle ne dit rien par rapport ça, se contentant de me faire la morale. ▬ Tu lui manques, je le vois bien. Je ne sais pas ce qui se passe entre vous, et j'imagine que tu es très faché contre elle, mais tu l'aimes. Tu ne peux pas dormir eternellement sur ce sofa Gaby ! Alors je t'ordonne de lui parler. Bon je file. Elle embrassa mon front et claqua la porte derrière elle. Ma petite soeur venait de me faire une leçon de morale, alors que j'étais agé de neuf ans de plus elle. Comme quoi cette situation était un peu pitoyable. Je me levais alors, me dirigeant vers la cuisine. Sortant une tasse rouge et verte du placard de droite, j'entendis de legers pas sur le plancher. Je ne voulais pas me retourner, pas tout de suite. Je versai le café dans ma tasse, y ajoutant un peu d'eau dans le but de le refroidir. J'observais le quartier par la fenêtre, me decidant enfin à me retourner. Elle était là devant moi, à voir certainement si j'étais décider à lui parler ou qi j'allais continuer à l'ignorer. ▬ Bonjour Elisabeth ... Ce fut les deux seuls mots qui sortirent de ma bouche. J'étais prêt à lui parler.

Que je le veuille ou pas, depuis l'annonce de ma femme, je ne cessais de me faire des scénarios sur la personne qui avait draguer et mis enceinte Elisabeth. Ce n'était pas bien, car plus j'y pensais, plus cela me rongeait. Mais si elle est allée voir ailleurs, c'est qu'il y avait un problème avec moi. C'est la conclusion que je trouvais toujours à la fin de ce long travail d'imagination. J'aurais tellement voulu lui demander, lui poser des centaines de questions, comme est-ce qu'elle était amoureuse de lui, voulait-elle me quitter. Autant de questions se chamboulaient dans ma tête, que j'avais à longueur de journées mal au crâne. Et si la réponse aux questions positives, si elle attendait que un signe de moi pour qu'elle se décide enfin à me quitter pour un autre, avec l'enfant dont on rêve depuis des années. Ces pensées ne faisaient qu'empirer les choses, j'étais en clair totalement perdu. Mais le meilleur moyen de savoir, c'était de lui parler. Et bien que la regarder devenait de plus en plus dure, je ne pouvais oublier tout nos moments passés ensemble. Moi qui pensait avoir trouvé la femme parfaite, j'étais loin du compte.

Alors que je me servais un café dans la cuisine, en essayant de faire le moins de bruit possible pour ne pas que ma femme se réveille, mon plan avait échoué et elle se trouvait alors devant moi. J'aimais la sonorité de son prénom, j'aimais le dire à haute voix, ce qui peut-être, lui montrerait que je l'aime. Nous étions tout deux dans une situation génante, et la seule chose que je voulais, c'était de toucher le ventre de ma femme, car même si à ce stade le bébé n'avait pas encore très évolué, j'avais envie d'en être le père, et qu'il sache que je suis là. Mais faire comme si rien ne s'était passé, c'était malheureusement mission impossible. Elle me répondit egalement par un bonjour, s'approcha de moi pour me demander quelque chose. ▬ Il en reste ? Se contenta t-elle de dire, portant son regard vers la cafetière. Je me retournais, comme pour être sur qu'elle parlait bien du café, avant de lui répondre d'un signe de la tête. C'était incroyable, j'avais même peur de parler à ma femme. Nos regards se croisèrent, et un instant elle n'était plus cette épouse infidèle, elle était juste Elisabeth, la personne que j'aimais. Mais cela ne dura qu'un instant. Et un blanc se créa. Ce fut la discution certainement la plus affreuse de ma vie. Habituellement, elle et moi échangions tellement de choses. ▬ Tu sais, le, enfin, notre lit doit être plus confortable que le canapé du salon.. Dit-elle en s'emmêla un peu les pinceaux. Je ne répondis rien, buvant un peu de mon café encore trop chaud. Je soufflais dessus pour le refroidir, sans jamais regarder Elisabeth. Je m'assis au dessus de l'évier, comme à on habitude dans la cuisine, et je regardais enfin la belle brune en face de moi. ▬ Je sais, c'est moi qui l'ai choisi. Répondis-je simplement, d'un ton etrangement neutre. Je voulais tellement lui poser des questions, et que tout ça soit derrière nous, alors je pris mon courage à deux mains. ▬ Tu sais ... je suis enfin prêt à te parler, et à en parler surtout. Je veux ... comprendre.

