23 heures du soir, crayon posé sur une feuille blanche, Luke tente tant bien que mal de trouver les bons mots à écrire pour remplir ce papier sans couleur. Il en écrit quelques uns, puis toute une phrase et raye celle-ci, avant de tenter une nouvelle fois et de rouler finalement la feuille en boule pour ensuite la lancer dans la corbeille, mais tellement est-elle pleine que la boule tombe au sol. Ce n’est pas la première et ce ne sera pas la dernière. Ca fait maintenant deux heures qu’il est dans son studio, assis sur son fauteuil ou déménageant parfois pour s’installer sur le sol, en position indienne ou allongé sur le côté, le coude appuyé au sol. Tout le monde est parti, laissant un silence de mort dans la pièce, ce qui devrait l’aider à se concentrer, en vain. Ce qu’il tente d’exprimer sur papier ne veut pas sortir. Habituellement, il n’a pas autant de mal à travailler sur un morceau, mais il sait tout de même que parfois, c’est difficile et que ça ne viendra pas comme ça… Enfin tout de même. Ca fait deux mois aujourd’hui. Bien heureusement il n’est pas le seul compositeur du groupe ! Tout le monde y met généralement du sien et c’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles ils s’entendent si bien, tous.

1 heure du matin, Luke a la tête appuyée contre le mur, les yeux fermés et le crayon bien en main. Il vient juste de s’endormir, épuisé par sa journée où il s’est réveillé à 6 heures du matin, ayant un rendez-vous assez tôt avec des musiciens et pour répéter avec son groupe quelques heures après. L’après-midi a été autant chargé et la soirée, n’en parlons même pas. C’est généralement là où il se déchaîne le plus, puisqu’il joue parfois dans quelques bars, histoire de mettre un peu d’ambiance. Le crayon tombe au sol, faisant un bruit avec un volume pas très élevé, mais assez pour le réveiller en sursaut. A nouveau, Luke se penche sur sa composition et tente de trouver les bonnes paroles, pour au final se rendormir quelques minutes après.

2 heures trente du matin, installé peu confortablement, l’homme redresse doucement sa tête avec une feuille raturée collée sur sa joue qu’il retire dès qu’il s’en aperçoit. Un souffle s’échappe d’entre ses lèvres, puis il abandonne toute idée de continuer. Ca ne sert strictement à rien de s’acharner quand ça ne vient pas. Après avoir jeté un coup d’œil sur sa montre, il se lève, fait un petit nettoyage dans la pièce en ramassant tout le papier griffonné qu’il jette à la corbeille, à part une où il y a quelques idées qui sont peut-être à travailler, mais qui ne lui plaisent pas énormément non plus. Luke attrape sa longue veste en cuir qu’il met par-dessus son tee-shirt gris qui lui colle à la peau. Il a un style plutôt simple et aime particulièrement les tee-shirts ainsi que les jeans noirs comme il en porte là. Une fois sorti du bâtiment, une main dans la poche, l’autre tenant ses idées qu’il lit et relit, comme si ça pouvait y changer quelque chose et lui faire retrouver l’inspiration. Manque de chance, à quelques minutes de son immeuble, la feuille lui échappe des mains et part derrière lui. Le musicien tente de la récupérer, mais elle court trop vite pour lui, aidée par le vent. « Rha merde ! » S’exclame-t-il, affichant une grimace sur son visage, avant de revenir sur ses pas et entrer dans l’immeuble. Luke monte les escaliers, tout en cherchant les clés dans ses poches qu’il trouve rapidement, mais à peine a-t-il tenté de les mettre dans la serrure qu’il se rend compte qu’il y a un blocage à l’instant. Luke tente une nouvelle fois, puis comprend que ça ne sert à rien ; son colocataire a laissé les clés sur la serrure, lui refusant ainsi l’entrer, bien que ce soit certainement fait involontairement. Espérant tout de même qu’il l’entende, le musicien tente de frapper à la porte et d’appeler son colocataire, mais celui-ci ne se réveille pas. « Et merde ! » Voilà la deuxième fois qu’il prononce ce mot en même pas deux minutes. Luke descend quelques marches de l’escalier et se pose dessus ; c’est là qu’il va dormir ?! Il y réfléchit. Peut-être bien que oui, ou peut-être qu’il va retourner dans son studio musical. C’est probablement plus chaleureux…

