i'll be there for you when the rain starts to pour

NOAH'S ARK CAN'T SAVE US ALL 
can we forgive the things we've done ?

« Un stéréotype. Un jugement absurde et irréfléchi, une généralisation excessive. Une vraie saloperie, une vulgaire idéologie. Il est un leurre, une tromperie blessante. Il assombrit la vision erronée et sombre l’âme dans l’océan des tourments.
Je ne suis qu’une stupide nègre mal éduquée qui vandalise les murs de leur leur puritaine Amérique blanche et lisse. Je ne suis qu’une racaille, une fille au masculin qui imite ces pseudos-artistes geignards, ignorants de Shakespeare, immaculée de tout soupçon d’intelligence. Une pauvre jeune barrée toxico qui finira prostituée ou femme au foyer. Une pétasse sans repères et désemparée, issue d’un ghetto, qui casse des vitres pour assouvir un réel besoin d’attention manqué tout au long de son enfance.
Mais le stéréotype est aussi un défi à relevé. Celui de le démontrer. »
Jordan mire la feuille attentivement et tourne inlassablement un crayon de papier, qu‘elle tient de sa main droite. Ses traits se durcissent, elle fronce les sourcils. La jeune femme grimace. « Ca craint, c’est nul. » sussure-t-elle, déçue. Jordan ferme subtilement les yeux et inspire. Le vent souffle et heurte délicatement son visage. Sa peau douce, le teint cuivré, elle frissonne au contact des rayons du soleil. Elle écoute le chant des mouettes qui appellent et le fracas des vagues s’éclatant sur la plage qui répondent. Jordan s’enivre de ces sons qui résonnent dans sa tête. La nature parle mais personne jamais ne l’écoute.
Elle rouvre les yeux et lève le regard au ciel. La jeune femme enfonce ses pieds dans le sable, ces millions de petits cailloux rugueux, qui caressent alors les pigments de l’épiderme d’une bien violente façon. Ses cheveux châtains clairs calamistrés volent et se plaquent sur ses pommettes. Ses lèvres prennent une forme différente, son expression change. Elle sourit. Jordan ne croule pas sur l’or, sa vie n’est pas un conte merveilleux semées d‘aventures formidables, sa vie est banal. Jordan a un père, une mère, une sœur qu’elle déteste parfois mais aime par dessus tout, Jordan a des amis sur qui elle peut compter mais aussi d’autres qui vont l’abandonner. Jordan est passionnée, Jordan aime, Jordan déteste, Jordan pleure, Jordan s’énerve, Jordan rit mais Jordan n’est qu’à l’aube de sa vie. Jordan est heureuse.
Dans ses yeux y brillent l’espoir et d’un vert choyant, ils expriment la saveur d’une quête au bonheur. La lecture de l’âme se fait par le regard ; il n’est ni trompeur, ni menteur. La sienne est pure et vertueuse, et de son innocence angélique, elle trouve sa plénitude dans les louanges et l'amour qu'elle adresse au Miséricordieu.
Et maintenant, elle prie le Seigneur de bien vouloir s'occuper de ces personnes qui lui sont chères. Car ce soir, une autre vie commence. Un nouveau chapitre lui est ouvert. Ce soir, elle quitte sa bien-aimée pour une étrangère. Ce soir, Boston lui est offert.
Jordan baisse la tête, agrippe fermement le bout de papier, pointe le crayon et avant de s’adonner et de basculer dans un autre univers, elle récite religieusement d’une voix claire :
« Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour, selon ta grande miséricorde efface mon péché. Lave-moi tout entier de ma faute, purifie-moi de mon offense … voici je suis né dans l’iniquité, et pécheur ma mère ma conçu ; mais Tu veux que la vérité soit au fond du cœur : fait donc pénétrer la sagesse au dedans de mois »
Jordan frissonne. Ce sont les cicatrices d'un passé inconnu qui vibrent. Les blessures d'un évènement insoupçonné qui s'infectent.

À toutes ces âmes égarées, je serais leur lumière dans le noir, leur phare à la mer, jusqu’à la rédemption de leurs péchés et des miens. Amen.

FALL IN LIGHT, FEEL NO SHAME FOR WHAT YOU ARE

« She remembers those vanished years. As though looking throusth a dusty window pane, the past is something she could see, but not touch. And everything she sees is blurred and indistinct »

Ô pureté perverse et vice candeur ; beauté sépharique et vertu sensuelle ; pardonne et oubli, enterre et efface. Dissipe les brûlures, ignore les plaies. Noirci le passé d’un nuage embrumé et les souvenirs d’une sombre pénombre. Vie dans l’ignorance, consume-toi de l’intérieur et ton âme lacérée se déchira à en exploser.
Ô mémoire luxurieuse, saigne le cœur, gronde la tête, révèle le secret, dévoile la culpabilité. Ecorche et mutile l’esprit, provoque les remords, fait parler le silence, jusqu’à la vérité.

C'est un homme. Un homme d'une beauté déchirante, d'une candeur insignifiante, d'une virilité violente. Un homme sinistre et mystérieux, marqué par les souvenirs d'un passé houleux. C'est un homme que je croise chaque matin, au détour d'une ruelle. Un homme qui me fixe d'un regard malsain, d'où émane une cruauté certaine. C'est un homme que la haine habite, que la colère ronge ; il semble hanté, il semble me haïr pour une raison que j'ignore. Son doux visage m'évoque un souvenir. Un souvenir oublié. Noir et profondément enfoui, que je n'arrive qu'à effleurer. Aux tréfonds de mon âme, j'entends le bruit d'une fracture, je la sens se fissurer. Des bribes d'images me reviennent.
C'est un homme, aussi, que je fixe ; et quand, alors, mes yeux rencontrent les siens, bleus envoûtants, un parcours de frissons parcoure ma nuque alors qu’un silence assourdissant perdure et résonne calmement sur les murs en béton de la ruelle. Je sens mes membres se crisper et vois ses mains se serrer.
Une force inconnue, une force dangereuse, nous rapproche peu à peu. La tension est de plus en plus forte, la tentation me guette. Le désir augmente.
J'y cède. J'y succombe. J'y tombe.
C'est un homme que la haine habite, que la colère ronge ; il semble hanté, il semble me haïr pour une raison que j'ignore. Son doux visage m'évoque un souvenir. Un souvenir oublié. Noir et profondément enfoui, que je n'arrive qu'à effleurer.