Lui parler, c'était un pas en avant. Decider enfin de comprendre, que mes questions aient des réponses, peut-être même lui pardonner. Enfin, c'était plus facile à dire qu'à faire, car jamais je n'oublierai que ma femme s'est envoyé en l'air avec un autre homme que moi. Des scénarios monstres que j'imaginais à longueur de journées, et dire que même tout avouer sur ma vie, mes problèmes, à cette fille, cette élève, avait été moins dure. Mais il est vrai qu'àprès quelques verres, c'était toujours plus facile de parler. Peut-être était-ce ça la raison première à son infidelité ? Peut-être qu'un soir, elle avait trop bu, et que sans s'en rendre compte elle avait couché avec un homme. Mais au fond, je ne sais pas si ce scénario là est vraiment que celui du mec qu'elle connait et qu'elle aime. Certainement un peu mieux quand même. Après mon signe de la tête, elle se prépara un café, versant du lait dedans comme à son habitude. Elisabeth avait toujours trouvé le café trop fort pour elle.

Alors qu'elle s'installait en face de moi regardant par la fenêtre, comme moi il y a quelques secondes avant, elle entendit une phrase plus longue que mon bonjour. Elle avala une gorgée de son café, et timidement leva les yeux vers moi. ▬ J'aimerais aussi comprendre ... C'était le comble, elle m'avait trompé et elle voulait comprendre. Je ne répondis rien, ne voulant pas m'emporter sauvagement devant elle. Elle reprit alors, s'excusant. ▬ Je n'ai aucune excuse, je sais que j'ai vraiment.. merdé, et je suis prête à tout pour me faire pardonner, je suis consciente que ça ne se fera pas du jour au lendemain, mais je suis sincère … Je tiens à ce que tu le saches. Elle avait merdé, c'était le cas de le dire. Mais pouvais-je vraiment lui en vouloir eternellement, alors qu'elle portait un enfant, qui dans plusieurs mois allait naître ? Je n'étais pas cruel, j'étais juste blesser, mais jamais je ne penserai à la laisser tomber, qu'elle se débrouille desormais seule avec un bébé dans les bras. Non, ce n'était pas possible, pas de ma part. Une fois de plus, je répondis rien, mais je voyais bien qu'elle était sincère dans ses propos. Elle reprit encore, tentant de me persuader d'oublier. ▬ Je ne peux pas, je ne sais pas comment t'expliquer ce qu'il s'est passé. C'était stupide, et immature, c'est juste arrivé, je ne l'avais prévu, je ne l'aurais même jamais imaginé. Je voudrais effacer tout ça, crois moi, je voudrais juste que l'on puisse recommencer à zéro... Oublier ? Oublier disait-elle bien sur mais seulement si je me prenais un coup violent sur la tête et que j'oubliais jusqu'à mon nom. Je n'allais pas la laisser parler toute seule, je me devais de répondre, enfin. ▬ Tu sais Elisabeth, j'aimerais pouvoir oublier, mais tu portes l'enfant d'un autre homme, et dans ces conditions ça deviens légèrement plus difficile. Répondis-je d'une voix douce, ce qui ne collait pas du tout avec la situation. Je m'étonnais moi-même, alors que la seule chose que je voulais c'était de lui crier dessus pour faire sortir toute ma colère. Je bu une gorgée de mon café, qui était devenu moins chaud. ▬ Je le connais ce type ? Car je t'assure que si je le connais, il entendra parler de moi. Dis-je moins calmement qu'avant, assez pressé d'entendre la réponse de ma femme.