'Je viens d’arriver, je suis dans un taxi. Le vol c’est bien passé, je suis en un seul morceau, tout va bien. Ce n’était pas la peine de t’inquiéter. Je t’aime.' < Anastasia rangea son téléphone dans son sac, posa sa tête sur l’appuie-tête, et ferma les yeux un instant. Puis, sans faire attention, elle se mit à chantonner, doucement.
« Des images me reviennent comme des souvenirs tendres d'une ancienne ritournelle autrefois en décembre… »•••
« …Je me souviens il me semble des jeux qu'on inventait ensemble je retrouve dans un sourire la flamme de mes souvenirs ». Assise sur les genoux de sa mère, Anastasia, cinq ans, chantait en cœur avec elle. Cette chanson, c’était SA chanson. Sa berceuse, que sa mère Ambre avait choisie, avant sa naissance. Elle l’avait toujours aimé, elle aimait le film, Anastasia – qui explique en partie le choix du prénom, l’autre étant pour faire honneur à ses origines russes - elle aimait l’histoire des Romanov, dont s’inspirait le film. Elle n’avait pas réfléchi longtemps pour donner un prénom à sa fille. Et Ana l’aimait, elle le trouvait beau, et original : elle ne connaissait aucune autre Anastasia. Et il était propice à pas mal de surnoms. Les plus courants étaient Ana, c’était ainsi que ses cousins/cousines et amis proches l’appelaient, et princesse, surnom donné par sa tante Felicity, qui était la seule à l’utiliser avec sa mère. Ana et Ambre étaient entourées du reste des habitants de la maison située sur la 5th avenue. Pedro était assis dans un fauteuil, il lisait une histoire à Sofia, qui était sur ses genoux. Diego était assis par terre, un tas de feuilles sur les genoux, un crayon dans la main, il dessinait. Isabella le regardait faire, attentive. Elle donnait des coups de crayon par ci par là, voulant participer, gâchant ainsi le dessin de son frère. Mais il ne se fâchait pas, la laissait faire. Non loin de là, Fred et Sirius jouaient aux voitures. Et Elena était assise tout près de Fee, qui chantaient elles aussi. Tout ce petit monde vivait ensemble. Il y avait bien évidemment des disputes, des cris, des pleurs, mais aussi beaucoup de rires, de joie. On n’avait jamais le temps de s’ennuyer. Ce n’était pas le tableau qu’on se faisait d’une famille conventionnelle. Mais ils s’en fichaient pas mal. Ils étaient une famille, une belle et grande famille, soudée. Les enfants ne se plaignaient jamais, ils trouvaient ça plutôt normal. Puis ils étaient heureux, c’était tout ce qui comptait. Une fois la chanson finie, tout le monde s’arrêta pour applaudir. Ana tapa dans ses mains, toute joyeuse. Tout le monde souriait, ça faisait plaisir à voir. Il ne manquait que Lena, Akshan et Muwgli – Muwgli était né le même jour qu’Ana, presque en même temps. Ils étaient inséparables, toujours fourrés ensemble, comme des jumeaux. Quand elle était avec lui, Ana ne faisait attention à rien, d’autre, c’était en quelque sorte des âmes sœurs - puis Melody, Juan et leur fille Lily. Là le tableau serait parfait. Ana se mit à bailler, la fatigue commençait à se faire ressentir. « Oh je vois que quelqu’un à besoin de dormir. Allez viens princesse, tu seras mieux dans ton lit. » Ambre la prit dans ses bras, et la monta dans sa chambre. Elle était restée la même pratiquement depuis qu’elle était née : toujours les même murs rose et vert pâle, le coffre à jouait plein à craquer, l’armoire dans le coin en face de la porte. Seul le lit avait changé évidemment. Elle la déposa doucement, en essayant de ne pas la réveiller, elle dormait déjà. Une fois bien installée, Ambre déposa un baiser sur son front, puis commença à partir. « Reste avec moi maman. » Elle fit demi-tour et alla s’allonger à côté de sa fille. Elle n’a pas bougé de la nuit. Ana fit un rêve cette nuit là. Allez savoir pourquoi, elle s’était imaginée sa vie si ses parents ne s’étaient jamais séparés, et s’ils vivaient tous les trois. Et c’était étrange puisqu’elle avait toujours aimé sa vie, avec tous ses frères et sœurs de substitution – ses cousins quoi. Elle s’était faite à l’idée que ses parents ne seraient jamais ensemble, et elle vivait bien avec ça. Elle n’avait jamais souhaité que ça arrive. Mais dans son rêve ils n’étaient rien que tous les trois sans Fee, sans Pedro. Sans Diego, Fred, Elena, Sirius, Sofia et Isabella. Cette vie là lui paraissait plus… terne. Pas qu’elle n’était pas heureuse. Mais elle avait l’impression qu’il lui manquait quelque chose. La maison lui paraissait vide. Bien sur qu’elle serait contente de voir son père plus souvent. Elle le voyait déjà pratiquement tous les jours cela dit, un peu plus ne ferait pas de mal. Mais ça lui allait comme c’était, elle ne demandait rien. Elle ne repensa plus jamais à cette idée.