Comme tout les autres soirs de semaine, Shane était au bar en train de servir ses clients habituels. Dans ce petit resto-bar, il était très rare de voir de nouveau visage, la plupart du temps ils étaient accompagné d'un ancien. Sinon malgré le fait que l'horaire ne correspond pas au train train de la vie de Shane, elle préfere avant tout travaillé de nuit. Pourquoi ? Les clients y sont beaucoup plus relaxes et sympatiques. Il lui arrive parfois de travailler une journée ici et là la semaine et c'est un monde tout à fait différent. Les gens sont pressé, stressé par le boulot ou même là en réunion d'affaire. Bref, ils n'ont pas tous envie d'être là et cela ce voit dans leur comportement. Certains étaient bêtes , d'autres frustrés et parfois même grossiés. Il lui était même déjà arrié de se faire appeler « la bonne » . On peut dire que cela n'a pas pris de temps avant de se retrouver à l'extérieur de la bâtisse. On pouvait d'ailleurs pas nier le fait que c'était un emploi respectable et de bonne condition pour un étudiant. Les propriétaires ont toujours priorisés l'entente et le bien-être de ses employés avant tout.

Pour en revenir à la soirée, Shane était de service. Et ce soir c'était toute une soirée. Il y avait un anniversaire, un bachelor et quelques clients habituels au comptoir. Shane courait dans tout les sens. Deux verres à droite, cinq autres par là et un pichet à gauche. Certes, elle n'était pas seule, mais il y avait du travail pour tout le monde. À quelques reprises, elle se fit offert un verre et même draguer par quelques monsieurs. Bref, une soirée comme les autres, mouvementé. Mais on peut dire que lorsqu'elle termina son chiffre, elle était contente de rentrer. Sa journée dans le corps, elle était épuisé et priait pour son lit.

Arrivé devant l'immeuble vers les trois heures, elle ne pu s'empêcher de sourire devant l'idée de pouvoir être au chand dans son lit. Et contrairement à toute autres personnes qui auraient plutôt opter pour l'ascenceur, Shane prit les escaliers. En fait, elle en a un peur bleue depuis que toute petite, elle s'est retrouvé enfermé dans un ascenceur seule avec son frère, ses parents l'autres côté. Cette histoire l'avait marqué et depuis jamais elle n'avait repris l'ascenceur. Chaque marche était par contre très pénible, la fatigue tombait et Shane n'était plus très lucide. Montant marche après marche. Et sans s'en rendre compte, elle se retrouva en quelques secondes par terre en cognant ses genoux sur le bord des marches. Son sac tout éparpiller devant elle. Elle s'était enfarger dans quelque chose ou plutôt quelqu'un remarqua t-elle en levant sa tête pour s'assoeir. « mais c'est pas vrai ... » se dit-elle à même. Elle se trouva assis à côté de lui. Elle ne pouvait donc pas simplement entrer chez elle se mettre au lit sans tracas. Et que faisait- il là en plein milieu des marches ? Elle essaya d'éviter son regard, il ne s'était pas réellement parler depuis se baiser d'il y a deux mois. Tout était devenu bizarre. Shane ressentait quelque chose d'étrange à son égard, mais sa ne pouvait quand même pas être de l'amour c'était l'ami de son frère et c'était presqu'un frère pour elle aussi. Mais tout ses amis semblaient porter sur l'idée de l'amour, mais elle voulait nier toute possibilité de cette idée. Alors elle avait préféré l'évité, mais c'était pas toujours facile. Surtout quand il vit dans le même immeuble que toi. Elle n'arriva pas à dire un seul mot comme paralysé. Elle était là muette devant lui à ramasser son sac.

