Spoiler:

i'll be there for you when the rain starts to pour

12 ANS AUPARAVANT - « On doit trouver leur faille, quelque chose qui les rende impuissants » annonça le mari à sa femme. D’un geste agacé il fit signe à leur femme de ménage de déguerpir sur le champ. La jeune femme acquiesça de la tête et se mordilla nerveusement les lèvres. Monsieur Salmon soupira et émit un grognement avant de se prendre la tête entre ses robustes mains. Sa femme, assise dans un de leur fauteuil en cabriolet émeraude éclata alors en sanglots. Son mari accourra à elle, et la serra entre ses bras. « Je te promets qu’ils ne s’en sortiront pas comme ça. Ces salopards ne vont pas nous avoir et je vais les retrouver ! Je vais LA retrouver, lui murmura-t-il à l’oreille avec conviction. Des larmes commençaient à perler sur son visage. Il se leva soudain, et tritura sa barbe. « Ce soir, Dagný sera de retour avec nous, j’ai bien dit ce soir ! » Il partit alors, claquant la porte du manoir. Effarée, Madame Salmon se mis à trembloter fébrilement, attendant le retour de son mari mais surtout inquiète de ce qu’il allait bien pouvoir faire.

5 ANS AUPARAVANT - « Je t’aime… malgré tout ce qui a pu se produire dans notre couple, ce que nous avons dû surmonter, ce que tu as pu faire. » Vexé, le mari se dégagea des bras de sa femme. « C’est à dire ? » lui répondit-il avec méfiance. Madame Salmon leva les yeux au ciel, et soupira. « Voyons chéri, tu n’as pas à réagir ainsi, je disais juste que… » Elle s’arrêta soudainement, pensive. Elle voulut montrer son affection à son conjoint en lui empoignant la main mais celui-ci la repoussa. « Pourquoi tu fais ça ? Tu penses que c’est utile de se remémorer cette période ? Car ne me prends pour un con ! Je vois très bien à quoi tu fais allusion ! » Kobe s’était renfermé, et lui qui gardait d’habitude son calme, il était devenu nerveux, se rongeant maladroitement les ongles. « Tu n’as pas à t’inquiéter, je ne te juge pas ! Nous traversons une période difficile. Je voulais juste te montrer, que j’étais là… » Se voulut rassurante, la femme au foyer. « Tout ce que tu montres en ce moment, ce n’est qu’une femme aigrie, bien trop méfiante et hypocrite ! Le problème, c’est toi, Madison ! C’est toi… » Choquée, la femme en question, se leva du canapé. Abasourdie, elle tritura fébrilement ses doigts. Beaucoup de choses se bousculaient dans sa tête. Elle se remémorait ses actes, ses paroles dites, les récentes disputes. Et puis, elle se souvint de ses soirées passées au bar, buvant diverses alcool, et ce, pendant de longues heures. Des longues heures, qu’elle aurait dû normalement passer à un club de gymnastique. Oui, ses mensonges, de nombreux mensonges d’ailleurs qu’elle annonçait à ses proches sans regret pensant qu’il était préférable pour eux qu’elle agisse ainsi. Et puis, la situation actuelle avec sa fille unique. « Je pensais bien agir, je croyais que tu étais d’accord avec ce que je faisais. Tout ça, c’est pour son bien, je fais tout pour la protéger. Et je veux qu’elle comprenne… » « Tu l’as détruit plus qu’autre chose… » Coupa sèchement son mari. « Tu lui ôtes toute vie relationnelle, elle n’a plus le droit de rien faire et ne peut plus voir personne ! » ajouta-t-il. « Tu parles du jeune Paxton ? Le fils des voisins ? Il n’est pas fait pour elle, et il pourrait lui faire du mal, tout comme son ami, le nouveau qui vient de s’installer. Je n’aime pas ses fréquentations, c’est tout. » Dit-elle entre deux sanglots. « Tu vois le mal partout Madison. Elle a le droit d’avoir des amis tout de même ! Je ne vois pas en quoi ces deux garçons sont un mal pour elle ! Tu ne veux plus la lâcher, depuis cette histoire, tu… tu es différente. » Les larmes ne cessaient de couler sur le visage de cette femme autre fois accomplie. « Et toi alors, tu n’as donc rien à te reprocher ? Le soir où tu l’as ramenée à la maison, tu peux me dire ce que tu as fait pour la sauver ? » « Ca ne te regarde pas et tu devrais plutôt me remercier de l’avoir fait ! Je n’ai donc rien à me reprocher ! Je l’ai fait pour elle, pour nous, pour notre famille ! Tu te serai vu vivre sans elle toute ta vie ? C’était notre enfant ! » Dit-il avant d’enfiler sa veste et de lancer un dernier regard à son épouse. « Je vis dans le doute Kobe ! Dans le doute depuis des années ! » Cria-t-elle mais celui-ci avait déjà claqué la porte de la demeure.

