Parce que tout n'est jamais vraiment Rose.

« Papa ? Pourquoi tu n'es jamais à la maison ? ». Question simple qu'avait posé Aaron à son père alors qu'il était âgé de quatre ans à peine. Celui-ci l'ignora, concentré sur ses dossiers. Cet homme riche, influent et plutôt connu à Londres grâce à une boîte de nuit où se mêlent alcool, drogues et strip tease dans le genre classe qu'il possède n'avait jamais montrer de l'attention envers son fils, il ne s'était jamais occupé de lui. «Papa ! Je.. ». « Tais-toi. ». Il n'avait pas élevé le ton, il n'élevait jamais le ton, il n'en avait pas besoin.. Sa voix autoritaire avait obligé le petit blondinet à se taire. Ce qu'il voulait lui demander ? Un simple moment d'attention.. Pour une fois. Sa mère est arrivée, l'a prise dans ses bras et les voilà sortis de la pièce. Ils entendirent même un soupir de soulagement provenant du bureau qu'ils venaient de quitter. « Ton père est très occupé, mon ange.. Tu veux que je te fasse ton goûté préféré ? Gaufres et chocolat chaud ? ». Elle n'avait pas attendu la réponse et l'avait emmené en cuisine. Aaron avait fait la tête toute la journée malgré les efforts de la mère pour combler son enfant. Petit qu'il était, il avait compris. Son père n'avait pas de fils, il ne représentait rien à ses yeux.


La vie n'offre pas de cadeaux, jamais.

« Aaron Davis doit venir avec moi. ». Il avait onze ans. Onze petites années de rien du tout. Une dame qu'il ne se souvenait pas avoir rencontré venait d'entrer dans la salle de cours. Elle venait le chercher. Sur le coup, il s'était levé avec empressement, pensant pouvoir échapper à ces cours qui l'ennuyaient.. Mais une fois dans le couloir ce fut une autre histoire. La dame s'était mise à sa hauteur. « Ecoute, ta maman ne va pas très bien. Elle a eu un grave accident, et elle est à l'hôpital. C'est là que nous allons, d'accord ? ». Que pouvait-il dire ? Il avait hoché la tête, ne comprenant pas vraiment ce qu'il se passait. Les mots qu'elle avait prononcé n'allaient pas ensemble. Maman. Hôpital. Accident. Il n'arrivait pas à les combiner. Alors qu'il était dans cet état second, on l'avait fait monté dans une voiture et l'on avait attaché sa ceinture. Il observait la route défiler sans vraiment la voir. Tout ce dont il arrivait à se rendre compte, c'était que son père n'était pas avec lui...


Comment se foutre en l'air en dix leçons.

« Tu sais quoi ?! Tu n'es qu'un raté ! C'est pire que ton père ! Et j'ai pas l'intention de rester avec un loser ! ». Ce fut là que s'arrêta sa première histoire d'amour, si l'on pouvait appeler ça comme ça. Elle avait duré en tout et pour tout deux jours. Et Aaron n'avait rien fait pour tenter d'arranger les choses. Pourtant tout était de sa faute. Il avait été voir une autre fille, l'avait ouvertement dragué et l'avait embrassé. Il avait alors quatorze ans. Il fumait, avait déjà essayé la drogue et bu quelques verres à certaines fêtes où il s'était rendu en cachette. L'époque du gentil fils à papa était révolue. Son père faisait comme s'il n'existait pas ? Et bien il allait lui montrer qu'il était bel et bien là. La mort de sa mère n'avait rien changé au comportement de son paternel, non. Et Aaron se sentait terriblement seul parfois. Seulement, il ne le montrait à personne. En trois ans, il s'était forgé une carapace qui devait le protéger des autres. Résultats, il choisissait ses amis parmi la plupart des gens, et se montrait arrogant et prétentieux avec l'autre partie. Les filles représentaient ses jouets qu'il utilisait comme et quand bon lui semblait. On dit que la première fille est la plus importante.. Il l'avait trompé au bout de deux jours à peine. Et cela ne changeait rien. C'était simplement des foutaises, il ne croyait pas à l'amour. Une semaine après, il est de nouveau sorti avec une autre fille et il lui a fallut cinq jours pour lui faire subir le même sort qu'à l'autre..


Et puis un jour, tout bascule de nouveau.

« Aaron...On s'en va. On va aux États-Unis. A Boston ». « Tu n'as pas le droit de m'emmener là-bas ! Je.. ». « Tais-toi. Tu n'as pas ton mot à dire. Je suis ton père, je décide. ». Il n'avait pas réussi à répondre. Cela lui semblait injuste, mais son père avait raison, il n'avait aucun pouvoir. Il allait aux USA. Il allait de l'autre côté de l'Atlantique, et rien ne pourrait changer ça.. La raison de ce départ ? La nouvelle femme de son paternel. Cela faisait six mois qu'ils étaient mariés, Aaron avait quinze ans, et sa belle-mère voulait vivre à Boston.


La provocation, seul moyen de communication.

