" Let's have some fun "

Déposant, tout en regardant à droite et à gauche que personne ne me voit, l’araignée dans la boîte aux lettres de Mila, je me sentais comme un gosse. Toutes les conneries que je n’avais pas pu faire à l’époque de mon enfance et mon adolescence, je les faisais aujourd’hui. Mesquin et sadique ? Ouais, je pouvais l’être. Mais c’était tellement drôle, puis j’acceptais parfaitement en retour qu’on me rende l’appareil … Enfin, en règle général. Faire chier mon monde, c’était un passe-temps unique et vital. Alors je pouvais bien avoir la « qualité » d’accepter qu’on puisse me faire pareil.

Refermant le tout, je me dirigeais vers l’ascenseur, afin de rentrer chez moi et travailler. En attendant de rendre visite à Mila le soir-même, pour m’assurer que ma blague avait bien fonctionné. J’aimais me lancer ce genre de défi totalement dingue. Autant dire que celui-là serait ardu. Elle détestait les araignées, elle ne rigolerait sûrement pas. Mais ça passerait, j’avais fait bien pire auparavant. Je sifflotais en attendant que les portes ne s’ouvrent quand j’entendis des pas derrière moi. Me retournant, un long sourire s’afficha sur mon visage.

« Tiens, tiens … Venue illuminer ma journée, princesse ? » lançais-je à Bonnie. Jolie brune, grande et fine, parfaite représentation de Cléopâtre, du moins telle que je l’imagine. Depuis deux ans que nous vivions ici, j’aurais pu elle aussi la séduire. L’idée m’avait bien évidemment traversé l’esprit. Et pendant un temps je m’étais acharné à arriver à mes fins. En vain. Si Mila avait été « difficile » à conquérir, Bonnie avait été pire. Plus que ça même. Elle avait le don de vous faire croire que vous aviez vos chances. Que vous touchiez presque le paradis. Puis, on n’y était pas du tout.

Alors nos flirts avaient été longs au départ. Cela nous avait permis de mieux nous connaitre. Enfin, en partie, elle ignorait quelques petites choses sur moi. Chacun avait son jardin secret après tout. Comme mon véritable métier et puis Elea. Bon, elle savait qu’elle était dans ma vie, qu’on était amants, mais elle ignorait ce que j’en pensais. Personne ne le savait d’ailleurs. Et c’était mieux ainsi, je préférais régler le problème seul. Tout ça pour dire qu’on était devenus amis. Avec nos défauts et nos qualités. Bonnie adorait me critiquer et me balancer les pires trucs à la figure. Moi, j’adorais l’emmerder, la titiller sur des petites choses et lui montrer que j’étais meilleur dans tel domaine. Elle ne supportait pas de perdre, et ça … c’était génial. On s’engueulait et on se chamaillait. Mais on était comme les cinq doigts de la main en même temps.

« Alors, comment s’est passée ta journée ? Longue sans moi j’imagine … La prochaine fois, je peux t’accompagner, si tu veux. Je suis sûr que tu rentrerais furibonde et rouge écarlate, » poursuivais-je en riant légèrement. Une journée entière ensemble ? Ce serait foutre le feu à tout l’immeuble.

