ALL YOU NEED IS LOVE POUM POUM POUM ✦ extrait de ma présentation
Sasha est ma voisine depuis... depuis tellement longtemps que j'ai l'impression que c'est depuis toujours. Tout a commencé comme ça. « Aïe, mais tu peux pas faire attention espèce d'imbécile ? » Je viens de heurter cette petite rousse avec mon ballon de foot. « Oh je suis désolé, j'ai pas fait attention. Je m'appelle Swann. Tu veux jouer avec moi ? » « Oui, ben t'auras qu'à faire plus attention, la prochaine fois ! Je me fiche de comment tu t'appelles et d'ailleurs, tu devrais savoir que les filles ça joue pas au foot ! » Malgré le haut de nos neuf ans, elle me tire la langue et retourne chez elle, furieuse. Moi je suis juste amusé, et je retourne tranquillement jouer dans mon coin. Il est possible qu'on se soit rencontré avant, mais cette rencontre est le plus lointain souvenir que j'ai d'elle. Elle avait déjà un caractère bien trempé. Quelques jours plus tard, dans la cour de récréation de l'école, je manque encore une fois de la heurter avec mon ballon. Heureusement, je l'attrape juste avant qu'il ne la frappe. Elle se retourne alors vers moi avec un regard étonné, et sur le coup je ne décèle pas le sourire en coin qu'elle tente malgré tout de cacher. « T'as vu, t'as vu ! J'ai fait attention, cette fois ! » M'exclamais-je, fier. Mais elle, elle ne se démonte pas. « C'est bien, tu veux peut-être une médaille ? » « Pas besoin, dis-moi juste comment tu t'appelles. » « Je m'appelle Sasha. » dit-elle, souriant doucement, presque timidement, avant de se retourner vers ses copines qui gloussent. Et moi, vainqueur, je retourne à mon jeu. Depuis ce jour, Sasha et moi, on est inséparables. La plupart du temps, elle est chez nous pour ne pas laisser Lila toute seule, mais il m'arrive d'aller chez elle, aussi. Je sais que Lila m'en veut sans doute un peu de la délaisser, pourtant ça ne m'empêche pas de continuer de passer du temps avec elle, c'est juste qu'on se voit moins souvent. Plus les années passent et plus Sasha compte pour moi. C'est ma meilleure amie. Ça fait longtemps qu'il y a bien plus entre nous, pourtant on en reste au stade de l'amitié, enfin il nous arrive parfois d'aller plus loin. Disons qu'on sort ensemble sans vraiment être un couple, vous voyez ? Ce serait assez difficile à expliquer. « T'en fais pas Sasha, mon frère ne tentera rien avec toi, il est gay. Un peu comme ton père, en fait. » « Putin Lee', tu peux pas la fermer ? » « Mon père n'est pas gay, Lila. Et ton frère non plus d'ailleurs, regarde. » Et là, elle m'embrasse. Je sais que pas une seconde elle a pensé que je pouvais être gay, tout comme Lila d'ailleurs mais on sait tous qu'elle aime casser mes coups. Évidemment, je vais pas faire l'innocent, je rentre dans son jeu. Et je crois que c'est à ce moment-là que Lila comprend que jamais elle ne pourra se mettre en travers de notre chemin. C'est comme ça. Elle sait désormais, qu'il n'y a que Sasha. Ça ne lui plaît pas du tout, j'en ai conscience, mais il fallait bien que ça arrive tôt ou tard, pas vrai ? Mais Lila change de plus en plus, mais moi, je suis impuissant. Heureusement qu'il y a Sasha. Je l'aime à en crever. Je tuerai le premier qui la touche, sérieusement. On doit avoir dix-sept, dix-huit ans maintenant. Je m'en souviens, on était à une soirée bowling avec plusieurs personnes de notre lycée. C'était à mon tour de commander les verres et alors que j'attendais qu'on nous serve, je me retournais pour voir où en étais Sasha. A la place, je ne la vois pas pas en train de jouer au bowling mais pratiquement collée contre un mec qui lui fait clairement des avances. Je la vois le repousser timidement, mais moi, il m'en faut pas plus pour avoir la rage. Je sais que je devrais pas, mais j'peux pas m'en empêcher. Je marche rapidement jusqu'à eux, écarte violemment ce mec de Sasha avant