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La sonnerie de son portable mit un terme à sa rêverie. C’était un texto de sa mère, qui lui disait qu’elle était rassurée, et qu’elle l’aimait. Et elle s’excusait aussi d’être parfois trop surprotectrice, mais que c’était plus fort qu’elle. Depuis qu’Ana était née, Ambre avait peur qu’il lui arrive quelque chose. C’était surement du au fait qu’elle avait perdu un enfant alors qu’elle était enceinte. Ana aurait du avoir un frère ou une sœur. Ambre ne se l’était jamais pardonné et s’était jurée de tout faire pour protéger sa fille. Ce qu’elle avait réussi à faire, au grand désespoir d’Ana. Évidemment, elle était reconnaissante envers sa mère, elle l’aimait plus que tout, mais elle avait l’impression d’étouffer parfois. On l’entendait souvent râler, comme quoi elle n’avait pas le droit de sortir, pas le droit de faire ci, ou ça. Heureusement pour elle, ses tantes Felicity, Lena, Melody et sa marraine Alysson arrivaient à ce qu’Ambre soit moins stressée, et ainsi, Anastasia était plus libre, elle pouvait enfin respirer, profiter d’un peu de temps pour elle. Puis même lors de ces moments, elle recevait toujours plein de sms, lui disant de faire attention, de faire attention à qui elle parlait et à ne pas boire un verre qu’on lui avait offert – ça aussi, expérience personnelle – Et ça ne durait pas jamais bien longtemps hélas. Ambre n’arrivait même pas à être rassurée quand la petite était avec son père. Même si celui-ci s’en occupait très bien, était un excellent papa, attentionné et protecteur lui aussi – Ana était servie de ce côté-là, elle ne pouvait présenter aucun petit-ami à son père sous risque de se retrouver célibataire en l’espace de dix secondes – elle n’arrivait pas à s’empêcher d’être inquiète.
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« Tu feras bien attention promis ? Camper ça peut-être dangereux, fais attention aux petites bêtes, et aux plus grosses aussi, on sait jamais, les grizzlis ou je ne sais pas quoi qui traine là où vous allez. Ne reste jamais seule, et garde toujours ton portable allumé sur toi. » Exaspérée, Ana leva les yeux au ciel. Toute la ‘fratrie’ allait camper pendant trois jours dans l’Upper Delaware, à environ trois heures en voiture de New York. Pas très loin quoi. Trop pour Ambre évidemment.
« Maman, c’est bon, t’as pas à t’inquiéter. Ce que je vais dire va surement tomber dans l’oreille d’une sourde, mais t’as pas de soucis à te faire, il ne va rien m’arriver. Je ne serais pas seule, on est une dizaine à y aller, puis Diego est un adulte en quelque sorte, tu peux lui faire confiance, me faire confiance pour une fois. » « Désolée. Excuse-moi, amuse-toi bien. Et je te fais confiance… c’est juste que… tu comprends. » Elle embrassa sa fille sur le front.
« N’oublie pas de m’appeler en arrivant. Je t’aime. » Ana serra sa mère dans ses bras, puis prit place dans le minivan spécialement loué pour l’occasion, entre Muwgli et Sofia. Le voyage se passa bien, personne ne vit le temps passer. Ils arrivèrent au lieu de campement avant la nuit, installèrent les tentes – avec un peu de mal pour le filles, heureusement que les garçons étaient là – puis firent partir un feu. La nuit tombée, après avoir fait griller quelques marshmallow, ils s’assirent tous en cercle. Sofia venait de lancer l’idée de jouer à truth or dare. C’était parfait, un petit jeu pour se détendre après les heures de routes et de montage de tentes. Sirius fut le premier à jouer. Il défia sa sœur jumelle d’aller se jeter habillée dans le lac. Bien sur elle accepta, elle n’était pas du genre à refuser de jouer. Son frère finit par la rejoindre, comme toujours. Puis Sofia défia sa sœur, Elena. Et ainsi de suite, jusqu’au tour de Muwgli.