CREDITS undecided mind & Alexkah

Gaspard m’avait réveillé. Il m’avait mise de mauvais poil, et j’allais le lui faire savoir –enfin du moins à ses maîtres, enfin son maître. Il avait beau être terriblement sexy –le maître oui- j’avais toujours autant envie d’étrangler son caniche quand je l’entendais aboyer du dessous à huit heures du matin. L’heure où doit passer la femme de ménage où-je-ne-sais qui encore. A vrai dire je m’en foutais, je voulais juste que ce calvaire finisse, parce que je risquais de ne pas accepter ce grabuge. J’avais donc enfilé un sweet bleu ciel –pour les détails- et j’étais allée de pied ferme toquer à la porte de mon voisin (autrement dit j’étais sur le palier d’en face). « Bonjour, puis-je vous aider ? » Oh putain il était tout bonnement séduisant dans ce peignoir… je l’imaginais immédiatement nu dessous, et un sourire ce dessina sur mon visage –enfin si mes souvenirs sont bons. En plus il était libre… célibataire si vous préférez, il n’avait pas de copine, enfin si de temps en temps mais seulement pour une nuit. Je ne comptais pas m’en faire mon petit ami –loin de là- mais pourquoi pas pour un soir. Bref, j’étais venue pour tout autre chose il me semble, n’est-ce pas ? « Bon, je vais essayer de faire court. Votre putain de chien me pète les oreilles tous les matins, il y aurait moyen de remédier à ça ?! » Je crois qu’en y repensant je n’ai pas été très aimable. En même temps je n’allais pas me forcer, c’était mon caractère, j’étais impulsive et parfois maladroite, mais que voulez-vous, c’était ainsi et pas autrement. Je crois que je l’avais choqué. Il ne s’attendait pas ça de moi… ou alors il était en bug, mais une chose est sûr, il avait la bouche ouverte. Je me sentis dans l’obligation de rajouter quelque chose, histoire de me rattraper, parce que là il me faisait presque de la peine. « Je ne vais pas appeler la SPA non plus, mais bon, essayez de le calmer, et ça m’arrangerait. » Ouf, il venait de ferme la bouche, je crois qu’il comprenait la situation. Soudain je me suis imaginée une drôle de scénette. Finalement, il n’avait peut-être pas voulu ce chien, c’était son ex qui lui avait laissé, et lui n’avait pas eu le choix de le garder et de le faire habiter dans son appartement. Peut-être que même il aurait aimé que j’appelle la SPA. Oh non, c’est nul. « Je vous offre un thé pour me faire pardonner ? » Mon dieu, lui aussi savait jouer de ses atouts pour se faire oublier. Tss le pire c’est que ça marchait. Enfin pas pour le thé « plutôt chocolat chaud, mais volontiers ». Son appartement était soigneusement rangé, étonnant pour un gars de vingt cinq ans… il était peut-être homo. Aïe.

Une heure et demie. J’étais restée une heure et demie chez ce cher Bastien –ah ben croyez moi, au bout de trente minutes je savais déjà tout de sa vie. Je vous confirme, il est homosexuel. Je n’ai absolument rien contre eux, mais merde, pourquoi les beaux garçons se foutent avec d’autres beaux garçons ? Le monde est quand même mal fait bordel ! Enfin peu importe. J’ai son numéro de téléphone, et puis je compte bien le recontacter, pour boire un verre. Il est aimable, sympathique et attentif, tout le contraire de moi, comme ça on se complète. L’histoire du chien va s’arranger, il va le foutre chez ses parents. Bref passons. Je venais de me doucher, et de m’habiller. Il ne faisait pas très chaud dehors, mais suffisamment pour sortir les ballerines. Ma journée d’aujourd’hui allait être construite à l’improviste, je n’avais aucune idée de ce que j’allais faire et ça m’excitait encore plus –enfin je crois. J’allais pour prendre l’ascenseur (oui j’avais oublié ce détail, j’habite au troisième) lorsque je reconnue Caleb, devant l’engin. D’ailleurs, je n’ai pas dû être discrète, car il m’avait lui-aussi déjà repéré. Il était d’ailleurs en train de me complimenter.« Tiens tiens… mon cher Caleb. Toujours aussi flatteur à ce que je vois » Non je n’étais pas de ce genre, mais là c’était pour me foutre de lui, comme à mon habitude, où à son habitude, enfin les deux. Le naturel reprit le dessus immédiatement. En entrant dans l’ascenseur, je lui « sauta » à moitié au coup, et lui déposa un baiser très sensuel sur ses lèvres –non on n’était loin de former un couple.« Rassures-moi, il se passe bien un truc dans ton slip là ?! » Oui je sais, je suis un peu directe, mais bon, j’ai toujours été comme ça, ce n’est pas maintenant qu’on va me changer. Et puis merde, je venais de passer ma première heure de la matinée à séduire un mec qui m’annonce finalement qu’il était homosexuel, alors j’ai grand besoin de me rassurer et de savoir que Caleb bandait. Ben oui, c’est faisable, et plutôt fort probable. « Hum, excellent début de journée. » Je ne sais pas pourquoi, j’ai marqué un temps d’arrêt, certainement pour me décoller du jeune homme. « Cap ou pas cap de passer la journée avec moi. » Oui je sais c’est un jeu de gamin et alors ?!

« Tiens tiens… mon cher Caleb. Toujours aussi flatteur à ce que je vois »

C’était assez impressionnant comme elle pouvait passer d’une humeur à l’autre. Quelques secondes avant, elle était neutre et à mon approche elle avait souri et avait adopté dans l’immédiat le ton aguicheur qu’elle utilisait toujours en ma présence. C’était une sorte de jeu entre nous. Flirter, flirter et ne jamais dépasser la limite. De toute façon, on avait bien décidé il y a longtemps qu’on ne la dépasserait pas.