Cela faisait maintenant trois ans qu'ils vivaient aux States. Ce grand et beau pays. Il avait eu du mal à accepter de vivre ici, mais au final, ça changeait pas mal de Londres. Plus de soleil, moins de cabines rouges. Il s'y était fait. Bien que l'Angleterre lui manquait tout de même ! Trois ans de calme. Bien que sa vie "amoureuse", autant dire son tableau de chasse et de conquêtes soit toujours aussi remplie, Aaron avait un peu abandonné les fêtes et la drogue. Par contre, la cigarette ne quittait pas ses lèvres. Il ne fallait pas pousser. Seulement, cette vie calme ne lui convenait pas. Quand il était sage, son père n'avait pas de reproches à faire, et ne lui adressait donc pas la parole. C'était idiot, mais il a alors décidé de faire quelque chose de grave. Cambrioler un magasin de bijoux. Avec une bande d'amis, une nuit, ils se sont habillés en noir, ils ont mis des cagoules - en bons imitateurs des cambriolages dans les films - et ils sont entré par effraction dans une bijouterie. Leur expédition s'est rapidement terminée, au commissariat. Son père est venu, l'a libéré, et ne lui a pas adressé un mot.

Une vie libre, la meilleure des vies ?

Le soir-même, après avoir libéré son fils, Mr Davis l'installa sur une chaise face à la table de leur salon. Il y déposa une carte bancaire, suivie d'une liasse de paperasse, qui semblait être un contrat avec un stylo. La discussion, qui changerait leurs vies à tout les deux à tout jamais allait enfin avoir lieue. Après tout...âgé de vingt et un an, Aaron avait obtenu sa majorité. « Ecoute moi bien Aaron. Tu es grand maintenant et..il est temps que tu te prennes en charge. Depuis que ta défunte mère et moi même avons appris qu'elle était enceinte j'avais déjà créé ton compte en banque que je remplissais chaque jour, crois moi mon fils, il est plein aujourd'hui.. et je voulais te dire...fais-en ce que tu veux. Quant à ton futur, il est déjà tout tracé, j'ai passé ma vie à construire ce puzzle, ce puzzle qui est et qui sera ta vie même si tu n'as pas l'air de t'en rendre compte.. Vois cet immeuble, sur cette photo. Il s'agit de ton nouveau chez toi. Tu résideras là bas. Ton métier, je te lègue la boîte de nuit se situant à Boston. Prends-en soin jeune Davis. Je n'ai fais que rassembler les pièces, à toi de les assembler à présent. Mon fils, tu n'as qu'à signer, et dès lors cette vie commencera pour toi. » Aaron avait du mal à encaisser les paroles. Toutes ces années passées à tenter d'attirer son attention, il aura fallut qu'il attende d'être majeur pour enfin obtenir ce qu'il voulait ? Sa voix était toujours teinté de ce ton autoritaire, mais pourtant, l'effort qu'il fournissait pour parler à son fils correctement pour une fois se ressentait facilement. Mais voilà, Aaron hésitait. Certes, être patron d'une ou même plusieurs boîtes de nuit est un métier tout à fait orgasmique, mais tout ça était offert bien trop facilement. Puis vinrent des images de sa mère dans son esprit, et sous le sourire fier de Mr Davis, Aaron saisit le stylo et signa le papier à son nom.

Les changements.

L'année suivante s'écoula lentement mais sûrement. Entre temps, des changements s'opperérent surtout du côté d'Aaron. Son caractère pour le plus gros. Devenu macho par excellence de part son regard méprisant envers les valeurs d'une femme, ses phrases ne peuvent s'empêcher d'être teintées d'une pointe de sarcasme et d'une bonne dose de vantardise. Lorsqu'on lui interdit quelque chose, lorsque l'inaccessible s'offre à lui, Aaron doit absolument se borner à violer les règles s'il le faut, pour obtenir cet impossible. C'est une certaine question de fierté, selon lui. Entêté et têtu comme il est, il n'hésitera jamais à foncer dans le tas, même si au final, ça fait mal. Mais pour terminer sa description psychologique, passons par les quelques qualités dont il fait rarement preuve : agréable, ambitieux, responsable et protecteur. L'obstination et l'ambition, voire la persévérance ont toujours fait un bon mélange. Du moins, c'est le cas chez Aaron qui, lorsqu'il commence quelque chose, un projet ou une relation, le termine toujours victorieux, la tête haute. C'est sûrement ces qualités qui font qu'il fait un excellent patron de la boîte de nuit qu'il entretient. Et enfin, ne vous avisez jamais de toucher à ce qui lui appartient. Ce pseudo "garde du corps" n'hésitera pas à vous balancer son poing dans la figure si vous tournez autour de ce qu'il juge comme "lui appartenant". Lena par exemple. Ah mais qui est-elle ? Ni plus ni moins qu'une petite blondinette qui lui fait réellement tourner la tête. Un an qu'ils se connaissent et notre beau blond a craqué sur elle. Il est persuadé de ressentir des sentiments pour elle, et veut coûte que coûte se la mettre dans son lit. Or, suite à leur dernière conversation en date, toutes ses chances semblent être parties en fumée. Et ce Swann qui ne cesse de lui tourner autour ! Aaron attend toujours le jour où il pourra lui fracasser sa tronche de raton-laveur. Néanmoins, il est sûr d'une chose : Lena finira par craquer, et ce jour-là, elle atterrira dans ses bras à lui, Aaron Davis.