Sa tête lui semblait bien lourde, elle riait en regardant ses amis s'embrasser, et elle, que faisait-elle ? Elle était là, seule, malheureuse. Pourquoi avait-elle trop bu ce soir là ? Pourquoi elle ne pouvait pas rentrer, et être dans un lieu sûr ? Car oui, la jeune blondinette, déprime depuis quelque temps. Depuis le temps qu'Aaron, l'homme qui hantait ses pensées, s'en fichait totalement d'elle, enfin, c'était ce que la blondinette pensait. Alors elle noyait sa profonde tristesse dans l'alcool ce soir. Elle regardait autour d'elle, demandant une nouvelle fois un verre. « Non je suis désolé mademoiselle, mais vous en avez trop pris pour ce soir, on va bientôt fermer en plus, vous n'avez pas quelqu'un à joindre pour vous raccompagnez ? » Elle pensait bien évidemment, à Aaron, mais comment réagirait-il lorsqu'il la verrait dans un état pas possible ? Elle pensait aussi, à Epiphanie, qui se trouverait sûrement chez Henry, leur voisin, avec qui elle sortait, ou allait sortir. Elle pensait aussi à Nathaël, mais il lui faisait à moitié la tête parce qu'il avait appris qu'elle était une Duchesse, en Angleterre, Luke, le frère de la demoiselle, était parti sur New York pour un stage, et Swann, qui lui avait prévu d'aller voir un film avec une amie, et de se coucher tôt... Aaron restait bel et bien sa seule solution. Elle essaya de se relever du bar, mais manqua de tomber par terre. « Oups... » disait-elle en pouffant de rire. Tout compte fait, elle opta pour rester sagement assise, prenant son portable. Elle voyait les pixels en double, mais réussi tout de même à aller dans son répertoire, et à cliquer sur le téléphone vert, afin d'appeler Aaron. Il mit du temps à répondre, et elle dut l'appeler à plusieurs reprises. Dès qu'il décrocha, la jeune femme se prit la tête entre les mains, et souffla. «  Aaron ! Putain, t'as mis du temps pour répondre ! […] Oui je sais qu'il est quatre heures du mat... QUOI ? Déjà ? Oh mon dieu, je suis désolée.. […] Oui oui, je vais super bien, je suis au bar. […] Non je n'ai pas bu... Bon d'accord quelques verres, et le monsieur veut plus m'en passer ! » disait-elle en ricanant, et bafouillant en même temps. Après quelques mots, Aaron lui dit qu'il arrivait sur le champ. Elle raccrochait, silencieusement, se tenant la tête entre ses deux mains. Son mal de crâne commençait à arriver, et elle fermait les yeux. Sa tête tournait encore, et elle en avait encore pour deux bonnes heures, pour qu'elle redevienne lucide. Elle n'avait même pas attendu dix minutes, qu'une deuxième tête blonde fit son entrée dans le bar : c'était Aaron, un beau jeune homme, plutôt grand, sec, et athlétique, qui venait chercher Lena. Ils étaient beaux tous les deux, ils pouvaient en former un beau couple. Vous savez, ceux qu'on aime quand ils s'embrassent, parce qu'ils sont vraiment mignons, et débordent d'amour. Mais rien n'était comme cela entre les deux. Il restait de marbre, prit la main de Lena, pour la soutenir, vu qu'elle avait du mal à rester debout. Cela ne posa pas de difficulté, car la jeune femme était un poids plume. Le jeune homme décida donc de la ramener chez lui. Il était un peu énervé, sûrement parce qu'elle l'avait réveillé au beau milieu de la nuit, mais aussi frustré, qu'elle se soit pris une cuite, seule. Enfin, elle avait deux amis, mais ils étaient partis plus tôt qu'elle, la laissant en plan. Même bourrée, la jeune femme restait mignonne. Moins gracieuse, mais mignonne quand même. Une dizaine de minutes plus tard, Aaron ouvrit la porte de chez lui. Elle passa la porte, en titubant, mais restant debout. Elle décida de s'assoir sur le fauteuil, muette. Mais elle décida tout de même de parler, cherchant ses mots. «  Je suis désolée Aaron... Tu m'fais la tête ? » disait-elle d'un air triste, en le regardant s'installer à ses côtés.