« Avec toi, toujours ma belle, tu le sais. J’avoue que je ne savais pas trop comment allait commencer cette journée… mais si tu en fais partie dès maintenant, c’est que ça va être… épique », dis-je en lui souriant. A chaque fois qu’on se voyait, ou qu’on passait plus d’une heure ensemble, ça partait en vrille. Pas dans un mauvais sens. Mais on finissait par se chercher des noises, en rigolant certes, mais tout de même. J’adorais l’emmerder, car son tempérament de feu et de mauvaise perdante me titillait trop pour ne pas l’énerver. Quant à elle, elle n’hésitait jamais à répondre, et elle savait toujours rebondir.

L’ascenseur s’ouvrir et, agissant tel un gentleman, je la laissais entrer en première. Aussitôt les portes refermées, elle se jeta à mon cou pour me donner un léger baiser sur les lèvres. C’était déjà arrivé, plusieurs fois même. Une sorte de « bonjour » à l’européenne. La première fois, je me rappelle m’être peut-être légèrement emballé, pensant que ça voudrait dire… aller plus loin. Mais elle m’avait assez vite remis à ma place en riant, ce qui m’avait stoppé net. S’en était suivie une explication sur ce genre de « bisous ». Du coup, maintenant c’était devenu une sorte de « jeu » pour elle.

« Rassures-moi, il se passe bien un truc dans ton slip là ?! »

Je lui souris mystérieusement. Que s’était-il passé pour que je dois-je la rassurer sur ce détail ? Bien sûr, j’avais des années de pratique et je savais très bien me « contenir ». Cela dit, je restais un homme, un homme appréciant les femmes. Et un baiser de Bonnie était toujours flatteur. Et faisait son effet, même s’il n’était pas « intense ».

« Quoi ? Besoin d’être rassuré, princesse ? Que s’est-il passé ? Tu as réussi à débander ton dernier « partenaire » ? » On parlait souvent cru entre nous. Rien à cacher, rien à avoir honte. Alors pourquoi prendre des pincettes pour ce genre de choses ? « Il ne se passe rien dans mon slip à cet instant, je m’excuse. Il me faut plus qu’un de tes baisers pour ça, » dis-je en lui lançant un clin d’œil. Puis, je décidais d’être tout de même plus cool, j’imaginais que les femmes pouvaient être aussi sensibles que nous sur ce sujet. « Mais t’en fais pas. J’ai eu quelques frissons ».

« Cap ou pas cap de passer la journée avec moi. »

Les portes s’ouvrirent au même instant. J’éclatais de rire avant de sortir. « Cap ou pas cap ». Le jeu le plus vieux du monde. Mais auquel on adorait tous jouer, non ? Du moins, ceux qui étaient partant pour les défis les plus terribles. « Si tu sors la carte du « Cap ou pas Cap », comment puis-je refuser ? Tu me connais trop bien, toi. Ce n’est pas bon pour ma réputation. Alors, où avais-tu prévu d’aller verser ton venin, aujourd’hui ? »

La journée promettait d’être bien plus intéressante qu’elle n’avait commencé.

