Nous étions lundi, les cours avaient repris. En partant au travail, je n'avais pas adressé ma parole à Elisabeth, je ne l'avais même pas croisé d'ailleurs car je partais de plus en plus tôt. Il fallait bien qu'on parle un jour, mais c'était encore trop tôt pour moi. J'avais pris ma voiture noire cinq places et cinq portes que j'avais acheté il y a un an. J'en prennais soin, comme tout mâle qui se respecte pour ne pas qu'elle ai une rayure ou une bosse. J'avais pris un café au starbuck coffee, et comme à mon habitude : je râlais contre les autres automobilistes. Les pauvres, je les insultais de tout les noms que je trouvais. Après une vingtaine de minutes, j'arrivais enfin à ma place de parking. L'université. Si plus jeune on m'aurait dit qu'à mes vingt-cinq je serais professeur de français, habitant de Boston et marié, j'aurais rit. Comme quoi la vie nous résèrve parfois des surprises. Je marchais dans les couloirs de l'université, retirant ma veste en cuir. Je saluais mes collègue, et souriais à mes élèves. J'étais apprecié ici, j'essayais d'être sympatique et compréhensible avec les élèves, ce qui facilitait les rapports humains. J'entrais dans ma salle de classe, des élèves étaient déjà présents. Je remarquai immédiatement Jezaleen, au premier rang comme toujours. Je n'osais pas la regarder en face, pas après notre dernière rencontre. ▬ Sortez vos affaires, le cours va commencer ! Dis-je sans levais la tête vers mes élèves. Peu de temps après, la sonnerie retentit. Tous s'assirent, je débutais alors mon cours. Une heure à parler en français, à l'expliquer, à faire mon travail. Mais pour une fois, j'étais ailleurs, pas très concentré sur mon cours et moi-même pas très passioné. Habituellement, parler de ma langue était une vraie joie car je n'en avais que très peu l'occasion à Boston. Une fois de plus, la sonnerie indiquait la fin du cours, les élèves quittèrent peu à peu ma salle, rejoigant la suivante. ▬ Jezaleen, puis-je te parler ? Demandais-je, bien que ce ne soit pas réelement une question. Je devais tirer les choses au clair avec elle.

M'ouvrir aux autres, parler de mes peurs, de mes joies, de mes meilleurs et pires souvenirs, parler de moi, de ce que je ressens au plus profond de mon être : c'est une chose que je n'ai jamais su faire, et ce n'est pas faute d'avoir essayé. Le problème, c'est que je n'aime pas parler, sauf si c'est un sujet qui m'intéresse, et j'aime encore moins me plaindre, alors que la planète Terre est faite de souffrance et de tristesse. Et pourtant, après vingt-cinq ans de ma vie, une chose allait mal. Ou plusieurs, mais je préferais regrouper le tout. La première c'est que un de mes rêves serait de devenir père, mais que je suis malheuresement stérile. Le deuxième c'est que ma femme m'a trompé, dans mon dos, sans que je ne le sache ou que je ne le devine, avec je ne sais qui, et qu'elle est tombée enceinte. Je ne sais pas ce qui est le pire, qu'Elisabeth m'ai trompé, ou qu'elle soit enceinte d'un autre homme. Moi qui pensais que de toutes les femmes du monde, elle serait la seule à ne pas pouvoir me faire souffrir ainsi. Et je me revois, ce week-end, dans un café à commander de l'alcool en compagnie d'une fille magnifique, intelligente et très gentille, cett fille qui est mon élève, et c'est à elle que je débale tout de ma vie. Une élève.

Ce fut sûrement la décision la plus irreflechie de toute ma vie. Voilà ce qu'on peut faire lorsqu'on est blessé par la femme qu'on aime. Le pire, c'est qu'elle avait beau me draguer et avoir une mauvaise réputation niveau relation amoureuse à l'université, et oui même chez nous les professeurs, ça tourne, cette soirée elle m'avait écouté comme si je parlais à ma meilleure amie. Je fus surpris de voir qu'elle était plus que cette fille sexy et méchante qu'elle veut laisser parraître. Mais cela restait tout de même une idée à la con. Alors que nous étions la fin de mon cours de français, je lui avais demandé de venir me voir pour qu'on parle. ▬ Evidemment Gabriel ... enfin, monsieur. Dit-elle en essayant de sourire, mais je voyais bien que ce n'était pas réel. Bien entendu, j'avais aimé lui parler, me confier, savoir qu'on pouvait m'écouter. Mais ce n'était pas le problème, tout cela ne m'aurait pas le moins du monde derrangé si elle n'était pas mon élève. ▬ S'il te plais, ne me dit pas que tu regrettes pour l'autre fois, pour cette conversation, sinon j'aurais l'impression d'agir correctement alors que ce n'est pas le cas. Dit-elle en souriant vraiment cette fois. Mais chez moi, la raison emportait toutes les autres batailles. C'était mal, même si nous n'avions fait que discuter toute cette soirée, si un de mes supérieurs s'averait être au courant de cette rencontre nocturne, je pourrais dire au revoir à mon travail. Et mon travail, c'est ce qui me procure du bien, même si tout va mal comme aujourd'hui. ▬ Jezaleen ... je sais que tu es intelligente, et tu peux donc comprendre que je crains de perdre mon travail. Je n'ai rien contre toi, mais nous ne pouvons pas continuer à nous voir, et j'aimerais que tout ce que j'ai pu te dire ce soir là reste entre nous ... Répondis-je, bien que la fin de ma phrase sonne comme une demande.