i'll be there for you when the rain starts to pour

« No' tu peux m'aider avec ces papiers, c'est pour la fac ça me prend la tête. » « Appelle maman tête de noeud. » « Noah ! » Quand il s'agissait de mettre son cerveau action, de connecter deux neurones, je ne pouvais jamais compter sur lui, c'était toujours pareil. « Tu peux pas lâcher ta console deux minutes, merde c'est toujours pareil avec toi ! » « T'es grande Trish, démerde-toi seule, j'vais pas faire tes devoirs à ta place pendant qu'on y est ! » « C'est administratif, si tu prenais juste trois minutes de ton précieux temps pour y jeter un coup d'œil, ce serait réglé aussi vite et on classerait l'affaire. » « J'suis occupé là. » « Comme toujours, si c'est pas avec ta manette, c'est avec la voisine. J'comprends que Jude t'ait laissé. » « RÉPÈTE-ÇA ? » Mais j'étais déjà partie, furieuse. Il avait beau être mon grand frère adoré, il avait le don de me mettre sur les nerfs comme personne. Entre nous le ton montait souvent, mais comme on dit, une petite rébellion de temps en temps est comme un orage qui purifie l'atmosphère. En soit, l'air est plus pur qu'en haut de l'Everest à la maison. Cependant, il savait se montrer adorable quand cela lui chantait, donc malgré ses sautes d'humeurs, mon frère était mon meilleur ami, mon roc sur qui je m'étais reposée depuis tant d'années. Noah et moi avions à peine deux petites années d'écart, nos parents, trop impatients de recommencer à pouponner ( version officielle, moi j'aurais pas formulé ça ainsi ), avaient refait un enfant immédiatement après le premier. Même si on passait beaucoup de temps à s'engueuler, je serais totalement perdue sans mon grand frère, il avait toujours été là, à tous les grands évènements de ma vie. Peut-être même plus présent que nos propres parents. « Bon, fais-moi voir cette merde Trishy. » Je l'avais dressé mon frère, j'arrivais à le faire s'excuser, ou presque. Nous vivions ensemble depuis maintenant cinq ans, dans un petit appartement dans le centre, un immeuble assez chaleureux, même si je haïssais nos voisins de palier. Mais nous étions tranquilles ici, pas de parents, pas de couvre-feu, pas de règle. Ou presque. « Merci. »

Louis de Troismont. Le français pété de tunes, arrière petit-fils de je ne sais quel grand baron, celui qui vient à l'école en voiture avec chauffeur jusqu'à l'âge d'avoir sa vespa ou sa mercedes. Louis c'est le mec sur qui chaque meuf du lycée a eu le béguin au moins une fois dans sa vie, Louis c'est le mec qui en rien à foutre, Louis c'est le mec qui était amoureux de moi. « Un jour on sera des vrais amoureux, et tous les garçons seront jaloux, car c'est toi la plus belle de la cour de récrée. » Nous avions cinq ans à l'époque, et jusque nos vingt-deux ans nous furent inséparables. D'abord ancrés dans une profonde amitié, celle-ci se transforma rapidement en amour, et vint l'âge des premières expériences. Premier baiser, premier rendez-vous, première nuit. « J'ai entendu dire que Louis et Trish avait rompu hier soir, tu crois que j'ai une chance ? » « Oublie-le Beth, ces deux-là sont le genre à être un couple même quand ils ne sont pas ensembles. » « Je les hais. » « À qui le dis-tu ! Trish sort avec le mec le plus convoité de la ville depuis qu'elle a cinq ans, je peux pas le croire. On m'apprendrait leur mariage que j'en serais qu'à moitié étonnée. » Appuyée contre un arbre, derrière le banc sur lequel étaient assises Beth et Tasha, je gloussais. Ces filles étaient jalouses de moi depuis la maternelle, je ne compte plus les conversations sur Louis et moi qu'elles avaient pu avoir. D'ailleurs, leur contenu n'avait pas grandement évolué. Contournant l'arbre, je me faufilais jusque leur banc et leurs tappais sur l'épaule. Elles se retournèrent, affolées « Les filles, on est en terminale, il serait peut-être temps de vous trouver un mec plutôt que de fantasmer sur le mien. » Je tournais les talons, fière de moi, puis ajoutais dans prendre la peine de me retourner. « Aufaite Beth, vérifie tes sources la prochaine fois, mais je peux te garantir que Louis et moi sommes toujours ensemble. »

« Ce mec te méritait pas, si je le croise dans la rue, je lui refais son portrait. » Noah ne l'avait jamais aimé, j'étais d'ailleurs persuadé que sous cette fausse façade de "Je suis triste pour toi sistah.", il jubilait. Quel enfoiré, lui tout craché. « Crois-moi, je m'en suis déjà chargée. » lançais-je, de la rancœur dans la voix. « Oh Trishy a le cœur brisé. » « C'est pas drôle imbécile. » Il faisait son malin, mais quand Jude l'avait largué quelques mois plus tôt, il en disait pas autant. Il avait joué avec le feu, puis s'était brûlé, on ne peut pas dire qu'il ne l'avait pas cherché. Et maintenant c'était à mon tour de jouer les pauvres cœurs esseulés. Les autres filles avaient eu raison de notre couple, soit disant qu'il avait besoin d'aller voir ailleurs, de découvrir d'autres choses, d'autres femmes, afin de se conforter dans l'idée que j'étais la bonne. Que des conneries ! La vérité c'est qu'il avait envie de baiser avec d'autres filles, mais que trop bien élevé il ne m'avait jamais trompé. Alors il faisait son pseudo-romantico-honnête mais ça prenait pas avec moi. C'était fini, c'était fini, pas la peine de faire demi-tour, il ne pouvait plus faire machine arrière. Alors qu'il s'amuse, qu'il aille voir ailleurs autant qu'il lui chante, mais si en chemin il réalise qu'il a fait la connerie de sa vie, qu'il ne revienne pas vers moi, j'aurais déjà tourné la page. « Noah .. » « Oui ? » « Tu joues avec moi ? » « À quoi ? » « À me trouver un mec pour la nuit, j'ai un trop bon scénario en tête ! » « Je t'aime Trish. » « C'est cool mais tu m'aimerais toujours demain, en attendant tu m'aiiiiides ? » Moi aussi je t'aime No'.