Caleb et moi… je ne me souviens même plus comment on s’était rencontré pour la première fois, enfin si, je suis en train de vous mentir, je me rappelle quand même de certains choses. La première est qu’il était complètement défoncé, mais rassurez-vous je n’étais pas loin derrière. La deuxième c’est que c’était un après-midi, et enfin, la dernière c’est qu’il avait tenté de me draguer. Mais même avec 0.8grammes d’alcool dans le sang, je ne me laisse pas manipuler de ce genre. Je vois encore son regard qui en disait long et ses mains baladeuses posées sur mes hanches. Bon j’avoue que j’avais bien joué le jeu… peut-être même trop, j’aurais sans doute dû mettre des limites un peu plus tôt, mais je n’avais pas spécialement envie, je n’avais pas pour habitude d’imposer des limites à toute chose, alors à quoi bon ? Bon résultat, à part quelques attouchements, il ne s’était rien passé, je crois qu’il était un peu reparti blasé… et ça serait mentir si je vous disais que je n’ai pas eu de regrets. Oui j’ai eu des regrets, plus d’un même, mais bon, dans la vie faut savoir faire des choix… Nous nous sommes revus, pas étonnant, nous habitions dans le même immeuble. J’en ai profité pour lui faire les présentations, enfin l’accueil comme une adorable voisine –malheureusement il a vite compris que je n’étais pas si adorable que je pouvais en avoir l’air. Bon à l’occasion, lui aussi était un petit emmerdeur, et à vite su comment s’y prendre avec mon caractère. Cela fait maintenant deux mois. Deux mois qu’on se croise, qu’on se taquiner, qu’on fait les gamins, qu’on se tourne autour – là-encore pour s’amuser. Deux mois qu’il n’y a jamais eu plus qu’un baiser –enfin une fois mais ça ne compte pas on était complètement bourrés. De toute manière, notre relation n’est pas basé sur le sexe. Elle aurait pu l’être si j’avais cédé à ses avances, mais au final elle est bien plus tordu que ça. Franchement, j’aurais beau dire tout ce que je veux, Caleb je le considère réellement comme un frère. Le mec que j’ai envie d’appeler tous les deux jours et que j’ai envie de faire chié. Bon j’avoue j’ai aussi parfois envie de lui tout court, mais ça c’est autre chose. *sors* « Avec toi, toujours ma belle, tu le sais. J’avoue que je ne savais pas trop comment allait commencer cette journée… mais si tu en fais partie dès maintenant, c’est que ça va être… épique » . La blague. Il avait ce putain de sourire qui me faisait fondre, des putain de dents blanches je dirais même brillante (comme dans les publicités) et il avait des putain de fossettes qui me faisait littéralement craquer. Bref, je ne me laisserais pas tenter, non, non, non, enfin pas de suite. Je ne pris pas la peine de répondre à sa remarque, je me suis contentée de sourire, un de mes plus beaux bien évidemment, et je suis ensuite montée dans l’ascenseur. Vous voulez que je vous dise la vérité ? C’était la première fois que je montais dans l’ascenseur …avec Caleb ! C’est vrai, ça n’a pas réellement d’importance, mais juste pour ça j’avais encore plus envie de l’énerver, enfin voilà vous m’aurez compris.

Oui. Oui j’avais sauté sur Caleb, mais j’avais pas l’intention d’en faire plus ; et je crois qu’il savait très bien que je n’irais pas plus loin. Il avait tenté de nombreuses fois sans jamais réussir à ses fins, et du coup il avait renoncé… dommage, j’avoue que j’aimais plutôt bien me faire désirer… mais de toute manière, je sais qu’il me désire dans le fond, pire que ça même. C’est un mec quoi ! Un mec qui n’a pas envie de se caser en plus, et qui a plus envie de faire la fête et de profiter. Oui un peu comme moi quoi. « Quoi ? Besoin d’être rassuré, princesse ? Que s’est-il passé ? Tu as réussi à débander ton dernier « partenaire » ? » Je n’avais pas pu m’empêcher de rire, même si sur le moment je lui en voulais. MERDE A LA FIN ! Il n’avait pas répondu à ma question, et j’étais loin de me satisfaire de sa réplique. M’enfin, il avait tout de même réussi à vaincre ma colère, et ce côté sans gêne venant de lui m’étais tout à fait familier « Figures-toi que je n’ai même pas réussis à le faire bander ! » Sur le moment, il pouvait trouver ça louche, et effectivement il avait plutôt intérêt à trouver sa louche. Parce que tout homme dit « hétérosexuel » ne résiste pas à mes avances, surtout quand j’y mets du mien. « il était homosexuel… » J’ai marquai un temps d’arrêt. C’était peut-être qu’un détail, mais bon, il fallait le préciser, parce que tout devenait donc plus clair. Enfin, j’avais quand même passé plus d’une heure à jouer la fille super lourde alors qu’enfaîte je devais passer pour une ridicule endurcie. Bref j’assumais, de toute manière rare sont les fois où je n’assume pas… « Il ne se passe rien dans mon slip à cet instant, je m’excuse. Il me faut plus qu’un de tes baisers pour ça, » Oh le saligot ! Il allait voir ce qu’il allait voir. C’était de la provocation gratuite et petite je rajouterais même, cela me décevait de sa part. J’étais habituée à un niveau plus élevé, il allait devoir se rattraper, mais avant ça, j’allais rajouter mon grain de sel. « Arrête chéri, c’est de la tentation, et je ne céderais pas. » Oui chéri, c’était comme patate, un surnom que je lui attribué à tout va. Et puis ça sonnait plutôt bien dans la phrase. « Enfin pas pour le moment… J’te promets qu’à un moment il se passera quelque chose… » Oui dans son caleçon évidemment tss. J’aimais tellement émettre des sous-entendus. « Mais t’en fais pas. J’ai eu quelques frissons ». Très drôle. Il n’avait pas besoin de se justifier où de se rattraper, c’était dit, le mal était fait –enfin si on peut parler de mal. J’allais pour lui répondre lorsque les portes de l’ascenseur s’ouvrirent… j’ai hésité deux secondes. Es-ce que je faisais ma connerie, où es-ce que je restait sage.. Pour une fois ! Bon écoutez, le choix était vite fait, j’optais pour la « connerie ». « Une minute papillon » . J’attrapa le bras de Caleb qui avait déjà un pied hors de l’ascenseur et je le tira immédiatement dans l’ascenseur, il ne se fit pas prier. J’attendis que les portes se referment, et là avec mon plus grand sourire de « vainqueuse » j’ai appuyé sur le bouton en rouge où il y avait écrit STOP dessus. Pour faire simple, ce bouton stoppait l’ascenseur pour une durée indéterminée. « Hum j’avais oublié de rajouter que ce serait avec moi DANS l’ascenseur. Je suppose que tu es toujours partant » . Je m’étais rapprochée de lui, et je lui chuchotai à l’oreille, d’une voix malicieuse « Enfin tu n’as pas le choix. »