de le frapper tout aussi brutalement. Et maintenant, je ne peux plus m'arrêter de le frapper. Il est à terre, je sais que j'ai gagné, mais je continue, je déverse ma colère sur lui. « Swann ! Swann, arrête ! Je t'en supplie, tu vas le tuer ! » Je crois que tout le monde m'implore d'arrêter, mais je n'entends plus rien, je suis tellement en colère que c'est plus fort que moi. On tente pourtant de nous séparer, et c'est après un ultime effort qu'ils parviennent à me détacher de lui. Évidemment, on me fous dehors comme un malpropre mais qu'importe, cet abruti ne s'approchera plus d'elle. Que ça leur serve d'exemple, à tous ces mecs. Jamais, jamais je laisserai quelque chose lui arriver. Alors elle me ramène chez elle, je sais qu'elle est plus furieuse que jamais. Elle m'assoie sévèrement sur une chaise et me soigne, j'ai mal et il faut dire que Sasha n'est pas la plus douce qui soit mais j'ai autre chose en tête. Je lève doucement la tête vers elle, pour attraper son regard mais je la surprend en train de pleurer en silence. Elle sait que je la regarde, alors elle s'essuie rapidement le visage par fierté. Elle arrête de me soigner, et moi je la prends par la taille, je la rapproche au plus près de moi, posant ma main sur sa joue mouillée. « Je t'aime, tu le sais ça, hein ? » Ça a suffit à la calmer. Je suis un véritable connard, je le sais. Mais pour elle, oui pour elle, j'aurais fait n'importe quoi. Elle m'aurait demandé de me jeter d'un pont que je l'aurais fait les yeux fermés. Parce que c'est comme ça, que je ne contrôle rien quand il s'agit d'elle. Et je sais que elle et moi, c'est pour la vie, même si je ne lui dit pas assez souvent. Et pour ça, je me déteste. Parce qu'elle mérite tellement mieux qu'un connard comme moi. Et que ça fait trop mal de l'admettre. Mais j'ai pas envie qu'un jour elle se réveille en se disant qu'elle peut trouver mieux ailleurs. Plusieurs mois après ça, je la trouve devant ma porte, pleurant toutes les larmes de son corps. Ça fait des années qu'on se dispute pour un rien, et qu'on rompt pour n'importe quelle raison. Mais on finit toujours pas revenir ensemble, on sait que ça ne dure jamais bien longtemps. Je pense que c'est le prix à payer, pour être tous les deux aussi têtus, et aussi grande gueule. Et là, on était plus ensemble. Alors bien sûr, je me demande ce qu'elle fait là, devant chez moi. Je la relève doucement, et puis je la conduis dans ma chambre. Je l'allonge sur le lit, je l'enlace aussi fort que je peux. Elle a pas besoin que je lui demande ce qu'il se passe, elle me le dira d'elle-même, quand elle sera prête. C'est pour ça que je reste là, sans bouger, à la tenir dans mes bras, juste à la consoler. Même si je déteste la voir comme ça, et que j'ai envie de tout casser. « Ta sœur... Mes parents divorcent. Mon père... Il a une aventure. Avec un autre homme. Et maintenant.. Ils divorcent. » C'est comme ça, entre nous. Les années passent, on est diplômé depuis bien longtemps. Mais Sasha, je la sens distante. Elle est plus comme avant. Elle ne me parle plus ,c'est comme si elle a même plus envie d'être avec moi. Et moi, vous pensez bien, que je vais pas laisser ça comme ça. Un soir, je me rends chez elle, décidé à mettre ça au clair. Je frappe, une, deux fois, personne ne répond. J'ouvre la porte avec la clé qu'elle ma donné. Et là, je tombe sur un appartement vide. Je n'arrive pas à y croire. Est-ce qu'elle est vraiment partie ? Je trouve une misérable note sur l'un des meubles restants, qui dit simplement : "Pardonne-moi, oublie-moi. Tu vaux tellement mieux que ça". Tu parles. Je fais comment moi, maintenant ? Cette fille... Elle était tout. Et maintenant, moi, je ne suis plus rien. Je ne peux plus rester en Australie. Alors du coup, je déménage, direction Boston. A vrai dire peu importe où j'atterris, parce que je suis détruit.