« Oh non, j'te fais pas la tête. Tiens j'ai même une idée là : si on sortait le champagne ? Ça s'fête non ?! Tu m'appelles, parce que mademoiselle n'a pas de moyen pour rentrer chez elle. Tu sais Lena, j'suis pas la cinquième roue du carrosse que l'on utilise quand elle est en panne. Je refuse. Où qu'il était ton Swann pendant ce temps hein ? J'suis étonné, j'l'avoue, de ne pas le voir avec toi ! T'aurais dû l'appeler, comme tu le fais à chaque fois que...à chaque fois que t'es en manque. » disait-il, sur un ton froid, et distant. Même si Lena n'était pas dans son état normal, de longs frissons parcoururent son dos, et elle en trembla même. Comment pouvez t-il dire ça ? Elle qui l'aimait tellement, mais qui voulait juste être quelqu'un pour lui. Une fille qui compterait pour lui, et non pas une fille de passage, comme il avait l'habitude d'avoir. Elle voulait qu'il la mérite, pour pouvoir être avec elle. Elle ne voulait pas lui rendre la tache facile, et en effet, cela marchait. Voilà que maintenant il lui reprochait d'être l'issue de secours de la jeune femme. Elle avait un mal de crâne pas possible, et le fait qu'il lui reproche toutes ces sottises, la rendait encore plus mal qu'au début. Elle voulait tellement prendre ses jambes à son cou, ou bien tout simplement lui crachait toutes ce qu'elle cachait. Elle aussi elle souffrait d'être aussi têtue, et de ne pas vouloir croire aux sentiments d'Aaron envers elle. Elle passait une main dans ses cheveux, et soupira. Non pas de lassitude, elle n'était pas si fatiguée que cela, mais elle en avait marre de lui cacher tout cela. L'alcool en elle, lui criait de tout lui dire, et pour cette nuit, de sauter le pas. Mais l'alcool et elle, ne faisaient pas un bon mélange. « Aaron, s'il te plait... C'est pas le moment de parler de ça... Tu sais très bien que tu n'es pas cette foutue issue de secours, tu le sais très bien. T'as juste besoin de l'entendre c'est ça ? Oui Aaron, tu comptes pour moi, oui. Et tu ne sais rien sur Swann, alors arrêtes de le juger à tout va. Je n'attends rien de lui... C'est mon ami, et tu ne sais pas tout ce qu'il fait pour moi. Tu penses que nous couchons juste ensemble n'est-ce pas ? » soufflait-elle, à fleur de peau. Ses yeux se faisaient humides. Elle n'avait pas envie d'éclater en sanglot, maintenant, mais Aaron l'avait comme poignardée.
« Et puis garde tes excuses pour toi Lena. La page est tournée pour moi et je me fiche de savoir ce que tu penses réellement de moi. Apparemment, tes préjugés sont déjà tout créés. J'ai assez baissé ma fierté pour toi. » répondit-il, sur le même ton que tout à l'heure, voir pire. A ce moment là, Lena pensait qu'elle allait vomir. Certes l'alcool l'aurait aidé pour cela, mais il lui faisait tellement de mal avec ses paroles, qu'elle n'osait plus répondre, de peur qu'il s'énerve. Il serait sûrement mieux pour elle de rentrer chez elle, mais elle savait très bien qu'Aaron ne l'aiderait pas à monter les escaliers pour rejoindre son appartement. Car oui, il attendait certainement des explications d'elle, qu'elle ne pouvait donner... Elle prit une grande inspiration, afin de ne pas se laisser emporter par les larmes. Finalement il se dirigea dans la cuisine, afin de lui trouver un médicament, et alla se poster devant elle, lui ramenant, d'un air soucieux, tout ce dont il fallait pour qu'elle se sente mieux dans les heures à suivre. Elle le regardait d'un air désolé se mordant la lèvre. Il lui tendit le verre d'eau, et le médicament, qu'elle bu sans hésiter, doucement tout de même. Dès qu'elle eut terminer, il reprit enfin.  Bois ça. Ça fait passer les maux de tête, la gueule de bois. ...Tout de même, qu'est-ce que tu foutais dans ce bar miteux ? » demandait-il inquiet, ce qui commençait à rassurer Lena. L'alcool la rendait encore dans un état second, mais l'eau qui s'infiltrait dans son estomac lui fit tout de même un peu de bien. Elle prit une profonde inspiration, entraînée par la vodka qu'elle avait pris auparavant. « Aaron... » prononçait-elle sans quitter son regard. « Tu sais très bien que ça m'fait mal tout ça, que j'ai pas envie de tomber amoureuse d'un mec comme toi, qui prend une fille chaque soir, et qui oublie son nom, après que tu ais couché avec. Swann au moins, il se souvient de mon nom. Mais toi ? Est-ce que tu te souviendras du mien après avoir partagé le même lit que moi ? Est-ce que je marquerais ta vie ? Est-ce que je suis qu'une blonde de passage ? » demandait-elle en bafouillant, reprenant parfois sa respiration, qui se faisait haletante. C'était Lena la bourrée qui parlait, car jamais elle n'aurait dit le fond de sa pensée si elle avait été lucide. Comme quoi l'alcool aidait bel et bien à dire ce qu'il ne fallait pas. Aaron changeait complètement d'expression de visage, ne s'attendant pas à une réponse comme celle-ci. « Si seulement tu savais combien j'ai envie de t'embrasser dès que je te vois Aaron, si seulement tu pouvais t'imaginer. » répétait-elle, alors qu'elle enleva finalement sa main de son crâne pour mieux le scruter encore. Elle était vraiment mal, elle ne se souviendrait sûrement plus de ses paroles, mais ce qu'elle disait était pourtant si vrai.