Luke s’apprête à se relever pour reprendre la route, revenir sur ses pas et dormir dans le studio. Même s’il n’existe pas de bon lit où dormir, il y a tout de même un canapé et ce sera plus chaleureux que dans cette cage d’escalier. Seulement, au moment où il est sur le point de se lever, une jeune femme fait tomber sons sac sur le sol et ce n’est pas n’importe qui ! C’est la sœur de son colocataire, celle avec qui il a échangé un baiser il y a deux mois de ça et avec qui tout est devenu très compliqué depuis. Ca faisait depuis un moment qu’il en mourrait d’envie, mais il s’était retenu jusque là, pour ne pas enfreindre les règles avec son colocataire qui comptait sur lui pour ne pas toucher à sa sœur, même pas poser une main déplacée sur sa silhouette. Il devait se contenter de la regarder et la toucher avec les yeux malgré la forte attirance qu’il éprouvait pour elle depuis quelques temps déjà. Depuis Ivy, Shane est la seule femme à qui Luke s’intéresse autant, alors c’est compréhensible qu’il ait laissé ses envies parler avec sa raison, bien qu’il n’aurait pas du, certes.

Un moment de blocage, Luke l’observe récupérer ses affaires, en se remémorant le doux parfum qu’il avait pu sentir lors de cette fameuse soirée, puis il secoue la tête afin de se reprendre et se lève, s’insultant de tous les noms de ne pas avoir réagi plutôt. Elle doit certainement le prendre pour un imbécile, ou quelqu’un d’incorrect à ne pas lui venir en aide, ce qui n’est pas le cas. Il était juste ailleurs le temps de quelques longues minutes. « Attends, je vais t’aider. » Dit-il, en se baissant pour l’aider à ramasser les affaires qui sont encore au sol. Il tombe sur un paquet de mouchoir, un tube de rouge à lèvre, une serviette hygiénique, des trucs de filles, mais ça l’amuse. Une fois fait, il se redresse pour lui tendre ce qu’il tient en main, avec un air malicieux sur le visage, taquin aussi. « Un vrai sac de filles… » Dit-il, tout en essayant de croiser son regard. Ces derniers temps, tous les deux se voient seulement par pur hasard. Ils ne passent plus de temps ensemble, ils ne vont plus boire un verre ensemble lorsqu’ils se croisent. Généralement, c’est juste un « bonjour » ou un « bonsoir » et puis ils filent chacun de leurs côtés. A croire que ce baiser aura vraiment réussi à foutre le bordel dans leur relation. Seulement ce genre de situation l’insupporte vraiment. Il n’aime pas être en froid avec elle, ou sentir une distance.

Nerveusement, Luke passe sa main sur sa nuque, trouvant le silence insoutenable. « Tu as l’air fatigué. Journée épuisante ? » Demande-t-il, tout en se mordant la lèvre inférieure. Ce n’est pas les meilleurs mots qu’il ait pu sortir pour faire de la conversation ! Mais ce sont les seuls qui ont pu sortir d’entre ses lèvres. « Je te laisse aller te reposer. Bonsoir Shane. » L’homme lui adresse un fin sourire, pose une main sur son épaule pour la saluer, geste qu’il n’aurait peut-être pas du s’autoriser, puis commence à descendre quelques marches, avant de s’arrêter. Luke baisse les yeux, laissant ses pensées s’embrouiller dans sa tête, puis impulsif, il se tourne à nouveau vers l’étudiante et se jette à l’eau. « Ca m’énerve cette situation ! Est-ce qu’à un moment, on pourra en parler ? C’est tellement ridicule de s’éviter alors qu’on vit dans le même immeuble, avec un seul étage qui nous sépare seulement ! »

Tout se que voulait Shane c’était de pouvoir rentrer chez elle, se coucher bien tranquille et être au chaud dans son lit. Mais sa soirée se dirigeait autrement. Si elle aurait pu planifier ce qui allait se passer en sortant du boulot, en rentrant chez elle, elle y serait peut etre pas partie si tôt. Pas qu’elle ne voulait pas le voir au contraire, il la hantait ou pour être plus exact j’imagine que le bon mot est l’obsedait. Ne vous inquiètez pas, Shane n’est pas une folle sortie de l’asile. Il occupait tout simplement toutes ses pensés, il venait même la voir dans ses rêve et elle voyait un beau grand brun dans la rue et pensait aussitôt à lui. Alors pourquoi fuir un sentiment qui semble si fort ? Et bien, il faut avouer que tout cela lui fait très peur. Shane est encore jeune et elle n’a jamais vécu toute ses émotions. Mais surtout pour un ami de son frère. Et même si elle s’avouait se sentiment perdu en elle, son frère ne l’accepterait jamais et Shane ne pourrait pas vivre avec. Son frère est tout à ses yeux. Elle redoutait donc se moment depuis longtemps, depuis ce baiser parce que en fait, elle ignore quoi dire. Quel était les mots exacte à dire dans une situation comme celle-ci.