« Tu dois aller embrasser Ana. Un vrai baiser hein, pas un du bout des lèvres. » Il n’allait évidemment pas refuser. Ça aurait été quelqu’un d’autre, il n’aurait pas accepté. Mais c’était Ana. Ils étaient tellement proches que c’était normal pour lui. Enfin en quelque sorte. C’était normal pour Ana. Depuis toujours ils s’étaient considérés comme frères et sœurs. Enfin leur relation était un peu plus spéciale que ça, eux même n’arrivait pas exactement à la définir. Mais ils avaient l’habitude de ce genre de choses, et ne se posaient pas de questions. Aujourd’hui encore, ils n’avaient pas réussi à mettre un nom sur leur relation. Ils étaient juste très proches. Si proches que toutes les personnes qui ne faisaient pas partie de leur entourage proche les prenaient pour un couple. C’est vrai qu’au départ, ils étaient tous les deux très affectifs l’un envers là. Toujours entrain de se serrer dans les bras, de s’embrasser – innocemment sur la joue évidemment – et de se dire je t’aime à tout va. Puis bien sur, une fois qu’ils s’étaient rendu compte qu’on les prenait pour un couple, ils avaient commencé à en jouer, et à exagérer tout ça. Si bien qu’ils y avaient pris goût. Muwgli se leva puis se dirigea droit vers Ana. Elle le regardait en riant, elle ne posait aucune question, elle attendait juste qu’il vienne faire son action. Il se baissa à sa hauteur, la regardant dans les yeux, lui fit un clin d’œil, puis l’embrassa. Tout le monde les charriait, mais ils avaient l’habitude de les voir agir comme ça, c’était plus un jeu qu’autre chose.
« A qui le tour ? »Tous étaient dans leurs tentes à présent. Il y avait les filles d’un côté, les garçons de l’autre. Les filles pouvaient distinguer les lumières à travers le tissu assez fin des parois. Ils devaient être entrain de comploter quelque chose, c’était évident. Une heure, puis deux passèrent, sans rien. Tout le monde dormait déjà, ou presque, seules Ana et Sofia étaient toujours éveillées. Elles parlaient de tout et de rien. Il y régnait un grand silence… C’était trop calme. Vraiment trop pour être vrai. Elles entendirent alors des bruits de pas. Des respirations fortes. Peut-être que c’était vrai, Ambre avait raison finalement : elles allaient finir dans le ventre d’un grizzli affamé. Anastasia attrapa la première chose qu’elle eut à sa portée – un parapluie – dans le but de se défendre contre une éventuelle attaque. Les pas se firent de plus en plus proches. Le rideau de la tente s’ouvrit et dans un mélange de cris et d’imitations de rugissements – Ana criait de toutes ses forces croyant sa dernière heure arrivée et était assise en boule, parapluie ouvert devant elle en guise de bouclier - les garçons firent leur entrée dans la tente des filles.
« Évidemment. Vous êtes vraiment trop nuls ! » Sofia donna une frappe à son frère dans l’épaule.
« Merci, vraiment, merci. J’étais à deux doigts d’envoyer un message d’adieu à ma mère et elle ne m’aurait plus jamais laissé partir seule ! Bon bah c’est bon maintenant vous pouvez retourner dans votre tente hein. » Les garçons riaient, bien trop content que leur blague ait marché. Ils avaient ce qu’ils voulaient, c'est-à-dire des cris de la part des filles, qui se disaient trop courage pour avoir peur seules la nuit. Ils s’apprêtèrent à sortir quand Pedro et Juan apparurent, comme sortis de nulle part.
« Est-ce que ça va ? On a entendu des cris alors on s’est dépêchés de venir. Qu’est ce qu’il s’est passé, personne n’est blessé ? ». Lily se leva d’un bond, s’approchant de son père.
« Mais papa, qu’est ce que vous faites là ? » C’est Pedro qui répondit.