« Oh non, vous ne couchez pas ensemble...Laisse moi deviner, vous faites des puzzles ? Vous jouez à Monopoly ? Me prends pas pour un idiot, Fields...» répliquait-il, en reprenant un air froid. Il n'avait jamais pu voir Swann en peinture. En même temps, cela se comprenait : Swann pouvait coucher avec Lena, en toute amitié, tandis qu'Aaron, qui était complètement dingue d'elle, ne pouvait rien espérer. La blondinette perdait même la tête avec toutes ces histoires parfois. Mais elle l'avait décidé ainsi. Elle avait toujours ce qu'elle voulait, mais en ce moment, ce qu'elle voulait par dessus tout, c'était Aaron. Elle le désirait tellement qu'elle en avait peur. Peur de tout ce surplus d'amour qu'elle éprouvait à son égard, peur de ce qu'il pourrait lui faire, peur de ses propres actes envers lui. Peut-être se foutait-il tout juste d'elle ? Non, impossible. Cela faisait maintenant une petite année qu'ils se tournaient autour, et ça dès que leur regard se sont croisés. Ils se souvenaient tellement bien de ce bal de promotion de l'université d'art du coin. Ils avaient tous les deux été invités, et tous les deux avaient dansé leur une danse ensemble. Elle avait été troublé par ses mots doux, et lui par la beauté qu'elle dégageait Et voilà que depuis tout ce temps, ils ne cessaient de s'aimer. « Je suis loin de te prendre pour un idiot Aaron. Il connait tout de moi, il sait quelles sont mes faiblesses. C'est comme un meilleur ami, mais bon, j'ai beau parler de lui, tu resteras borné n'est-ce pas ? » soufflait-elle. Il était toujours là, accroupi en face d'elle, avec son regard tantôt inquiet, tantôt froid, la scrutant. « ...Tu es saoule Lena. L'alcool t'est monté à la tête. Ou alors les effets secondaires de ce foutu médoc'. Tu planes. Tu n'sais pas ce que tu dis. » répondit-il, alors qu'elle lui avait ouvert son cœur, même s'il avait fallu plusieurs verres de Vodka pour qu'elle lui dise toute la vérité. Si il avait réfléchi un peu plus, il aurait pu se dire que L'alcool aidait à dire ce que les gens pensaient, n'est-ce pas ? Mais il ne l'avait pas vu de ce côté là restant toujours aussi têtu, face à ce qu'elle disait. Devait-elle pour cela l'embrasser à pleine bouche pour lui montrer que tout était réel ? On pouvait croire que la jeune femme était redevenue tout à fait lucide. Mais malheureusement, elle pouvait encore sentir le mélange de tous les alcools dans son estomac, et en faire de la bouillie. Elle déposa sa main sur le canapé, et tapotait sur la place restante qui était à côté d'elle. Elle voulait qu'il vienne, à côté de lui. Il vint s'assoir, toujours en la regardant. Elle portait son visage vers le jeune blond s'adossant contre le canapé. Elle sentait le médicament qui commençait quelque peu à faire son effet. Elle portait ses mains sur son ventre, puis repris. « T'as raison, je suis saoule. Je me rappellerais peut-être plus de ce que je t'ai dit, mais si ça se trouve, c'est peut-être toi qui ne veut pas entendre la vérité. » répondit-elle, alors que sa main vint rencontrer celle du jeune homme, pour s'entrelacer. Elle vint poser sa tête contre l'épaule du blondinet, et reprit « Aaron... C'est toi ma faiblesse, tu es tellement aveugle. » fit-elle dans un murmure, qu'il pouvait tout de même entendre. Elle respirait de nouveau, sentant un poids qui se retirer de sur son coeur. Elle avait tellement gardé ce qu'elle ressentait, qu'elle se sentait maintenant beaucoup plus légère...