« Figures-toi que je n’ai même pas réussis à le faire bander ! »

Haussant un sourcil, l’air de dire « pas possible », je restais légèrement surpris. Quel homme, dites-moi, quel homme digne de ce nom ne pourrait rien ressentir face à une femme fatale comme Bonnie. Elle était sublime et elle n’avait pas froid aux yeux. Elle savait user de ses charmes, et vous laisser sur votre faim également, mais elle savait… vous faire de l’effet.

« Aucun homme digne de ce nom ne peut pas « ne pas bander » devant toi », dis-je naturellement. On n’avait jamais eu besoin d’utiliser des pincettes pour parler de « cul ». Les mots crus étaient tellement plus fun. Mais c’était la pure vérité. Notre relation avait beau ne pas « concerner le sexe », c’était en partie faux. Elle prenait chaque occasion pour me chauffer, pour me faire de l’effet et moi je tombais dans le panneau à chaque fois. Certes, j’étais un homme « à femmes ». Mais tout de même, j’avais des sentiments… Bon, c’était flatteur, autant pour elle que pour moi. Mais parfois c’était dur de se dire que ça n’arriverait jamais. Mine de rien, je tenais bien trop à notre amitié et au lien spécial qui nous unissait pour tout gâcher avec une partie de jambes en l’air.

« il était homosexuel… »

Ohhhhhhhhhhhhhh d’accord. Là, je comprends mieux. Je lui lançais un sourire compatissant et ironique. « Ah, pour le coup c’est moi qui aurait fait de l’effet au bonhomme… Rassure-moi, ce n’est pas Tobias au moins ? » Tobias étant un de mes potes depuis peu, plaisanter ainsi m’aurait fait chier. J’étais loin d’être homophobe, je trouvais même l’idée intéressante (non pas que je veuille « tenter », mais parce que je ne comprenais pas justement). Les femmes sont si tentantes. M’enfin, c’était un débat à part.

« Arrête chéri, c’est de la tentation, et je ne céderais pas. »

De la tentation ? Oui, je le reconnaissais. Pourquoi changer les habitudes ? J’aurais bien aimé voir si elle allait tenter de faire plus que m’embrasser. Mais encore une fois, c’était risqué. Sans compter que l’ascenseur… c’est loin d’être pratique, croyez-moi. « Enfin pas pour le moment… J’te promets qu’à un moment il se passera quelque chose… » Ah bon ? Et quoi ? Ah oui, elle me séduira, je craquerai et resterai comme un con avec le feu dans mon boxer. Ça vous fait rire ? Je vous jure, c’est terrible d’être un homme. Les femmes nous mènent à la baguette quand ça concerne le sexe.

« Oh, avec toi, j’en suis sûr. Il se passe toujours quelque chose, que ça soit dans mon pantalon ou non, » ajoutais-je en souriant. « T’sais qu’un jour tu t’en mordras les doigts. Parce que si tu continues, tu vas vraiment plus t’arrêter un de ces quatre ». Provocation ? Évidemment. Au moment de sortir de l’ascenseur, là où les choses allaient devenir intéressantes, elle me stoppa et me repoussa à l’intérieur, bloquant l’engin.

« Hum j’avais oublié de rajouter que ce serait avec moi DANS l’ascenseur. Je suppose que tu es toujours partant ».

Alors c’était son plan, nous enfermer dans une pièce minuscule et close. Nous n’y passerions sûrement pas la journée, puisque quelqu’un finirait par appeler le réparateur. Mais pourquoi pas tenter le défi ? « Toujours, tu le sais bien. Cela dit, j’aurais su, je me serais apporter un bouquin. Y a pas grand-chose à faire, ni bon nombres de défis à se lancer ».