i'll be there for you when the rain starts to pour

« Cours Alessandra, cours ! » « NON, maman ! » « Je t'en prie ma chérie, cours, cours loin, cours jusqu'à ce que tu sois épuisée et que tes jambes ne supportent plus le poids de ton corps, cours et cache toi, vite ! » « Je veux pas te laisser maman. » La petite fille tentait tant bien que mal de calmer son rythme cardiaque en respirant lentement mais sûrement. En vérité, tout n'était que chaos dans tous son être, ses pensées s'emmêlaient, elle ne savait plus quelle décision prendre. Elle, qui était si mature pour son âge, prenait toujours les bonnes décisions en temps normal. Mais là, rien n'était normal. Elle se mit à pleurer et sa mère essuya du doigt une de ses larmes. « Tu n'as pas le choix ma puce. Je t'aime tu sais. » « On se reverra hein maman, dis-moi qu'on se reverra. Croix de bois, croix de fer ? Hein maman ? Croix de bois, croix de fer ? » La femme contempla sa fille un instant, ne sachant que répondre, le visage grave, le sourire triste. « Je ne peux pas te le promettre Lessa. » Les larmes lui montaient aux yeux à présent, elle ôta son collier. C'était une simple chaîne en argent avec une pierre précieuse en pendentif : l'améthyste. Elle enferma le tout dans la main de sa fille, veillant à ce que celle-ci la tienne bien. « Garde-le toujours autour du cou, comme cela, je serais toujours avec toi, dans ton coeur. File maintenant... » Elle embrassa son enfant une dernière fois, puis, Alessandra s'en alla en courant, trébuchant un bon nombre de fois, la vision brouillée par le torrent de larmes qu'elle n'arrivait pas à retenir. Elle se retournait sans cesse, vérifiant que personne ne la suivait. Elle comprenait à présent, sa mère l'avait sauvé : elle s'était sacrifiée elle pour que sa fille ait la vie sauve. Ces hommes qui s'étaient introduits dans la maison, ces tueurs, ils cherchaient quelque chose, mais quoi ?


Je n'avais que sept ans quand cela s'est passé, et pourtant, je me rappelle tous les détails, un par un. Ma mère me manque, plus que mon père, que je n'ai jamais connu. Mon paternel était un chercheur, un jour, il est parti en Russie pour je ne sais quelle raison, tout ce que l'on a retrouvé de lui, c'est une photo de maman qu'il avait gardé dans son porte feuille et qui avait résisté à l'incendie. En effet, je suis orpheline, et j'ai été transporté de famille d'accueil en famille d'accueil jusqu'à mes seize ans, âge où j'ai décidé que j'étais capable de me prendre en main. J'ai toujours été très sage dans mes décisions mais lorsque j'ai décidé de venir habiter à Boston, je n'avais pas la moindre idée de ce que j'allais y faire. Une chose était sûre, c'était que je voulais m'éloigner le plus possible de Kincardine.


À mes dix sept ans j'ai donc commencé à travailler pour me payer un appartement, j'enchaînai les petits boulots, ne consacrant que peu de temps à mes études que je galérai à payer, elles aussi. Je ne pouvais cependant pas me résigner à les abandonner, je devais rester au niveau des gens de mon âge et puis, ne pas aller en cours c'était un peu, fuir la population de Boston. La majorité des personnes habitant dans cette ville avait à peu prés mon âge. Malgré mes tentatives pour être sociable avec les gens et me faire des amis, ils abandonnaient très vite en voyant que je ne pouvais pas sortir beaucoup.


Maintenant trois ans que je vis à Boston et je n'ai pas énormément de personne dans mon entourage quoique cela ce soit un peu améliorer il y a un an lorsque j'ai commencé des études de photographie. Et puis ce sont de véritables amis. Le loyer pour l'appartement ne pose plus vraiment problème, j'ai réussi à économiser pas mal d'argent avec tous les boulots, plus minables les uns que les autres, que j'ai exercé. L'amour n'est pas en haut de la liste de mes priorités pour le moment, je me concentre sur mes études et croise les doigts pour un jour réussir ma vie. Qu'elle soit, professionnelle, amoureuse ou sociale. J'ai cessé de croire aux rêves d'enfants et je sais bien qu'il faut travailler dur pour obtenir ce que l'on veux. Au fait, le prochain qui tente de me voler mon collier, je le détruis. Psychologiquement parlant.