Si seulement Lena savait ce qu'elle faisait : elle avait maintenant ouvert son cœur, à Aaron. Certes, tout ce qu'elle disait là, était réel : elle l'aimait vraiment, de cet amour qu'elle n'avait jamais connu auparavant. Cet amour qui l'effrayait, mais qui lui faisait parfois tellement de bien. Qui vous faisait oublier vos problèmes, mais qui vous en donnait aussi : l'amour à l'état pur, était là, et flottait entre les deux tourtereaux. Sauf qu'il y avait cet alcool, qui n'avait pas eu le temps de partir du sang de la jeune blondinette, et elle disait cela avec tellement d'aisance que tout paraissait trop beau pour être vrai. Ils étaient faits l'un pour l'autre, mais aussi, faits pour se chercher mutuellement, parfois même jusqu'à se haïr. Mais la haine était si proche de l'amour, que chacun des deux jouaient avec les sentiments de l'autre. C'était tellement plus excitant quand l'amour était compliqué à obtenir. Lovée contre lui, ils parlèrent doucement. Elle, savourait l'odeur du jeune homme, et regretta presque d'avoir bu, ayant peur de que son odeur de vodka ne lui plaise pas. Elle aurait bien aimé prendre un chewing-gum, ou tout simplement une douche, mais rien que l'idée de se lever, lui donnait le vertige. Elle se résignait donc à rester assise, le câlinant. « Lena...T'es la femme la plus timbrée que j'aurais jamais vu de toute ma vie. » disait-il avec son petit sourire vainqueur sur la tête, comme quoi il allait l'avoir, pour lui maintenant, tout du moins, ce soir, elle serait à ses côtés. Il fallait mieux ne pas se soucier du lendemain avec la jeune blondinette, car elle était la reine des mauvaises surprises. « J'veux juste savoir...T'es sérieuse quand tu me dis tout ça ? Enfin j'veux dire, ça y est, le jeu est enfin terminé ? » demandait-il. Alors comme cela, il prenait leur histoire pour un jeu ? Si elle avait été sobre, Lena l'aurait plutôt mal pris, étant très susceptible. Mais ce soir, -ou plutôt ce matin, vu qu'il est bientôt six heures- elle le comprenait. Car ils avaient joué au jeu de la séduction, et ils avaient tous les deux été pris au piège, mais Aaron avait perdu le premier. C'était lui qui avait commencé à ressentir les symptômes amoureux le premier. Ses crises de jalousie ont commencé, Lena a adoré le rendre jaloux, elle a continué, puis est tombée encore plus sous son charme, résistant jusqu'à aujourd'hui, à l'envie de lui offrir son corps. Elle avait trop peur qu'il la jette, elle aussi, elle qui voulait être quelqu'un d'importante dans sa vie. Elle souriait se redressant, des étoiles dans la tête, -Merci la vodka!- puis le scrutait. « Oui Aaron, on fait une pause... » répondit-elle en posant délicatement ses lèvres sur celles du jeune homme, savourant l'un comme l'autre leur premier baiser d'amoureux. Elle avait posé ses mains sur le torse d'Aaron, fermant les yeux, pour profiter plus encore de cet instant magique, qu'il se passait entre eux. C'était rare quand ils étaient en parfait osmose. Il y avait toujours l'un ou l'autre qui criait, parce qu'il faisait sa crise de jalousie. Ou bien, ils se cherchaient toujours, et c'est avec Lena bourrée, à six heures du matin, moches de fatigue, et d'alcool -pour la demoiselle- qu'ils se sont trouvés. Après quelques minutes, ils se détachèrent enfin. Le mal de crâne de Lena avait repris, elle grimaçait légèrement, retrouvant peu à peu sa gêne habituelle. Elle avait aimé ce moment là, lui elle ne savait pas, mais rien qu'à le regarder, il était aux anges. Elle était vraiment fatigué, et se sentait drôlement sale. « Il faut vraiment que je me prenne une douche Aaron, j'me sens... Moche, sale, crade, dégoutante... Bref, horrible. » soufflait-elle sur un ton enfantin, ce qui le fit rire nerveusement. « Je vais dans ta douche, toi va te reposer, je te rejoins dans ta chambre après. » assurait-elle en se relevant peu rassurée, s'accrochant à la table basse. « ... Pour dormir ! » rajoutait-elle en riant, visant la salle de bain.