« Bah disons qu’on n’était pas très rassurés à vous laisser partir seuls si loin. On sait que Diego est adulte maintenant, et on vous fait confiance, mais c’était plus fort que nous. Imaginez qu’il soit arrivé quelque chose ? C’est pour ça qu’on vous a suivi. On a posé notre campement pas loin d’ici. On a eu du mal avec la tente, mais on a finit par y arriver. Enfin bref, tout ça pour dire, c’était une idée d’Ambre. » « Évidemment », lança Ana. Elle poussa un soupir, et croisa les bras, en signe de mécontentement.
« Bon bah c’est bon maintenant vous pouvez retourner à votre tente hein, tout va bien. » Les deux hommes sourirent, gênés, puis rejoignirent leur tente.
« Manquait plus que ça » lança Sirius.
« Super le week-end gâché », rajouta Sofia. Tous prirent une mine déçue, puis retournèrent à leurs places respectives. Il était déjà tard et s’ils voulaient dormir un peu, c’était le moment.
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‘Arrête de t’excuser ce n’est pas grave, je commence à avoir l’habitude de toute façon :) excuse moi, tu sais que je t’aime, mais je ne suis plus une petite fille maman, j’ai dix-neuf ans je suis capable de faire attention à moi sans qu’on me le rappelle. J’ai grandi faut t’y faire.’Ana paraissait peut-être un peu dure en lui répondant ça. Et regretta même un instant d’avoir appuyé sur la touche envoi. Pas longtemps néanmoins. Elle reçu un autre texto à peine quelques secondes plus tard.
‘Hey Ana, j’espère que tu es bien arrivée à Boston, que ton vol c’est bien passé, et tout. J’espère pour toi qu’il ne pleut pas 
Tu me manques déjà tu sais, l’appart’ fait très vide sans toi. Heureusement que les gars viennent squatter souvent, sinon je me sentirais comme une de ces vieilles qui meurent seules avec leurs chats. Tout ça pour dire, je garde ta chambre, comme ça si l’envie te prend de pointer ton nez à Paris à nouveau, tu sauras où aller. Bisous.’C’était Eli, son ancienne colocataire, et amie proche. Elles avaient vécu un peu plus de six mois toutes les deux, dans un loft du Ier arrondissement de la capitale française. Elles se connaissaient depuis l’enfance cela dit. Elle vivait en face de chez elle, sur la 5th avenue, et se retrouvaient presque tous les jours sur le trottoir en bas de chez elles. Avant ça, Anastasia vivait avec Nino, le fils de Scarlett et Theo, des amis proches d’Ambre et Fee. Ils s’étaient trouvés un peu par hasard à vrai dire, mais avaient été bien contents de se trouver avec une personne connue. – Ana ne l’aurait jamais dit, mais se retrouver avec une personne qu’elle ne connaissait lui faisait un peu peur, imaginez qu’elle tombe sur un détraqué, ou un maniaque de la propreté ? C’était son plus gros point faible. Elle ne portait pas une grande importance au rangement. Elle ne vivait pas dans la saleté non plus, mais son appartement était loin de ressembler à la maison de Bree de Desperate Housewives. Ils s’entendaient très bien tous les deux, toujours à se lancer des piques, et se charrier, se chamailler comme deux frères et sœurs. Ils étaient même sortis ensemble un temps, mais ça n’avait pas duré. Ils s’étaient vite rendu compte que c’était une erreur, et qu’ils n’étaient faits que pour être amis. Nino a quand même été sa relation la plus sérieuse, si on peut dire. Bien qu’elle n’ait pas duré longtemps. Ana n’était pas du genre à s’attacher rapidement aux hommes, à prendre le premier venu pour l’homme de sa vie. Elle ne pensait pas mariage ni enfants. Premièrement parce qu’elle se trouvait trop jeune. Sa mère l’avait eu à son âge, dix-neuf ans. Elle lui a toujours dis qu’elle ne regrettait pas une seule seconde de l’avoir eu si jeune parce que ça lui avait permis de grandir, d’évoluer, qu’elle avait été un véritable cadeau, elle nous voulait pas suivre son chemin. Elle, et c’est le deuxièmement, voulait s’amuser, profiter de sa jeunesse. Ce n’était pas une fille facile, attention, elle se respectait beaucoup trop pour ça. Il était même rare qu’elle aille jusqu’au bout. Son truc à elle c’était plus d’aguicher, puis d’abandonner, partir, au dernier moment. Ca l’amusait. Mais elle avait raison d’en profiter. Puis avec le physique qu’elle avait, grande blonde aux yeux bleus, elle avait pas mal de succès. Muwgli n’approuvait pas tellement ce comportement, il avait peur que ça se retourne contre elle un jour, qu’elle tombe sur un mec un peu trop fier, qui ne supporterait pas de se faire mener en bateau comme ça. Mais Ana s’en fichait. Pour elle, ce n’était pas dangereux. Muwgli lui rappelait quand même de faire attention à chaque fois qu’elle lui racontait ses journées – ce qu’elle faisait toujours les jours. Plusieurs fois. . Enfin. La colocation avec Nino c’était très bien passée. Puis un jour, Elinor et Ionathan, des amis d’enfance de New York ont débarqué. Nino a déménagé dans l’appartement d’en face, avec Iona, et Eli elle s’est installée avec Elinor. Un truc à la Friends, si vous voyez un peu. La petite bande de quatre se voyait tous les jours, les garçons squattaient l’appartement des filles, et leur frigo surtout. Ana s’était bien installée dans cette petite routine, jusqu’à qu’elle reçoive un coup de fil de sa cousine, Sofia.
