i'll be there for you when the rain starts to pour

❝ Le temps file, le temps n’attend personne. Le temps guérit toutes les blessures. Tous autant que nous sommes nous voulons plus de temps. Du temps pour se relever, du temps pour grandir, du temps pour lâcher prise. Du temps.. ❞

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Respirer, cette chose si facile, si naturelle devenait pour moi une épreuve des plus douloureuses. Le simple fait d’ouvrir les yeux semblait la chose la plus difficile que je n’avais jamais eu à faire. Pour cela je m’abstiens aisément et fais mon possible pour souffrir en silence. Je ne sais pas vraiment ce qu’il s’est passé. J’étais là, dans la jeep et tout d’un coup tout, rien n’a plus eut de sens. Je ne savais pas où j’étais ni comment respirer. Ma jambe me fait un mal de chien, encore plus que tout le reste réuni. « Chéri, chéri c’est moi, c’est Dora accroche toi. » Tout est flou, je ne sais pas où je suis, ni ce qu’il se passe. Je ne crois pas en Dieu, je n’y ai jamais cru mais cette lumière blanche me fait un peu trop penser à cette lumière au bout du tunnel qu’il ne faut surtout pas suivre. Ce qui m’inquiète le plus c’est que je vois cette lumière alors que je n’ai toujours pas ouvert les yeux, c’est trop douloureux. « Len c’est Dora. Je t’en prie ne lâche pas. » Voir sa vie défiler devant ses yeux devrait normalement faire parti du processus, du moins à ce que l’on dit. Je ne suis pas certain que ce soit vrai, même si je l’espère plus que tout vu que ce n’est pas encore arrivé. Si cela ne se passe pas, c’est que je ne vais pas mourir je crois. Je ne veux pas partir, pas encore, il est trop tôt pour ça. Je n’ai pas eu le temps de faire ma vie avec Dora, je n’ai pas eu le temps nécessaire pour l’aimer comme elle le mérite. « Len, ouvre les yeux, fais ça pour moi, s’il te plait ! » Sa voix, son odeur, sa main dans la mienne. Je la sens, je ne peux pas être mort. Tout à coup les ténèbres qui m’envahissaient peu à peu se retirent et vient la clarté. La douleur qui en résulte est insupportable. Je hurle, je m’entends hurler mais je ne peux pas m’arrêter. Tout n’est que douleur, chaque souffle me transperce le cœur, en cet instant, cet instant précis je préférerais mourir plutôt que souffrir ainsi. C’est insupportable. Tremblements, sueurs froides, ruades incontrôlables, je ne suis plus moi-même. Mon corps est régit par la douleur. C’est elle qui me contrôle, elle qui me rattache à la vie, cette vie que je quitterais bien.

C’est le noir à nouveau, c’est arrivé sans prévenir, la douleur s’est évanouie, debout dans le noir, libéré de toutes pressions je me sens presque voler. Léger, libre, la lumière me sourit toujours de loin. Elle parait si chaleureuse, comme s’il n’y avait aucun mal là bas. Comme si tout était calme, luxe et volupté. Je m’avance vers elle, tranquillement, sereinement. Là bas, je serai bien, je le sais, c’est tout. Et plus je m’avance, plus la légèreté se fait grande, comme si je quittais mon corps, lentement, surement. J’y suis presque, je la vois, je la touche presque du doigt. Et la lumière disparait pour laisser place aux ténèbres, à nouveau. Il me semble que la douleur est encore plus intense qu’auparavant. On s’active autour de moi, mais tout ce que je sens c’est cette main qui me tient, que l’on essaie de m’enlever. Je la serre dans la mienne avant de sombrer à nouveau dans l’inconscient. Mort ou vif.

Je n’aurai jamais cru qu’entendre ma femme pleurer pouvait être aussi salvateur. Vivant, j’étais vivant. Doucement, je laisse mes yeux s’ouvrir, s’habituer à la lumière. Un hôpital, évidemment. La douleur est toujours présente mais j’arrive cette fois à la supporter en silence. « Chut, chérie je suis là. » Je bouge lentement la tête pour la regarder. Elle ne ressemble pas à grand-chose. Ses cheveux sont en désordre, son visage est rouge et ses yeux bouffis à force de pleurer. Pour autant, elle est magnifique, de cette beauté qui a su me toucher dès le premier jour. M’entendre ne fait pas cesser son débit de larme, bien au contraire mais la joie se lit sur ses traits. Cela suffit à me rendre heureux. Fatigué, je pose à nouveau la tête sur mon oreiller et ferme les yeux. Je suis vivant.

❝ On fait l’impossible, pour reconstruire la confiance qu’on a perdu, mais certaines trahisons, certaines blessures sont si graves, si profondes, qu’on est impuissant à les guérir. Et dans ces cas là, il n’y a rien d’autre à faire qu’attendre. ❞