Agenouiller par terre, elle ramassait son sac à main. Toutes ses petites babioles qui dans le fond sert pas à grand-chose quand on y pense, mais elle n’avait jamais été aussi concentrer à ramasser des objets par terre. Elle avait peur de fixer son regard, elle avait peur que ses amis aient raison, elle avait peur de ne pas pouvoir s’en défaire, mais surtout elle avait peur de se qu’elle pourrait ressentir si cela arrivait. Elle finit par l’entendre dire « Attends, je vais t’aider. » . En se relevant, elle replaça lègerement sa jupe et lui, il lui tendit ses affaires. Ses doigts effleurerent sa main. Sa grande masculine, bien entendu dit comme cela ça ne semble pas très agréable, mais une main chaleureuse qui au simple toucher peut te faire frissoner et en même temps te remplir de bonheur. « Merci » dit –elle en lui lançant un sourire gêné. Shane gêné c’était assez rare. Elle était toujours souriante, la premiere à aller vers les gens . La preuve, elle avait aménager avec une pure inconnue au début. Travaillant dans un bar, elle était chaleureuse, amicale, joviale, sociable. Bref, tout le monde l’adorait. C’est fou quand on y pense comment une seule personne peut tout changer.

Loin l’un de l’autre, malgré tout plus proche que ces deux derniers mois, il y avait un lien, quelque chose qui les unissait. Très mal à l’aise, ils se fixaient l’un lautre. Shane essayait de trouver les mots, mais il fut le premier à parler. « Tu as l’air fatigué. Journée épuisante ? » Shane s’entendait à tout sauf cela , sérieusement c’est tout ce qui avait à dire. Elle pensait qu’il allait crier, lui dire que c’était une erreur ou lui dire qu’il s’ennuyait d’elle, mais pas cela. Et puis avait- elle l’air si fatigué ? Était- elle présentable ? « mais sérieux c’est quoi toute ses questions, on s’en fou non … » Wow cette situation l’avait totalement débousoler. Elle se mettait à avoir de réaction vraiment bizarre. Sortie de sa petite bulle, elle lui répondit gentillement « Dure soirée surtout, je n’ai pas arrêté une seconde » Quand on y pense ce n’était pas grande chose, mais c’était beaucoup plus qu’un simple « bonsoir » ou « bonjour » . C’était un bon début, j’imagine. Et à nouveau la discution revint à zéro. Encore bloquer. Il lui souhaita donc la bonne nuit. Il mettait donc fin à ce début de conversation. Mais faut dire que c’était pas simplement sa faute, elle elle resta là muette. Elle n’aidait pas réellement. Et à nouveau sa main la toucha. Il avait déposé sa main sur son épaule. Son regard s’était tourné vers cette main pendant un instant elle eu le gout de la prendre entre les siennes. Mais lorsqu’elle réalisa le tout, il était déjà dos à elle en train de descendre les escaliers. Elle l’observa un instant avant de se retourner à son tour. Hésitante, elle mit un pas devant elle et entendit sa voix lui murmurer quelque choses. Shane se retourna pour le voir et bizarre il n’était plus ou elle l’avait vu pour la dernière fois. Il était redevenu proche, à un mètre de distance. « Ca m’énerve cette situation ! Est-ce qu’à un moment, on pourra en parler ? C’est tellement ridicule de s’éviter alors qu’on vit dans le même immeuble, avec un seul étage qui nous sépare seulement ! » Elle avait une réaction ! Elle ignorait encore si c'est celle qu'elle voulait, mais c'était déjà mieux que « tu semble épuisé, journée difficile » « Et bien, je crois qu'on est en train de parler non ... Et je t'évite pas ... On a juste moins le temps de se voir, je crois ... à moins que toi tu m'évites. » Elle voulait une réaction et elle venait d'en avoir une, mais en voulait -elle une réellement. Certes, cette situation n'était pas agréable, mais sa ne pouvait pas être pire que d'être la seule à peut etre avoir des sentiments. Finalement, elle ne voulait peut- etre rien savoir, c'était peut etre mieux ainsi. Elle leva les yeux vers lui et pour la premiere fois, leur regard se croisa.