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« …You said it again my heart's in motion Every word feels like a shooting star I'm at the edge of my emotions Watching the shadows burning in the dark, And I'm in love and I'm terrified. » Se croyant seule dans l’appartement, Anastasia se mit à chanter, très, très fort. Elle faisait toujours ça, quand elle était seule. Chanter devant les autres était gênant pour elle – c’était bien la seule chose la qui la gênait en public, elle n’était pas du genre timide, bien au contraire, et était toujours la première à se faire remarquer partout où elle allait – même si tout le monde qui l’avait entendue lui disait qu’elle avait une jolie voix. Peut-être, mais loin d’être aussi belle que celle de sa marraine Alysson. Elle était chanteuse professionnelle, elle avait fait plusieurs tournées. C’était son modèle en quelque sorte. C’était elle qui lui avait transmis sa passion pour le chant, elle qui lui avait donné des cours. Elle rêvait d’avoir le même parcours qu’elle. Mais c’était juste un rêve. «For the first time in the last time In my only life.» Elle s’arrêta net après avoir fini le refrain. Elle avait entendu un bruit. Eli devait être rentrée. Et elle espérait que ce soit elle, c’était l’une des seules personnes qu’elle laissait l’entendre chanter. Elle descendit dans la cuisine. La porte du frigo était ouverte. Iona. Évidemment.
« Faudra que t’apprenne à frapper un jour. Ou remplir ton frigo, c’est comme tu veux ! Mais arrête. » La porte du frigo se referma, laissant apparaitre le jeune homme blond, une bière à la main.
« C’est bon j’étais juste venu chercher une bière, relax, c’est pas comme si t’avais pas l’habitude. » Il vint alors s’asseoir à la table de la cuisine. Ana était debout, les bras croisés, l’air gêné. Elle ne se mettait jamais en colère pour si peu d’habitude. A vrai dire ça ne la dérangeait même pas. Elle avait juste peur qu’il ait pu l’entendre.
« Ok, excuse-moi. » Elle s’arrêta un instant, puis reprit.
« Juste comme ça, en entrant, t’as rien entendu hein ? » « De quoi tu parles ? » Bien. Il ne l’avait visiblement pas entendu. Ou bien si, mais il ne lui disait pas. Elle préféra croire à la première solution. Bien. Il ne l’avait visiblement pas entendu. Ou bien si, mais il ne lui disait pas. Elle préféra croire à la première solution.
« De rien, laisse tomber. » Elle prit alors elle aussi une bière et s’installa en face de Iona. Et il commença à lui raconter sa journée, et lui expliquer ses dernières trouvailles. Il le faisait rire en règle générale, mais parfois elle ne pouvait pas l’écouter, c’est au dessus de ses forces. Là, elle l’écoutait à moitié. Elle pensait à combien elle aurait été gênée s’il s’était avéré qu’il l’avait entendue. La porte d’entrée s’ouvrit sur Nino, qui venait de rentrer de ses cours. Il prit lui aussi une bière et s’installa à côté des deux autres, écoutant son ami parler, riant avec lui, faisant des high five à certains moments. Il ne manquait plus qu’Elinor, et le tableau serait complet. Elle arriva une heure plus tard, des boites de pizzas dans les mains.
