i'll be there for you when the rain starts to pour

Il n'est certes pas facile de naître et de grandir dans une famille où on est enfant unique. Est-ce pour autant facile de naître dans une famille de sept enfants? C'est du moins tout aussi difficile, voir plus. Car en plus de ne pas être gâté comme un petit empereur, il faut apprendre à partager et à donner sans compter, il faut partager les cadeaux de noël, partager les repas, partager les chambres, mais il faut aussi partager l'amour de ses parents, tout cela, sans jamais en demander trop, sans jamais se plaindre ou faire de scène. C'est exactement pour cette enfance qu'on lui a donné qu'Everleigh aime et déteste autant ses parents. Elle les aime plus que tout au monde parce que, malgré tous leurs enfants, ils ont su passer le temps nécessaire avec elle pour qu'elle grandisse de la meilleure des façons et que son éducation n'ait pas de mauvais point et surtout, ils ont su élever sept enfants sans qu'aucun ne se sente mal et finisse mal. Et elle les déteste également pour cette enfance, sans raison précise, sans qu'eux aient fait un faux pas, mais juste pour son enfance. Non qu'elle soit gâchée, non qu'elle ait été malheureuse mais tout simplement. Comme ca.

Pourtant, Everleigh a eu une enfance superbe. Tous les dimanches, après l'église, elle allait au parc avec toute sa famille, ses frères et soeurs, parfois ses cousins et cousines, sans compter tous les amis qu'elle se faisait là-bas! San Francisco est une belle ville pour être heureux après tout. Everleigh s'entendait très bien avec ses parents, elle n'était pas la plus âgée mais elle voyait dans les yeux de ses parents qu'elle était une petite perle qu'ils adoraient. Ils l'appelait toujours Kate, comme ses frères et soeurs, et pourtant, Dieu sait à quel point elle détestait ce prénom, tout comme c'est le cas aujourd'hui. Malgré cette enfance idyllique, Everleigh a très vite décidé de partir, de quitter San Francisco malgré son amour pour cette ville si singulière. Ainsi, dès l'âge de douze, elle se fit des idéals. Des centaines et des dizaines de milliers de rêves dans lesquels sa vie était autre, et autrement parfaite. Elle se trouvait son futur parfait, son amoureux parfait, sa maison parfaite, tous ces contes de fées dont on rêve lorsqu'on est enfant et qui malheureusement ne se réalisent pas. Pourtant, un parmi ceux-là, beaucoup moins exigeant, se réalisa presque. Bien sûr, Everleigh ne rencontra jamais ce bel inconnu arrivé fraîchement d'Europe au beau milieu de l'année scolaire, mais elle quitta sa ville natale après avoir obtenu son diplôme. Si ses parents étaient fiers de leur fille et de cette décision, ses frères et ses soeurs la détestèrent pour cela. Souhaitant oublier toute son enfance, Everleigh n'y pretta pas trop d'attention, et c'est le coeur léger qu'elle partît pour une école de droit à Boston, à l'autre bout des états-unis.

Et c'est une fois si loin de sa famille que les choses se corsèrent et devinrent plus marrantes et qu'enfin, Everleigh, Bee de son surnom là-bas, devînt heureuse, plus légère qu'un papillon. Allez le croire où non mais, entre chacun de ses cours, entre ces heures où elle s'acharnait à faire un peu de sport et ses divers loisirs et sorties entre amis, il y avait toujours quelqu'un pour lui déclarer sa flamme. Souvent, c'était le même pendant un bon bout de temps, mais c'était tellement drôle à vrai dire. Le garçon type à lunettes et aux dents droites grâce à un appareil dentaire qu'il a dû se farcir pendant des années au collège, le genre de garçon premier de la classe toujours anxieux avec les filles qui ne faisait que gaffe sur gaffe. Malgré le fait qu'ils ne soient jamais des princes charmants, Everleigh les adoraient ces garçons, parce que, malgré eux, ils participaient à rendre sa vie plus colorée et heureuse.

Et puis, parmi ses cours, ses amis, ses non-petits-amis et ses activités, il y avait son immeuble. Ah son immeuble! Encore tout un roman. Des colocataires géniaux et bordéliques, des voisins bruyants mais adorables, des animaux horribles, hideux et puants qui traînaient dans les couloirs, des fêtes de voisinages rien que pour passer du temps ensemble et toutes ces choses qui rendaient sa vie encore plus heureuse et mouvementée. Alors allez croire que la petite Bee n'a tout simplement pas le temps d'écrire des romans à propos de sa vie en ce moment, il faut déjà qu'elle passe au pressing chercher sa robe pour la soirée au cinquième et qu'elle se prépare parce que le voisin d'en face l'y amène; sans compter qu'elle a un devoir à rendre demain. TIME IS RUNNING OUT, LITTLE BEE.