AUJOURD’HUI – « Voilà pour toi ! » annonça sa sœur, avec dans les mains une liasse de feuilles semblants écrites à l’ordinateur. « Tu ne pensais tout de même pas que vivre chez moi se ferai naturellement ? » Lóvisa, à la vue du paquet, fit la moue. Elle avait tout de suite compris la nature des nombreuses lignes que comprenaient les feuilles. Des règles, des règles de vie, de nombreuses règles qu’elle devrait respecter, car ce n’était pas sans conséquences que ce ferait son installation chez, son aînée. Cela faisait maintenant une semaine que Hlin avait accueilli sa cadette dans son appartement. La place ne manquait pas, de plus, son colocataire Andrew paraissait enchanté de faire la connaissance de la jeune Salmon. L’entente était parfaite. Les deux jeunes sœurs partageaient beaucoup de chose et s’entraidaient dès qu’elle le pouvait. Il paraissait évident que Hlin laisse Lóvisa emménager avec eux.

Les balançant de gauche à droite, passant une main dedans, sa chevelure brune virevoltait dans tous les sens. Sa vue devenait petit à petit trouble et elle tentait tant bien que mal de tenir encore debout. Elle humidifia ses lèvres d'un rapide coup de la langue avant de prendre la sage décision de s'éclipser un moment aux toilettes. Dagný déambulait dans la grande cave cherchant désespérément le lieu où elle pourrait se rafraichir. Bientôt, un homme à l'allure robuste s'approcha d'elle, quand elle eut tout juste le temps de crapahuter les hautes marches d'un étroit escalier. A plusieurs reprises, la jeune femme faillit chuter, mais elle pouvait encore, tout juste, se rattraper à la rampe en bois. Une rampe, qui d'ailleurs, offrait au contact de sa main, une sensation pâteuse et collante. Nombreuses mains avaient dû se retenir à elle, évitant alors une chute imminente, menant leur visage tout droit vers une marche en pierre. Une dégringolade qui aurait pu mener directement un de ces jeunes à l'hôpital. Lóvisa arriva alors à l'étage. Elle pouvait entendre au loin les nombreux cris qu'avaient émis certains fêtards à l'entente du titre « Personal Jesus » de la star incontesté de ce pub Marilyn Manson. Ses oreilles bourdonnaient et la désagréable sensation qu'elle pouvait ressentir dans sa bouche lui donnait l'envie de vomir. Elle se dirigea alors vers la première porte qu'elle pouvait atteindre et se faufila à l'intérieur de la pièce. Pendant quelque instant, le noir régna dans la minuscule salle, bientôt, une envie de panique voulu l'envahir mais elle trouva à temps, l'interrupteur. Même sensation collante. La pièce s'illumina soudain avec difficulté et un des néons au plafond paraissait hésitant, clignotant sans cesse. Dagný était resté immobile, les mains plaquées sur son visage comme protection à la lumière aveuglante et ce, pendant bien cinq minutes. Elle qui avait été plongé durant toute une soirée dans le noir avait du mal à réhabituer ses yeux à la lumière. Une lumière qui justement, offrait un air blafard à la pièce. Elle pouvait écouter le vent, qui, dehors soupirait entre les sapins. Soudain, une remonté lui vint à la bouche et ce fut à ses pieds que Lóvisa rejeta toutes les boissons et diverses pilules qu'elle avait ingurgité au cours de la soirée. Elle remit alors une de ses mèches lisses en place, juste derrière son oreille avant de s'essuyer d'un bref geste la bouche. La jeune femme se plaça alors devant sa glace et s'observa de la tête au pied ou du moins, jusqu'au bassin, là où s'arrêtait le miroir, étant stoppé durant sa course par un modeste lavabo à moitié cassé. Maladroitement, elle ré-ajusta sa robe noire cachemire et remit à l'endroit son collier. Elle tourna alors de sa main droite le robinet, d'où, un jet en sorti quelques secondes plus tard. A plusieurs reprises, Dagný se jeta au visage de grandes quantités d'eau. Ne voyant que ça pour s'essuyer le visage, elle utilisa le bas de sa robe au risque de l'abimé. Non, après tout, ce n'était que de l'eau…

« Bordel, mais t’étais où ? Tu te fous de ma gueule et… Oh mon dieu, tu pues l’alcool Lov’ ! » ajouta avec dégout Hlin. Se prenant la tête entre ses mains, la jeune femme ne cessait d’engueuler sa sœur, de la menacer et de lui faire la moral. « T’as pas le droit de prendre exemple sur moi, je veux pas que tu deviennes une trainée, à faire les pubs tous les soirs ! T’as pas le droit de me faire ça ! ». Lovisa restée immobile, adossée au canapé crème du salon. Les larmes étaient de la partie… Soudain la porte d’entrée, claqua et Andrew fit son apparition. « J’ai cherché partout et… » Soudain, à la vue de Dagný, il se stoppa net. L’air ahuri, il n’osait bouger du palier. Au bout d’un certain temps, il jeta les clefs sur la table de la cuisine, et se rua vers Lóvisa. Il s’agrippa d’abord à ses épaules de manière brusque puis se jeta dans ses bras. Sonnée, la jeune femme n’était pas en mesure de tout comprendre. Quelques bribes de mots, de phrases… « T’étais où ? On s’est inquiété toute la soirée avec ta sœur » ou encore « T’as fumé ? Vodka… oui, c’est bien de la Vodka… bon, allons la coucher, demain, oui, on s’en occupera demain… ».