« Bonsoir bonsoir, j’ai pris les habituelles, je savais que vous seriez tous là. Vous allez bien ? Votre journée c’est bien passée ? » Eli prit place alors sur la quatrième et dernière chaise. Tous prirent une part de pizza, chacun une bière à la main, et se racontèrent leurs journées respectives. C’était une bonne soirée, une soirée comme ils avaient l’habitude d’avoir.
En plein milieu de la soirée, Ana reçut un appel. C’était Sofia, sa cousine, qui vivait à Boston. Elle lui parlait tous les jours, c’était un peu comme sa sœur, elles avaient été élevées ensemble, leurs mères étaient très proches, et elles reproduisaient un peu leur relation, toutes les deux. En moins intense bien évidemment. Elle ne l’avait pas vu depuis un petit moment, et la jolie blonde commençait à lui manquer.
« Ana, je te dérange pas j’espère ? Comment ça va ? J’ai quelque chose à te de mander, et tu n’es pas obligée de dire oui. Même si ça me ferait très très très très plaisir.» « Ça va très bien merci, et toi ? Et tu sais que tu ne me déranges jamais hein. Ok. Qu’est ce que tu veux ? Ton audition c’est bien passée au fait ? » « Ça va oui, et oui mon audition s’est bien passée. Enfin j’imagine, on peut jamais être sure de rien. Bon. Tu sais, tu me manques depuis que t’es à Paris, on ne se voit plus beaucoup, et les coups de téléphone ça ne suffit pas. Alors je voulais savoir si tu voulais venir vivre avec moi, à Boston? » Ana avait quitté New York il y a deux ans auparavant, à ses dix-huit ans. Elle voulait un peu s’échapper de ‘l’emprise’ de sa mère, prendre de l’indépendance, et lui montrer qu’elle était capable de se débrouiller seule. Bien sur les premiers jours ne furent pas faciles, se retrouver d’une grande maison pleine de monde à un appartement qu’elle partageait avec une seule autre personne l’avait dépaysé. Par contre, elle s’était tout de suite sentie comme chez elle à Paris. Elle y venait tous les étés, petite, et passait un mois chez sa grand-mère Alice. C’était chez elle aussi. Elle avait passé deux années géniales en France, et c’était toujours dit qu’elle resterait là pour toujours. C’était ce qu’elle disait de New York, avant. Il ne lui fallut pas beaucoup de temps pour prendre sa décision. Revenue dans la cuisine, les mains sur le dossier de la chaise, elle interrompit la conversation de ses amis.
« Je pars emménager à Boston dans une semaine. »•••
Le taxi s’arrêta enfin devant chez elle.. C’était là que se situait l’appartement qu’elle allait dans peu de temps partager avec Sofia. Elle était toute excitée à l’idée de cette colocation entre filles. Elles se retrouveraient comme au bon vieux, à se chamailler pour un rien, se disputer pour la salle de bain le matin, passer leur soirée devant un dvd avec des pots de glaces énormes et du pop corn, faire des nuits blanches à parler de tout et de rien. Ca lui avait énormément. Puis Sofia n’était pas la seule qu’elle allait retrouver à Boston. Tout le monde était là : Sirius, James, Elena, Fred, Isabella, Diego, Lily, Muwgli. Tous étaient là, comme au bon vieux temps, et elle sourit à cette idée. Ana sortit de la voiture noire. Le chauffeur l’aida à porter ses bagages – elle n’était pas le genre de fille à voyager léger – jusqu’à la porte. Elle le paya, lui donna un généreux pourboire, puis le gratifia d’un grand sourire suivi d’un « Thank you ». Elle s’empressa de sonner à l’interphone, pour que sa cousine vienne l’aider. Cette dernière ne mit pas beaucoup de temps à pointer le bout de son nez, grand sourire aux lèvres. Elle se jeta dans les bras d’Ana sans lui laisser le temps de réaliser qu’elle se tenait en face d’elle. Elles montèrent ensuite, Ana s’installa rapidement, prenant à peine le temps de déballer ses affaires. Elle n’avait qu’une chose en tête pour le moment : appeler toute sa famille et ses amis présents à Boston, fêter son arrivée, leurs retrouvailles. Les moments comme ça lui avaient manqués. Elle envoya le même texto à tout le monde, sans exception :
‘Je viens d’arriver à Boston. On se retrouve tous à la maison à 20h. Vous m’avez manqué, je vous aime, Ana.’ 
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Lun 21 Fév - 0:15
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